Rivière des Prairies: poissons en danger

Par Marie-Pier Gagné/Agence QMI
La surpêche est devenue un problème d’envergure dans la rivière des Prairies, à un point tel que les agents de la faune estiment que certaines espèces de poissons pourraient être en danger.
Pour contrer le problème, 55 constats d’infraction ont été donnés à cet endroit depuis le début de mai.
«On fait de la surveillance journalière, les agents de la faune s’y rendent souvent, fait valoir Éric Santerre, porte-parole du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Plusieurs plaintes ont été enregistrées à ce sujet dans les dernières semaines.»
La pêche à l’alose est la plus pratiquée en début de saison estivale dans la rivière des Prairies.
Chaque jour, les pêcheurs ont le droit d’en ramener cinq à la maison, mais trop peu d’entre eux respectent la limite permise.
Gilles Chiasson, du MRNF, a rappelé que «nul n’est censé ignorer la loi, surtout que les pêcheurs se parlent». Il avoue cependant qu’il y a encore trop de contrevenants.
Les pêcheurs qui n’ont pas de permis sont passibles d’une amende de 100 $. Ceux qui ne respectent pas les quotas écopent de la même amende en plus de payer 10 $ pour chaque poisson pêché en surplus.
Lois respectés?
René Potvin pêche depuis une cinquantaine d’années à cet endroit.
«Chaque fois que je mets les pieds sur les berges de la rivière des Prairies, surtout au bout du boulevard Pie-IX, je suis profondément découragé, explique-t-il. Les pêcheurs font ce qu’ils veulent, il n’y a pas assez de surveillance.»
Plusieurs autres pêcheurs partagent cet avis. «Il faudrait que quelqu’un soit présent 24 heures sur 24, soutient Mario Tremblay. Les braconniers ont compris comment ça fonctionne. Ils viennent en fin de soirée, quand ils sont certains qu’aucun agent ne sera présent.»
«Je vois souvent des pêcheurs faire des allers-retours à leur voiture, pour remplir le coffre, cinq aloses à la fois, affirme Henry Roy, un habitué du coin. D’autres, totalement ignorants des quotas, repartent fièrement avec une vingtaine d’aloses.»
Les Asiatiques visés
Plusieurs pêcheurs accusent la communauté asiatique d’être la principale responsable de ces activités de braconnage.
«Ils pêchent, partent avec leur quota et reviennent quelques heures plus tard pour faire une nouvelle pêche, déplore Guillaume Doucet. Les rumeurs laissent entendre qu’ils vendraient leurs prises à différents restaurateurs.»
MM. Santerre et Chiasson ne nient pas ces faits. En 2010, une opération antibraconnage s’est soldée par l’arrestation de près d’une vingtaine de pêcheurs qui pratiquaient dans le Vieux-Port et qui revendaient le poisson frais dans le quartier chinois.
«Nous travaillons à ce qu’une telle chose ne se reproduise plus», note Éric Santerre.
M. Chiasson, pour sa part, ajoute que, depuis, davantage d’agents de la faune surveillent le territoire.
Selon les données de l’enquête qui a duré près d’un an, les braconniers ont pêché au moins 2000 poissons dans le Vieux-Port en 2009 et 2010.
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Tous les poissons pêchés dans la rivière des Prairies sont comestibles, comme l’a confirmé M. Chiasson. «Les petits spécimens ne représentent pas de danger pour la santé, nous a-t-il expliqué. On suggère tout de même de ne pas dépasser quatre consommations par mois.» Le mercure accumulé dans le système des gros poissons peut être, quant à lui, nuisible pour la santé.
L'alose est le poisson le plus pêché dans la rivière des Prairies, notamment en mai. Le quota est fixé à cinq par jour. La période de pêche à l'Alose a débuté le 1er avril dernier et se terminera en mars 2014.
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