Abdullah the Butcher a fait carrière dans le monde de la lutte professionnelle partout à travers le monde, mais le Québec aura à jamais une grande place dans son coeur. Voici les mémoires d'un homme sanguinaire.

Lawrence Robert Shreve, aujourd'hui âgé de 74 ans, se rappelle comme si c'était hier la naissance de son personnage. « Le personnage a été adopté dès ses débuts. Les gens aimaient ce que je faisais et je voulais toujours leur donner un bon spectacle », mentionne-t-il.

Le catcheur natif de Windsor en Ontario reconnait que sa carrière a eu tout un élan grâce à son style agressif, son style saignant, son style hardcore. « Plusieurs disent de moi que j'ai créé le style hardcore et ça me rend très fier. Je l'ai fait pendant 52 ans et je ne le regrette absolument pas », affirme le Madman from the Sudan. Ce dernier croyait bon d'avoir ce style dès ses débuts. « Les gens aiment la violence, quoi qu'ils en disent. C'est la clé du méchant d’apporter le plus de violence possible pour amener les gens à le détester. Plus c'est saignant, plus il y aura des gens dans les estrades », rigole Abdullah.

La grande région de Montréal aura toujours une place dans le cœur de l'ancien lutteur. « J'aime tellement Montréal, j'ai affronté les meilleurs ici comme la famille Rougeau, Gino Brito et plusieurs autres. J'ai beaucoup de combats mémorables ici », avoue-t-il. C'est également ici qu'il rencontra deux de ses gérants favoris dans sa carrière Eddy Creatchman et Mr. Deepak (Massand/Singh). « Les deux savaient parler au micro et bien promouvoir les prochains événements de lutte », dit-il. C'est toutefois Creatchman qui retient surtout son attention. « Eddie a été très bon avec moi. Avec lui, tout pouvait arriver, car il ne retenait jamais ses mots. Il savait comment ajouter de l'animosité et de l'huile sur le feu », rigole l'homme qui réside aujourd'hui à Atlanta.

Outre Montréal, le lutteur a également été très populaire au Japon. « Je suis une légende là-bas, car j'ai affronté tous les plus grands lutteurs comme André the Giant, Hulk Hogan et plus encore. J'ai lutté dans ce pays pendant plus de 40 ans. Les gens se sont identifiés rapidement à mon personnage et son côté sanguinaire », déclare Abdullah.

Qui est le meilleur lutteur que tu as affronté ou ta plus grande rivalité ? « Je ne suis pas capable d'en déterminer qu'un seul. Tous les gars que j'ai affrontés ont tous fait un excellent travail. J'ai fait beaucoup d'argent avec eux et j'ai eu beaucoup de plaisir avec eux. Je ne peux vraiment pas en nommer qu'un seul », avoue-t-il.

Les honneurs

Abdullah the Butcher a remporté beaucoup de ceintures en carrière. « Toutes les ceintures que j'ai gagnées ont eu une signification pour moi. Elles sont toutes importantes, que ce soit à Montréal, au Japon, en Australie ou ailleurs. Je suis vraiment content d'avoir obtenu ces titres », mentionne-t-il.

L'ancien catcheur a été intronisé au Temple de la renommée de la World Wrestling Entertainment (WWE) en 2011, et ce, même s'il n'avait jamais lutté pour cette compagnie. « C'est un accomplissement pour toutes mes années dans le ring. Je crois que mon intronisation s'est faite vraiment sur le tard et c'est ce que je déplore. Il y a un bon nombre de lutteurs qui méritent leur place au Temple et qui n'y sont pas encore. Prenons l'exemple d'Ivan Koloff, il a tout pour être intronisé et devrait l'être depuis longtemps. Pour une raison que j'ignore, il n'a pas encore été intronisé. On attend beaucoup trop longtemps pour leur rendre honneur, ça me déçoit », déclare le Madman from the Sudan.

Il apprécie qu'un lutteur québécois ait repris là où lui l'avait laissé. C'est qu'en fait le catcheur Rodney Kellman incarne SOA Amin, un personnage qui serait le fils illégitime d'Abdullah the Butcher. « Je l'ai déjà rencontré et il est vraiment très bon. Si je décide de revenir dans la lutte comme promoteur, je veux absolument l'avoir avec moi. Tous les deux, nous pourrions faire beaucoup d'argent au Japon, au Québec et partout à travers le monde », affirme-t-il.

Le Message d'Abdullah

Qu'est que les gens ne connaissent pas de toi ? « De la façon dont je luttais, les gens pouvaient penser de moi que je n'étais qu'un chien enragé, mais je suis très croyant. Dieu est vraiment important pour moi et il devrait l'être pour tout le monde. On est en vie pour une raison et certains meurt pour une autre raison, ce n'est pas nous qui contrôlons notre sort. Je suis vraiment heureux d'être en vie encore aujourd'hui à l'âge de 74 ans », déclare la légende de la lutte.

En terminant, celui-ci a deux messages à donner à ses partisans. « J’aimerais que les gens prennent soin de ceux qui sont proches d’eux comme leurs parents. Vous avez seulement une mère et un père, prenez en soin », dit-il.

Son deuxième message est sur une note beaucoup plus personnelle. « Les admirateurs ont toujours été derrière moi dans les hauts comme dans les bas et je me suis toujours senti aimé par eux. Je leur dois ma carrière et ils ont toute ma gratitude. Je n'aurais rien pu réussir sans eux. Merci d'avoir toujours été là pour moi », conclut le sympathique personnage.