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Désespérée, elle s’arrache trois dents

durée 16h45
7 novembre 2012
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Par Mathieu Courchesne
LAVAL - 

Incapable de trouver un dentiste pouvant la soigner à un coût abordable, une Lavalloise de 64 ans a pris les grands moyens pour se libérer du mal qui l’assaillait depuis des mois. En juin dernier, elle a pris une paire de pinces et a tenté de s’arracher trois dents.

«Ça faisait tellement mal que je ne savais plus quoi faire, indique Diane Vinet. J’ai pris les pinces, j’ai mis un diachylon autour et je les ai enlevées. Ça a saigné énormément. Je criais. Je sautais partout dans mon logement.»

Au total, Mme Vinet a perdu huit dents de sa mâchoire du bas. Elle en a arrachées trois d’elle-même, tandis que les autres sont tombées toutes seules, après plusieurs mois de douleur.

Les problèmes de la résidente de Laval-des-Rapides ont commencé il y a environ un an, lorsqu’elle s’est mise à avoir très mal aux dents. Elle a tenté de voir un dentiste à ce moment.

Or, Mme Vinet vit de ses prestations de la CSST depuis un accident de travail survenu il y a quelques années. Elle n’a pas d’assurance. Impossible, dit-elle, de payer les frais «beaucoup trop élevés» demandés par les cliniques dentaires.

«Ce n’est pas parce que je ne veux pas payer, tient-elle à préciser. Mais le dentiste le moins cher que j’ai trouvé est bien trop cher pour moi. Surtout qu’après ça, il va falloir payer pour la prothèse.»

Peur

Aujourd’hui, Diane Vinet a peur et ne sait plus vers qui se tourner. C’est que son autochirurgie n’a pas été un succès complet. Certaines racines des dents qu’elle a tenté d’arracher sont restées prises dans sa gencive.

Selon son médecin, la dame doit voir un dentiste très rapidement avant que les plaies s’infectent. Et la douleur est encore présente.

«Mon médecin a dit que si je n’allais pas voir un dentiste tout de suite, ce serait dangereux, explique-t-elle. J’ai peur des bactéries. Et je n’ose même plus me regarder dans un miroir.»

Pas couverte

Les interventions visant à extraire des dents et des racines ne sont pas couvertes par la Régie de l’assurance-maladie pour les adultes. La seule exception concerne les personnes vivant de l’aide sociale, ce qui n’est pas le cas de Diane Vinet.

Celle-ci a téléphoné à plusieurs cliniques dentaires, mais elle n’arrive pas à en trouver une qui correspond à sa gamme de prix. «J’ai trouvé un dentiste qui serait prêt à me prendre avec des paiements mensuels, mais encore là, c’est trop dispendieux.»

Elle a également tenté sa chance dans les hôpitaux et les universités, mais se heurte à une importante liste d’attente. «D’autant plus qu’il faut quand même payer, mais on ne veut pas me dire combien ça coûterait au téléphone.»

Elle aurait également demandé de l’aide au bureau de son député, Léo Bureau-Blouin, sans succès jusqu’à présent.

Pétition

Diane Vinet est convaincue qu’elle n’est pas seule dans sa situation. Elle songe même à mettre en place une pétition demandant au gouvernement d’aider les personnes à faible revenu à avoir accès aux soins dentaires.

«Pourquoi n’offre-t-on pas une aide aux personnes qui gagnent moins qu’un certain montant?, demande-t-elle. Ça pourrait être basé sur la déclaration de revenus.»

En attendant, Mme Vinet endure son mal et tous les inconvénients qui viennent avec. Elle passe sa nourriture au mélangeur et éprouve toujours des problèmes d’élocution. Le stress de la situation l’a même fait reprendre la cigarette, qu’elle avait pourtant arrêtée il y a longtemps.

«Mon gendre m’a demandé ce que je voulais pour Noël. Des dents. C’est tout ce que je veux.»

Le système a des faiblesses

Le système de soins dentaires au Québec présente des lacunes, selon le doyen de la Faculté des sciences dentaires de l’Université McGill. Mais pour le Dr Paul Allison, offrir les soins gratuitement ne réglerait pas tout.

Le régime public d’assurance-maladie du Québec rembourse présentement les soins dentaires pour les enfants de moins de 10 ans et pour les personnes prestataires de l’aide sociale depuis un an. Pour les autres, seuls quelques traitements spécifiques sont remboursés.

«Il y a des lacunes dans le système, estime le Dr Allison. Il y a des groupes qui ne cadrent pas dans les critères de la Régie de l’assurance-maladie. Ce sont souvent des gens qui travaillent, mais qui ont un revenu minimal et qui ne bénéficient pas d’une couverture par le système privé.»

En conséquence, les personnes qui n’ont pas les moyens de se payer les soins dentaires vont moins chez le dentiste. «Ces gens-là ne sont pas portés à aller consulter et ont donc plus de maladies dentaires», explique Paul Allison.

Pas seulement un problème financier

Or, selon le spécialiste, offrir les soins dentaires gratuitement à toute la population ne pallierais pas entièrement les lacunes du système.

«Le problème n’est pas que financier. Il y a d’autres problèmes, comme l’accès géographique. Il y a moins de dentistes en région et même dans les quartiers défavorisés de certaines villes. Certains dentistes se demandent pourquoi ouvrir leur commerce dans une région où il y a moins de gens, donc moins d’argent à faire.»

Selon le Dr Allison, la communauté des dentistes peut également avoir de la difficulté à bien comprendre les enjeux touchant les populations défavorisées.

«La plupart des étudiants en médecine dentaire viennent des milieux aisés, explique-t-il. Ils ont très peu d’expérience à propos du genre de vie d’une personne à faible revenu.»

Responsabilité

Les dentistes eux-mêmes ont une part de responsabilité pour régler le problème d’accès, croit le Dr Allison.

À l’Université McGill, les étudiants en médecine dentaire sont rapidement mis en contact avec les clientèles défavorisées. Les étudiants travaillent à la clinique mobile mise sur pied par l’établissement, de même qu’à la clinique dentaire de la Mission Bon Accueil. McGill offre également des soins gratuits pour les enfants réfugiés.

«Pour nos étudiants, c’est une expérience très importante, estime Paul Allison. C’est important pour nous, pour eux et pour la profession. Les dentistes doivent prendre leur responsabilité face au problème de l’accès aux soins, que ce soit, par exemple, en offrant un après-midi par semaine pour la clientèle défavorisée à faible coût, en plus de leur travail en clinique.»

 

 

