Jean Pascal a eu chaud contre le Polonais Aleksy Kuziemski, vendredi au Centre Bell. Blessé à l’épaule gauche dès le quatrième round, le Lavallois a néanmoins vaincu le Polonais par décision unanime.

Les juges ont remis des cartes de 100-88, 98-90 et 98-90, toutes à l’avantage de Pascal (27-2, 16 K.-O.).

«Ç'a été un bon combat, ça n’a pas été facile. Ça faisait 19 mois que je n’avais pas boxé et j’ai chassé la rouille. J’espère que vous viendrez m’encourager contre Chad Dawson», a scandé Pascal après sa victoire.

L’ancien champion The Ring, WBC et IBO des mi-lourds (175 livres) a commencé lentement en tournant autour de son rival, question de bien l'étudier.

Kuziemski (23-5, 7 K.-O.) a mis davantage de pression au deuxième assaut et l’ex-champion du monde semblait quelque peu rouillé. À la troisième reprise, le boxeur fleurdelisé a commencé à trouver la cible en contre-attaque.

Au quatrième engagement, Pascal a semblé s’être blessé à l’épaule gauche lorsqu’un de ses coups a atterri dans les câbles. Question de ménager son épaule meurtrie, l’athlète de 30 ans est tourné gaucher.

Le cinquième round a été à l’avantage du protégé du Groupe Yvon Michel (GYM), puisque sa main droite a solidement touché la cible à plusieurs reprises, mais le visiteur n’a pas bronché.

Au sixième assaut, Pascal a enregistré un compte de huit au son de la cloche lorsque Kuziemski a chuté dans les câbles, gracieuseté d’une bombe de la main droite. Au septième, Pascal a ébranlé son adversaire avec un coup à la volée. Idem au huitième.

À la neuvième reprise, l’athlète d’origine haïtienne a expédié le Polonais au sol pour une deuxième fois avec une solide main droite en contre-attaque.

Il s’agissait d’un premier triomphe pour le poulain de Marc Ramsay depuis son revers par décision unanime contre Bernard Hopkins, le 21 mai 2011 au Centre Bell, où il avait perdu ses titres.

Un boxeur fragile?

Même s’il a été blessé plus souvent qu’à son tour au cours de carrière, Jean Pascal est convaincu de ne pas être fragile.

«C’est de la malchance, je suis un athlète puissant, peut-être trop fort pour mes muscles ou mes os. C’est décevant de me blesser, mais je ne suis pas un athlète fragile, a-t-il assuré. Sinon, je n’aurais pas pu combattre huit rounds dans l’état où j’étais», a-t-il affirmé, en conférence de presse d’après-combat.

«Jean a fait une performance extrêmement courageuse. Il avait déjà gagné un combat de championnat du monde seulement avec sa main gauche, là il a remporté un duel de retour avec seulement la main droite», a avancé le promoteur Yvon Michel.

«Je préfère me battre juste avec la main gauche, a renchéri l’athlète âgé de 30 ans. C’est un nerf peut-être coincé, rien de majeur je crois. C’est arrivé au deuxième round. Rendu au quatrième, mon bras gauche m’a laissé tomber. Au 10e round, je n’avais plus de bras: je me suis fait mal à la main droite. Je n’avais pas tous mes outils, mais j’ai réussi quand même à gagner.»

Pour l’entraîneur Marc Ramsay, c’était du déjà vu, même si la situation n’était pas forcément agréable.

«Quand ça se passe comme ce soir, on a l’impression que la malchance s’acharne sur nous, a-t-il avoué. On aurait aimé donner une performance sans faille, mais c’est partie remise.»

«On avait toutefois déjà vécu ça dans le passé, on est resté calme et on a bien géré la situation, a-t-il poursuivi. Je ne voulais pas qu’il se fasse blesser davantage, mais on a réalisé qu’il pouvait gagner les rounds tout de même en étant original : avec des feintes, des explosions et il est même tourné gaucher. Tout semblait sous contrôle sans qu’il utilise cette main-là.»

Néanmoins, on ne reverra probablement pas Jean Pascal en gaucher de sitôt.

«J’ai essayé de me battre gaucher, mais je ne suis pas un très bon gaucher, a lancé l’ancien champion du monde des mi-lourds. J’essayais des trucs parce que j’avais mal. Je n’étais pas capable de lancer ma gauche, je ne pouvais pas boxer comme je le voulais. Si j’avais pu faire des combinaisons, je l’aurais arrêté. J’ai essayé de le passer K.-O., mais c’est un dur Polonais !»

«Et je savais que ça allait être difficile, j’étais rouillé, je me suis blessé et il était là pour se battre, a-t-il continué. La boxe, ce n’est pas un jeu, c’est la guerre. Je sais ce que ça veut dire maintenant. Il m’a également surpris, il n’a pas beaucoup de K.-O., mais il cogne assez dur. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris de coups dans un vrai combat et je les ai pris.»

Dawson en mars?

Le combat revanche contre Chad Dawson (31-2, 17 K.-O.) devait avoir lieu le 23 mars, au Québec. En raison de la blessure subie par le pugiliste lavallois, rien n’est moins certain.

«Nos médecins ne savent pas trop. Il y a de l’inflammation et la douleur est large. Jean a rendez-vous dimanche pour des radiographies et on connaîtra alors l’étendue des dommages, a expliqué Yvon Michel. C’est ce qui va nous permettre de savoir ce qui va se passer pour la suite des choses avec Chad Dawson.»

«Je vais prendre une semaine pour soigner les bobos et je veux revenir illico au gymnase, a ajouté Pascal. Je pense positif et je crois pouvoir affronter Dawson. J’ai vu que rester inactif est très néfaste pour un combattant. Kuziemski pensait me battre, car il croyait que j’étais rouillé, mais j’ai tout de même joué avec mes habiletés pour le vaincre.»