Commission Charbonneau : un sous-ministre passif devant la collusion

Par Agence QMI
L'ex-tuteur de Laval, ancien DG de la Sûreté du Québec et ex-sous-ministre au MTQ, Florent Gagné, s’est fait sermonner par la juge Charbonneau pour ne pas avoir cherché à lutter contre la collusion.
Florent Gagné a tenté, vendredi, en vain, de justifier pourquoi il n’avait pas mené de combat plus vigoureux contre la collusion, qui a gangrené les contrats publics du ministère des Transports (MTQ) et de nombreuses municipalités pendant des années.
Les premières rumeurs sont parvenues à ses oreilles lorsqu’il était DG de la Sûreté du Québec. Le sous-ministre du MTQ de l’époque, Jean-Paul Beaulieu, l’a mis au courant d’un système présumé de collusion à Laval. L’information venait directement d’un fonctionnaire du MTQ nommé François Beaudry.
Florent Gagné aurait alors transmis le message à la direction des enquêtes criminelles de la SQ, mais n’aurait fait aucun suivi du dossier.
«En tant que DG de la SQ, vous ne vous inquiétiez pas de l’état d’avancement des enquêtes? […] Vous serviez à quoi comme DG si vous ne saviez pas où en étaient les enquêtes?» l’a alors vivement interpellé la juge France Charbonneau.
Le témoin a assuré que son agenda était «bien rempli». «Pour moi, le dossier était dans les mains des policiers, je n’avais pas à intervenir», a-t-il répondu.
Puis, quand M. Gagné a quitté la SQ en 2003 pour rejoindre le ministère des Transports, il s’est encore une fois bien gardé de mettre les pieds dans le plat. «C’est de l’angélisme de penser que le MTQ pouvait se démerder tout seul avec ce problème-là», a-t-il lancé.
«On n’était pas complètement naïf, on entendait des rumeurs et ça faisait en sorte qu’on était constamment sur nos gardes», a-t-il avancé, ajoutant que le ministère ne pouvait pas se faire justice seul et dresser une liste noire des entrepreneurs indésirables, sans moyen ni preuve.
«Mon rôle était de m’assurer d’avoir un système performant d’appel d’offres», a-t-il expliqué, allant même jusqu’à qualifier ce dernier «d’assez robuste».
«Mais je suis loin de prétendre qu’il était parfait puisque certains en ont abusé», a-t-il tout de même concédé.
Ses explications n’ont pas semblé convaincre les commissaires.
La commission Charbonneau reprendra ses audiences le 5 mai, après une nouvelle semaine de pause.
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