Une défense à la O.J. Simpson au procès d'Éric Daudelin

Par Valérie Gonthier\Agence QMI
«Si les gants ne font pas, vous devez l'acquitter», a lancé l'avocat d'Éric Daudelin aux membres du jury au palais de justice de Laval, lundi matin.
Me Gilles Daudelin (aucun lien de parenté avec son client) a commencé ses plaidoiries en faisant référence au procès du célèbre joueur de football américain O.J. Simpson, accusé du meurtre de sa femme. À son procès, le procureur de l'athlète américain lui avait demandé d'enfiler le gant de cuir retrouvé sur la scène de crime. Or, le gant était trop petit. L'avocat avait donc lancé la célèbre réplique aux jurés, en disant que si le gant ne fait pas, ils n'ont pas le choix d'acquitter Simpson.
Me Daudelin a tenté de recréer cette défense, en montrant au jury que les gants retrouvés près de l'endroit où la petite Joleil Campeau a été assassinée étaient beaucoup trop petits.
«Est-ce qu'on fait un petit test à la O.J. Simpson?», a demandé Me Daudelin.
La semaine dernière, lors de l'interrogatoire de son client, l'avocat de la défense lui avait demandé de montrer sa main aux membres du jury.
«Il a de grosses mains», avait-il dit.
«Ces gants-là, ce sont des gants de femme à mon avis. Est-ce que vous croyez que les gants font à Éric Daudelin?», a plaidé Me Daudelin lundi matin.
De plus, selon la défense, si Éric Daudelin est l'auteur du meurtre de Joleil Campeau, les policiers auraient retrouvé de la boue dans sa voiture ou chez lui.
«On n’a rien trouvé dans la maison ni dans son véhicule. On a un individu qu'on accuse d'avoir mis [une victime] dans un marais, et on ne retrouve pas de boue», a-t-il dit.
Il accuse aussi les policiers de Laval d'avoir bâclé leur enquête, notamment en ne vérifiant pas davantage l'alibi que Daudelin leur avait fourni à l'époque, en 1995.
La défense a aussi insisté sur le manque de crédibilité du codétenu de l'accusé, qui prétend avoir obtenu un aveu de sa part en février 2013.
«Il a immédiatement condamné Éric Daudelin (lorsqu'il a su qu'il était accusé pour le meurtre de l'enfant) au point où il était prêt à le piquer avec un crayon», a déploré Me Daudelin, insistant sur les nombreux antécédents judiciaires du témoin.
«J'en conviens, mon client a aussi des antécédents judiciaires. Mais il y a une différence entre avoir des antécédents et avoir commis un crime», a-t-il ajouté.
Me Daudelin s'est aussi attaqué à l'opération policière appelée Mr. Big lors de laquelle des policiers se sont fait passer pour des criminels afin d'obtenir des aveux de la part de l'accusé.
«Ce genre de technique, c'est dangereux. Certains peuvent mentir pour avoir certains bénéfices», a-t-il dit.
La Couronne a pour sa part insisté sur le fait que le récit que l'accusé a donné au policier lors de l'entrevue finale du scénario Mr. Big est corroboré par la preuve.
Surtout qu'Éric Daudelin donne des détails que «seul le tueur peut connaître», a-t-il répété.
«Il ne peut pas avoir inventé tout ça», a dit Me Pierre-Luc Rolland de la Couronne.
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