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Profiter de l'éclipse solaire du 8 avril sans gâcher sa vue de façon permanente

durée 09h00
16 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un phénomène rare se produira dans le ciel le 8 avril prochain: une éclipse solaire totale. Pendant une courte période en après-midi, ce sera presque comme si c'était la nuit à l'extérieur. On pourrait être tenté de lever les yeux au ciel, mais attention, cet événement spectaculaire peut rapidement endommager votre vision de façon permanente. 

Une éclipse solaire totale se produit lorsque la Lune passe entre la Terre et le Soleil et projette ainsi une ombre sur la Terre. Celle qui est prévue le 8 avril sera visible au Canada, aux États-Unis et au Mexique, mais le Québec, particulièrement en Estrie, sera un endroit de choix pour observer ce spectacle naturel. 

Selon la zone géographique, l'éclipse débutera entre 14 h 11 et elle se terminera vers 16 h 45. Puisqu'elle se déroule en plein après-midi, beaucoup de gens seront exposés et il est important de protéger ses yeux adéquatement. Il suffit d'un regard de quelques secondes vers l'éclipse pour une perte de vision irréversible. 

Les fins rayons du soleil peuvent provoquer une rétinopathie solaire, explique Dre Cynthia Qian, médecin ophtalmologiste spécialiste en rétine. «C’est une brûlure permanente dans la rétine, qui sont les photorécepteurs, des cellules dans le fond de l’œil, et ce sont des cellules qui sont non renouvelables, précise-t-elle. Donc une fois qu’elles sont brûlées, elles ne peuvent pas se régénérer à l’endroit où elles ont été endommagées. 

«Si l’endroit de dommage est plus petit, c’est sûr que les cellules environnantes vont combler pour les déficits visuels, mais ça laisse une trace qui est permanente. (…) La vision ne revient pas complètement à ce qu’elle était auparavant ou dans les cas plus sévères, ça peut donner ce qui est considéré comme une cécité légale.»

On parle de cécité légale lorsqu'un individu a une vision de 20 et moins sur 200. Ce dernier est alors considéré aveugle même s'il ne s'agit pas d'une cécité totale. 

Comment bien protéger ses yeux 

Une éclipse solaire totale n'arrive souvent qu'une seule fois dans une vie. Pour pouvoir l'observer, il faut d'abord bien s'équiper.  

Les lunettes de soleil, même si elles sont très foncées, sont une mauvaise protection. Il est impératif d'avoir des lunettes avec le filtre ISO 12312-2. Ce filtre doit être intact. «Quand on obtient la lunette, vérifiez à la lumière simple que le filtre est complet, qu’il n’y a pas de dommages, d’égratignures. Si ça laisse traverser des lumières autres ou simplement à la lumière du jour si ce n’est pas intact, ça peut être une paire de lunettes qui est endommagée ou le filtre n’est pas complet», prévient Dre Qian. 

Le site web eclipsequebec.ca propose plusieurs sources fiables où il est possible d'acheter les bonnes lunettes. Il s'agit par ailleurs d'un produit peu coûteux, souvent fabriqué avec du carton, mais tant que les lunettes ont le bon filtre, c’est assez pour être sécuritaire, assure la médecin spécialiste en rétine. 

Plusieurs écoles proposent aux enfants de fabriquer eux-mêmes des lunettes. «Si c’est bien créé, il y a des façons de percevoir l’éclipse de façon indirecte. Souvent, avec une boîte, c’est une projection, c’est l’ombre qu’on va observer. Si c’est sous supervision, par exemple dans un encadrement scolaire, ça peut être fait de façon sécuritaire», estime Dre Qian. 

Elle rappelle toutefois qu'il faut surveiller les jeunes enfants pour s'assurer qu'ils portent en tout temps la lunette s'ils veulent regarder l'éclipse. 

Les appareils photo, les jumelles ou les télescopes doivent avoir le bon filtre devant les oculaires pour pouvoir être utilisés. Regarder dans un tel appareil, même avec la bonne lunette, n’est pas sécuritaire, selon les recommandations de la NASA. «L’idée étant que l’instrument va possiblement concentrer les rayons du soleil plus fortement que si on les regardait simplement de nos propres yeux avec des lunettes d’éclipse», explique Dre Qian. 

Des magasins de photographie ou autres détaillants vendent les filtres à appliquer devant les oculaires de ces appareils. 

Hausse des consultations auprès des professionnels 

Ailleurs dans le monde, dans les pays où des éclipses partielles ou totales ont eu lieu, une hausse des consultations auprès des professionnels de la santé visuelle a été observée, a indiqué Dre Qian. Elle espère qu'au Québec, le message de prévention sera suffisant pour éviter les conséquences sur la santé des gens. 

Elle souligne que les risques sont présents puisque l'éclipse a lieu en après-midi, alors que les gens vaquent à leurs occupations et qu'il y a beaucoup de circulation. «On est là pour soutenir les gens qui pourraient avoir des symptômes visuels, mais on espère qu’avec l’information appropriée et la protection oculaire, que ça ne sera pas le même phénomène de consultations augmentées qu’on va observer ici», a-t-elle déclaré. 

Les lésions aux yeux ne se font pas sentir tout de suite. «Souvent la personne ne s’en rend pas compte immédiatement parce que, d’abord, il n’y a pas de douleur, et l’effet peut se manifester juste quelques heures après que le dommage soit fait. Parfois, ça peut être plusieurs jours plus tard que (la personne) va aller consulter parce que la vision est plus floue, les images sont déformées, les couleurs peuvent devenir délavées. Ce sont des symptômes assez vagues, c’est pour cela qu’on essaie de sensibiliser les gens.» 

Les personnes qui constatent des changements dans leur vision après l'éclipse sont invitées à consulter un professionnel de la santé visuelle. L’ophtalmologiste pourra notamment vérifier qu’il s’agit bien des effets d’une rétinopathie solaire. Il pourra suivre aussi les changements de la vision dans le temps puisque des complications sont possibles et peuvent faire baisser encore plus la vue. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne