Gangs de rue : c’est la fin de l’escouade régionale mixte Laval/Rive-Nord

Par Cédérick Caron
Le travail effectué par l’escouade régionale mixte (ERM) gangs de rue Laval/Rive-Nord au cours des cinq dernières années est palpable. Au fil des ans, les criminels se sont déplacés vers le nord, en plus de modifier leurs champs d’activité.
L’ERM gangs de rue Laval/Rive-Nord avait été créée à la suite d’une subvention de cinq ans octroyée par le gouvernement fédéral. Cette subvention n’a pas été reconduite et l’escouade fermera d’ici deux semaines.
«Il y a cinq ans, les gars de gangs faisaient surtout du trafic de stupéfiants et des fraudes. Aujourd’hui, beaucoup se sont tournés vers le proxénétisme», a expliqué le lieutenant-détective Antony Donato. L’imposant policier, décrit comme un bon vivant, aura été à la tête de l’ERM du début à la fin.
Il pilotait la Section antigang de la police de Laval avant la création de l’ERM et continuera de la mener lorsque l’ERM sera dissoute d’ici deux semaines.
«Ce serait plus payant et ils [les proxénètes] croient qu’ils risquent des peines moins sévères qu’avec la drogue, mais ils se trompent», a poursuivi M. Donato, en indiquant que les nouvelles dispositions judiciaires en matière de traite des personnes peuvent entraîner une sentence de 14 ans d’emprisonnement.
Comme les oiseaux au printemps, les membres de gangs et leurs commerces ont aussi migré vers le nord au cours des années.
«Au début, 80 % à 85 % des gangs organisés étaient à Laval et, plus précisément, dans les secteurs de Chomedey, Laval-des-Rapides, Pont-Viau et Saint-François, s’est souvenu le lieutenant-détective. Les gars que j’arrêtais dans le sud de Laval à l’époque, souvent chez leurs parents, je les revois maintenant dans le nord de Laval et dans les Basses-Laurentides.»
Le lieutenant-détective Donato ne croit pas que la fin de l’ERM nuira au développement de ses enquêtes.
«Contrairement à une escouade comme Carcajou, notre mandat d’enquête n’a jamais été de mettre à terre une organisation criminelle, mais de faire des enquêtes de terrain, comme nous l’avions initié avec notre escouade en 2007. Il faut rester dans la rue et envoyer le message clair que nous sommes présents», a expliqué M. Donato.
Le Service de police de Laval discute en ce moment avec les autres corps policiers de la région et la Sûreté du Québec afin de trouver une nouvelle façon de collaborer.
Une page d’histoire qui se tourne
Créée en 2007 après que 18 fusillades, pratiquement toutes liées au monde des gangs de rue, la Section antigang de la police de Laval a intégré l’escouade régionale mixte (ERM) gang de rue Laval/Rive-Nord dès sa création en 2008.
C’est le lieutenant-détective Antony Donato, à la tête de la Section antigang, qui a pris les commandes de l’unité de 12 enquêteurs qui couvre la région des Laurentides jusqu’à Mont-Tremblant, une partie du sud de Lanaudière et Laval.
«C’était un beau défi d’amener des enquêteurs de différents corps de police qui ont chacun leurs méthodes à travailler ensemble», a dit le lieutenant-détective Donato.
Le premier défi de l’escouade créée en 2007 aura toutefois été de changer les méthodes d’enquête. «Je fais des enquêtes depuis 20 ans et, généralement, nous débutons un dossier autour d’une victime, d’un plaignant. Dans le monde des gangs, on trouve rarement quelqu’un qui vient se plaindre de la qualité de la drogue», a expliqué M. Donato.
Les prochains défis de l’escouade antigang de la police de Laval sont, selon M. Donato, d’amener plus de victimes à dénoncer leur proxénète et faire face aux alliances commerciales entre groupes rivaux.
«C’est l’argent qui mène tout et les groupes criminels n’hésitent plus à s’associer même avec ceux qui ont toujours été considérés comme des ennemis. On a récemment démantelé un laboratoire de fraude et arrêté un gars d’allégeance rouge et un autre d’allégeance bleue. Ils travaillaient ensemble dans un but commercial parce qu’un avait des contacts pour obtenir des identités et l’autre pour avoir des cartes», a raconté le policier.
Bien qu’il soit déçu de voir son ERM s’éteindre, le lieutenant-détective Donato croit qu’une nouvelle escouade verra éventuellement le jour. Une escouade qui pourra s’inspirer de ce qui a été fait, mais aussi de structure en place comme l’escouade Éclipse du Service de police de la Ville de Montréal.
Entre-temps, il reste fier de toutes les opérations menées, dont la plus récente, le projet Escarpin, la plus grosse frappe réalisée par son organisation depuis sa création. En tout, 300 policiers ont été impliqués et une quarantaine de suspects ont été arrêtés.
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