«Ce sont les plus démunis qui en souffrent le plus»
Par Christopher Nardi
Le 1er avril dernier entrait en vigueur une hausse de 4,3 % des tarifs d’Hydro-Québec à travers le Québec. Même si la majorité des Québécois seront en mesure d’encaisser le coup, ceux vivant à faible revenu craignent de sombrer encore plus dans la misère.
:«Ça va être du lait en moins à la fin du mois. Ça va être d’autres choses prioritaires qui vont manquer […] Ça va réduire notre panier d’épicerie…»
Joanne, tout comme Josée et Dominique qui l’accompagnent, est une Lavalloise qui vit à faible revenu. Les trois femmes croient que lorsque la société d’État augmente ses tarifs, elle ne se préoccupe pas de ceux qui peinent déjà à payer leur facture d’électricité.
«Je trouve qu’ils nous disent : "Serrez-vous la ceinture, ne chauffez pas trop"», continue Joanne.
Dette qui s’empire
Josée avoue qu’on lui a déjà coupé l’électricité lorsqu’elle était en défaut de paiement de plus de 700 $. Aujourd’hui, sa facture d’Hydro-Québec représente toujours plus du sixième de son revenu mensuel.
À titre comparatif, pour une personne qui gagne le salaire moyen au Québec – soit environ 43 000 $ avant impôts – cela représenterait une charge annuelle de plus de 7 100 $.
«Hydro gobe toujours plus d’argent. Si je manque de nourriture, je peux aller voir [des organismes communautaires]. Mais il faut toujours mettre de l’argent de côté pour l’électricité, sinon on te la coupe. On me l’a déjà coupée, et j’ai eu de la misère à me relever.»
Rappelant les articles publiés récemment au sujet du montant record (522 M$) de comptes en souffrance chez les clients d’Hydro-Québec, Dominique dit que les hausses de tarifs ne font qu’empirer la situation.
«Plus ils l’augmentent, plus il y a des gens qui ne sont pas capables de payer, et il va y avoir beaucoup plus de personnes qui [feront défaut] sur leurs paiements», résume-t-elle.
Organismes inquiets
Les intervenants d’organismes communautaires œuvrant auprès des pauvres sont également inquiets de la situation. Ceux qui desservent des gens vivant déjà dans l’extrême pauvreté prévoient une situation encore plus désastreuse.
«Plusieurs essayent de se tailler des ententes avec Hydro-Québec pour réduire leurs factures et rattraper leur retard, mais quand ce n’est pas possible, il ne leur reste plus rien pour manger», explique Denise Ouimet, directrice générale du Relais communautaire de Laval.
Son organisme offre des services de base – repas à bas prix, friperie, interventions et réinsertion sociale – à plus de 3 100 personnes par année, dont 1 000 enfants.
«Si ça continue comme ça, on en aura bientôt beaucoup plus à nos portes.»
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