Drogues: un resto au cœur d’une enquête

Par Cédérick Caron
Le restaurant Au grille-pain, situé dans le secteur Auteuil, se retrouve au cœur d’une enquête sur un réseau de vente de stupéfiants, démantelé, il y a quelques jours, par la section Antigang de la police de Laval.
C’est ce qui a été possible d’apprendre au terme de l’enquête sur remise en liberté de trois des 25 individus dans le cadre de la frappe policière, du 16 avril dernier, baptisée Souterrain et qui impliquait près de 300 policiers.
À plusieurs reprises, lors de la filature de différents suspects, les enquêteurs ont pu observer différentes cibles s’y rencontrer, selon le témoignage du sergent-détective de la police de Laval, Dominico Di Genova. Parmi eux, le principal sujet de l’investigation : Richard Burelle.
M. Burelle, un multirécidiviste en matière de possession de drogue dans le but d’en faire le trafic, y a été vu attablé avec plusieurs revendeurs du secteur pour prendre un café ou jouer aux cartes.
Au moins un employé de l’endroit, Dino Valente, et son propriétaire, Lambros Andreou, ont été visés dans le cadre du projet Souterrain.
M. Valente soutient qu’il est gérant et homme à tout faire au restaurant. Les policiers affirment ne l’avoir jamais vu passer plus de deux heures à cet endroit.
Parmi les 29 perquisitions du 16 avril dernier, le restaurant, la résidence principale de M. Andreou et quatre adresses liées à M. Valente ont été visités.
Selon des informations obtenues par <I>L’Écho de Laval<I>, une petite quantité de cannabis ainsi que plus de 46 800 $ en argent comptant ont été saisis dans la maison de M. Andreou, rue Panneton à Laval. Aucune accusation n’a cependant encore été déposée contre M. Andreou.
M. Valente est accusé de possession de cocaïne (7,12 g) dans le but d’en faire le trafic.Il a déclaré des revenus de 25 000 $ en 2012 et 26 000 $ en 2013.
Beaucoup d’adresses pour Valente
Du côté du restaurant, les enquêteurs ont au moins trouvé un bail au nom de Dino Valente pour la location d’un condo appartenant à M. Andreou, rue Université à Montréal, lequel a été perquisitionné. C’est cette adresse que M. Valente a donnée aux policiers comme son lieu de résidence lors de son arrestation.
Devant le juge, il a plutôt mentionné l’adresse de son condo de la Rive-Sud qu’il aurait acheté récemment au coût de 450 000 $ avec une mise de fonds de 45 000 $, toujours selon le témoignage de M. Di Genova.
En plus de son condo, la police a aussi visité la maison de l’ex-conjointe de M. Valente ainsi que l’appartement de sa nouvelle flamme.
Paranoïa et voyage en Ontario
Les agents qui ont filé M. Valente ont décrit ses comportements comme «paranoïaques» derrière le volant. Il aurait fait plusieurs manœuvres pour éviter d’être suivi à chaque sortie. Les enquêteurs ont pu le suivre grâce aussi à une balise de repérage placée sur la voiture de l’homme de 35 ans.
En visitant une des adresses reliées à ce dernier, la police a retrouvé un billet d’avion au nom de M. Valente pour l’Ontario [qui correspond avec les dates d’inactivité du véhicule de M. Valente] ainsi qu’une facture pour l’achat d’une presse servant à la fabrication de comprimés qui n’était pas au nom de l’accusé. Des livres de compatibilité, des comprimés, une machine à compter de l’argent et 8 635 $ en argent comptant ont aussi été saisis à une adresse de M. Valente.
Déjà arrêté
M. Valente était déjà devant les tribunaux pour avoir été arrêté en possession de 438 g de cocaïne, 4 000 comprimés de méthamphétamine et 2,76 kg de cannabis. Selon la couronne, il aurait aussi tenté de corrompre les policiers qui l’ont appréhendé en leur offrant 1 000 $.
Au terme de son enquête sur remise en liberté qui s’est close le 24 avril, le juge Paul Chevalier a refusé qu’on le relâche, estimant qu’il vivait des fruits de la criminalité et soutenant que le risque de récidive était élevé.
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