commentairesCommentaires

14

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  • C
    Cassidy
    temps Il y a 7 ans
    Très bien dit parce que les étudiants souvent vivent soit des prêt-bourse ou certains emplois Québec et c'est souvent compliqué de trouver une clinique dentaire abordables et souvent on voudrait réparé nos dents ne plus avoir de douleurs parceque étudier avec un mal de tête d'oreille et qui atteint presque l œil. Aouwch
  • C
    Carl
    temps Il y a 6 ans
    Je suis dans la meme situation, pauvre et inadmisible aux aide-sociales, je recherche en ce moment même comment faire l'extraction moi même de la facon la plus sécuritaire possible, ca ne sera certainement pas pire que mon dernier dentiste qui m'a charger 400$ pour une extraction de 12 minutes qu'il n'a pas suturé et pour la quelle j'ai perdu près d'un litre de sang. Le Québec est le pire en tout.
  • L
    Linda
    temps Il y a 6 ans
    Mon conjoint vie la même situation il est sur la SAAQ depuis qu un chofard intoxiqués en 2004 et il ne à pas rien pour le dentiste à plusieurs reprises il c est lui aussi arraché dent dents il soufre le martyr il n'y a pas le argent pour voir un dentiste et même moi aussi de plus il a travaillé tout sa vie il est redu à 59 ans qu'elle expérience vivre le Québec Amen
  • DL
    Daniel Lavoie
    temps Il y a 6 ans
    Moi aussi c'est le même problème.. À la retraite.. Pas assez d'argent... Dentiste et denturologiste.. Je sais que un dentier cost 300.00...on ce fait profiter de nous. Ils veulent-ils tout devenir millionnaire. Dans leur première année.. C'est un manque de control...
  • CD
    cochon d'inde
    temps Il y a 5 ans
    Pauvre femme... J'espère qu'elle a pu trouver une solution. Je vis en France et je prends régulièrement conscience de la chance infinie que nous avons ici en ce qui concerne l'accès aux soins. Certes, certains actes sont chers et très mal remboursés (la pose de couronnes ou d'implants dentaires, notamment), mais les consultations sont à un prix dérisoire et presque intégralement remboursées par notre système social, de même que la plupart des soins de routine (soin de carie, extraction dentaire...).
  • RM
    remi marois
    temps Il y a 5 ans
    les dentistes pour moi sont des voleurs ils save que le regime ne paye pas et font de labus voir si ca coute 100.dollards et plus pour arracher une dent du vol pur et simple.
  • M
    Mathieu
    temps Il y a 4 ans
    Jai 35 ans ...je travaille comme un fou et pourtant je suis en train de perdre toute mes dents....... reste 6 , encore acrocher, en bas ...et ils sont même pas toutes complète....depuis 1 an seulement et j'ai passé par des périodes de souffrence inimaginable pour une personne qui n'a jamais connue ce problème....tu ne vois pus la façon de ne pas souffrir parce que sans argent....ils te regarderons souffrire et si je prend du peu d'argent, que j'ai, cest mes enfants qui vont manquer de quelque chose !!! Et pour moi c'est impensable !
  • M
    Me
    temps Il y a 4 ans
    J’ai moi aussi extrêmement mal aux dents en bas côté droit reste 2 dent cassé dans ma gencive je souffre le martyre pas croyable
    Mais on soigne les immigrants wowwww
    What about us ??????
    Si un dentiste veut bien m’aider contactez moi moi je suis au bord d’en finir
    Plus de sourie mange de la bouette au bout du rouleaux
  • CP
    Carole Paquette
    temps Il y a 4 ans
    J'ai également des problèmes. À la suite d'une rupture d'anévrisme au cerveau et une encéphalite aiguë en dedans de 8 mois, j'ai restée avec de graves séquelles, en autres des tocs, dont un est de m'arracher des dents à long terme. Alors il me manque déjà plusieurs dents et quelques une sont cassées. Mon neurologue et doc qui me suivent régulièrement ont demandé à l'hôpital Notre Dame de me donner les soins que j'avais besoin, probablement l'extraction de toutes mes dents et avoir une prothèse, pour s'assurer de ne pas avoir des complications avec ces gestes. Et bien cela va faire plusieurs années et jamais eu de réponse de l'hôpital. J'écris aujourd'hui ce commentaire car j'ai une dent qui me fait plus que souffrir et je n'ai bien sûr pas les moyens avec seulement un chèque d'invalidité par mois. 58 ans donc pas admissible encore avant 7 ans pour la gratuité de la RAMQ. C'est terrible quand on pense à ça. Pour cette nouvelle année et celles à venir, je me souhaite de pouvoir passer au travers sans trop de séquelles...
  • L
    Lise
    temps Il y a 4 ans
    Le dentist coute trop cher , j' ai besoin de réparage ectt je ne peux payer.alors j'attend que ca fasse très mal et la je me posais la même question si je pourrais endurer de m' enlever moi même ...
  • YT
    Youssef taha
    temps Il y a 4 ans
    Je vis presentement la meme situation presentement je suis a lurgence de lhopital st mary .les policier mont amené car je voulais me suicider à cause de ma douleur aux dents.je souffre de bruxisme.cest relié à mon trouble anxieux.je me suis fracturé une dent l'année dernière. Je suis sur l'aide sociale et l'aide sociale ne couvre que les plombages.ma dentiste ma dit que j'ai besoin d'une plaque occlusiale pour protéger mes dents la nuit .cela coûte environ 700 dollars.en plus elle ma dit qu'il me faut une couronne pour ma dent c'est 1500 dollars.jai appelé dans des universités ils ne fabriquent pas de plaques occlusiale.ce soir j'ai failli me suicider.la douleur est insupportable.les antidouleur s ne fonctionne pas.je n'ai aucune solution.
  • YT
    Youssef taha
    temps Il y a 4 ans
    Je vis presentement la meme situation presentement je suis a lurgence de lhopital st mary .les policier mont amené car je voulais me suicider à cause de ma douleur aux dents.je souffre de bruxisme.cest relié à mon trouble anxieux.je me suis fracturé une dent l'année dernière. Je suis sur l'aide sociale et l'aide sociale ne couvre que les plombages.ma dentiste ma dit que j'ai besoin d'une plaque occlusiale pour protéger mes dents la nuit .cela coûte environ 700 dollars.en plus elle ma dit qu'il me faut une couronne pour ma dent c'est 1500 dollars.jai appelé dans des universités ils ne fabriquent pas de plaques occlusiale.ce soir j'ai failli me suicider.la douleur est insupportable.les antidouleur s ne fonctionne pas.je n'ai aucune solution.
  • G
    Gabriel
    temps Il y a 3 ans
    Sans argent sans emploi. Mal de dent me fait rever au suicide.
    Au bord de la folie a chaque seconde un coeur qui bat des choques electriques dans la machoire.
  • CA
    Carole Aubry
    temps Il y a 3 ans
    Comment cette dame s’en est elle sortie?
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