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Québec: dispositif contre la douleur chronique implanté pour la 1ère fois au Canada

durée 06h00
22 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un neurochirurgien de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus de Québec est récemment devenu le tout premier au Canada à implanter un nouveau dispositif de prise en charge de la douleur, offrant notamment un nouvel espoir de soulagement aux patients souffrant d'une douleur chronique.

Le système de Stimulation de la moelle épinière (SCS) Eterna développé par le géant Abbott a été implanté à la mi-février à une jeune sexagénaire par le docteur Michel Prud’homme.

«Quand vous avez mal à un pied, c'est quand même votre cerveau qui dit que c'est le pied, c'est pas la main, a expliqué le docteur Prud'homme. Le but de la stimulation spinale médullaire, c'est d'aller intercepter, embrouiller un signal douloureux pour amoindrir cette communication de douleur.»

Les dispositifs utilisés pour la SCS consistent en de minces fils placés entre la moelle épinière et les vertèbres et en un petit implant placé dans le bas du dos qui aide à perturber les signaux de la douleur avant qu’ils n’atteignent le cerveau.

Cet implant, a dit le docteur Prud'homme, est «exactement» comme un stimulateur cardiaque, à la différence qu'on le cache dans «la région lombaire, là où on a une petite poignée d'amour».

«On a toujours un petit peu de graisse en dessous de la peau, donc on cache ça là et il n'y a rien qui paraît», a-t-il expliqué.

Le tout est contrôlé à partir d'une application installée sur le téléphone du patient.

La stimulation BurstDR d’Abbott «imite les schémas de déclenchement naturels du cerveau afin de fournir un soulagement (...) de la douleur, contrairement à la stimulation tonique classique», a-t-on assuré par voie de communiqué.

En d'autres mots, le nouvel appareil envoie des impulsions électriques une après l'autre, plutôt que de transmettre une seule impulsion ininterrompue, ce qui contribue au confort des patients.

«Au lieu d'avoir une stimulation qui est constante, on donne une stimulation comme en petites bouffées continues, alors à ce moment-là les patients ne sentent pas vraiment la stimulation, mais ils sont soulagés quand même», a détaillé le docteur Prud'homme.

Une neurostimulation comme celle-ci, a indiqué le docteur Prud'homme, ne serait pas appropriée pour le traitement d'une douleur aiguë. Mais en présence d'une douleur qui persiste depuis plusieurs mois, «on voit qu'il y a une réorganisation du système nerveux qui fait qu'il y a une persistance de la douleur, donc il faut essayer de maximiser la thérapie».

«Et une des options, c'est la stimulation spinale médullaire», a-t-il dit.

Une intervention dans les deux années qui suivent l'apparition de la douleur est idéale, a-t-il ajouté, puisque cela maximise les chances d'améliorer l'issue pour le patient.

Le stimulateur Eterna est environ un tiers plus petit que son prédécesseur et il n'a besoin d'être rechargé que cinq ou sept fois par année, alors qu'on recommandait une recharge presque quotidienne du modèle précédent. Cela représente des avantages importants pour les patients, a dit le docteur Prud'homme.

L'Hôpital de l'Enfant-Jésus est l'un des leaders canadiens en ce qui concerne le traitement de la douleur chronique, a-t-il indiqué. Les patients qu'il accueille témoignent souvent d'une douleur constante qu'ils évaluent à 7 ou 8 sur une échelle de 0 à 10 où «0» représente une absence complète de douleur et «10» une douleur tellement intense qu'on pourrait en perdre connaissance.

Un système de neurostimulation peut réduire leur douleur d'environ la moitié, a dit le docteur Prud'homme, et diminuer grandement la quantité de médication requise.

«La patiente qui a été la première (à recevoir le nouveau dispositif) rapporte une réduction de sa douleur de 70 ou 80 %, a-t-il conclu. C'est une énorme différence. Ça lui permet de faire ses activités, puis de cesser de penser à sa douleur pour se concentrer sur autre chose. Il y a un impact pas juste sur le niveau de douleur, mais sur tous les aspects de la qualité de vie, le sommeil, les activités physiques, les relations sociales...»

On estime qu'environ une personne sur cinq souffre d'une douleur chronique au Québec.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne