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Motion sur la Cour suprême et les femmes: le PLQ promet d'être plus vigilant

durée 20h26
19 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Le Parti libéral du Québec (PLQ) promet qu'il sera à l'avenir plus «vigilant» et fera plus de «vérifications» avant de voter en faveur des motions du gouvernement caquiste.

Jeudi dernier, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion de la ministre de la Condition féminine, Martine Biron, qui dénonçait les mots choisis par la Cour suprême pour désigner les femmes. 

La décision en question, R. c. Kruk, rendue le 8 mars dernier, contient l'expression «personne ayant un vagin».

La motion demandait que l'Assemblée nationale «réitère l'importance de conserver le mot "femme" et se dissocie de l'utilisation de termes ou de concepts contribuant à invisibiliser les femmes». 

Elle rappelait aussi «les gains importants réalisés dans les dernières décennies afin de faire avancer les droits des femmes et la nécessité de protéger ces droits acquis».

Le texte a été présenté conjointement avec le député libéral et ancien procureur André A. Morin, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, et la députée indépendante Marie-Claude Nichols.

Or, dès le lendemain, des experts ont suggéré que l'Assemblée nationale avait tout faux: la décision de 249 pages de la Cour suprême réaffirme les droits des plaignantes dans les affaires d'agression sexuelle. 

Par ailleurs, la formulation «personne ayant un vagin» n'y apparaît qu'une seule fois, au paragraphe 109 très précisément. Le mot «femme», quant à lui, apparaît 67 fois.

Mardi, le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, s'est présenté devant les journalistes l'air repentant. «Ce n'était pas une bonne journée, cette fois-là», a-t-il laissé tomber.

«On l'a pris comme une façon aussi d'être plus vigilant, a-t-il dit. Si c'était à refaire, la rédaction de la motion aurait été différente de notre côté. (...) Comme groupe, c'est un enseignement.» 

«Peut-être que vous allez voir dorénavant des motions où on va dire: "Écoutez, on ne va pas statuer là-dessus ce matin. On va reporter notre jugement sinon il n'y aura pas de consentement"», a-t-il ajouté.

«C'est allé beaucoup trop vite»

Québec solidaire (QS) semble également avoir quelques regrets. 

«C'est allé beaucoup trop vite jeudi dernier», a déclaré en point de presse le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois. 

«Peut-être qu'on a tous et toutes à prendre des notes sur la manière dont on présente des motions (...) sur des sujets (...) aussi complexes que ceux-là.»

M. Nadeau-Dubois a poursuivi en disant que c'était un «secret de polichinelle» que les motions font partie d'un «jeu politique» à Québec.

«La Coalition avenir Québec (CAQ) fait souvent ça, lancer des motions très rapidement sur des enjeux complexes. Les partis d'opposition n'ont pas toujours le temps de faire des vérifications», a-t-il déploré.

Il a expliqué que dans ce cas-ci, QS avait voté pour la motion, malgré ses réticences, car le parti ne voulait pas «laisser d'ambiguïté sur le fait qu'on n'est pas en faveur de l'invisibilisation des femmes».

Le PQ et la CAQ persistent et signent

Au contraire, il était possible de parcourir la décision de la Cour suprême ce matin-là et se faire une tête, a argué M. St-Pierre Plamondon, affirmant ne pas regretter d'avoir appuyé la motion.

«On l'a évalué, le jugement, et on avait un niveau de confort suffisant pour prendre position en faveur de cette motion-là, a-t-il déclaré. L'utilisation de l'expression "personne avec un vagin" est inexplicable.»

Lundi, la ministre Biron avait également déclaré à Radio-Canada n'avoir «aucun regret», parce que l'expression «personne avec un vagin» est chargée, selon elle.

Caroline Plante, La Presse Canadienne