Un projet de 3 M$ meurt sous les yeux des citoyens

Par Christopher Nardi
Un écran antibruit végétal construit au bord de l’autoroute 15 dans le quartier de Fabreville tombe en ruine, seulement cinq à huit ans après son implantation. Un projet de 3 M$ flambé par la Ville, qui a manqué à son devoir d’entretien, déclarent plusieurs citoyens frustrés.
C’est entre 2005 et 2009 que la Ville de Laval a procédé à la construction d’un écran végétal antibruit qui longe la rue Guillemette. Le projet, qui s’est déroulé en trois phases, contient deux types de saules élevés au Québec : le salix viminalis et le salix miyabeana.
Par contre, force est de constater que quatre ans après la fin du projet, la majorité des arbres qui forment l’écran le long de la rue Guillemette sont en piètre condition, sinon morts.
«Dans la phase 1, […] une seule variété de saule a été utilisée, soit le salix viminalis (saule européen). À cette époque, les saules commençaient tout juste à être utilisés ici au Québec et les variétés étaient très limitées, dit Nadine Lussier, porte-parole de la Ville de Laval, dans un courriel à L’Écho de Laval.
Dans les phases 2 et 3, un mélange de saule miyabeana et de saule européen a été utilisé, afin d’éviter la monoculture. Le saule miyabeana s’est avéré plus résistant aux pucerons que le saule européen, c’est pourquoi il a été utilisé en plus grande quantité dans la phase 3.»
Au total, Mme Lussier indique que le projet aurait coûté 2 995 000 $, dont une partie fut subventionnée par Transports Québec.
Le fardeau de l’entretien de cette construction semble toutefois avoir posé problème à la Ville. D’ici 2014, la responsabilité aura changé de mains à trois reprises. Au début, «il y avait trois années d’entretien à la charge de l’entrepreneur général, explique par missive Benoît Collette, également porte-parole de la Ville de Laval, à L’Écho. Le 10 juillet 2010, le Service des travaux publics a repris l’entretien du site par des interventions ponctuelles. Présentement, nous sommes en appel d’offres [auprès de firmes privées] pour l’entretien du site.»
Entretien simple
Afin d’en apprendre plus au sujet des deux variétés de saule choisies par la Ville, L’Écho de Laval s’est entretenu avec Michel Lesage, propriétaire de la plantation de saule Bipro. Ce dernier n’a pas hésité à qualifier la mort de ses arbres de «prématurée» et «bizarre».
«Le fait que ces arbres soient morts en moins de huit ans, c’est bizarre, déclare M. Lesage. Ce ne sont pas du tout des plantes qui sont fragiles, particulièrement le saule miyabeana. Elles sont faciles à entretenir.»
Comment donc expliquer la mort de ces plantes? «Lorsqu’on plante ces saules, ils ont besoin de leur espace propre, sans mauvaises herbes; ils sont très fragiles à la compétition. Parfois, il faut rajouter un peu d’engrais le printemps et les tailler au cours de l’été, mais c’est principalement la compétition qui va les faire mourir.»
En analysant la plantation qui longe l’autoroute 15, une panoplie de mauvaises herbes sont facilement remarquables, créant effectivement un milieu hostile pour la végétation de l’écran antibruit.
Le producteur de saules à tout de même mentionné que le salix viminalis a plus tendance à attirer des insectes ou être porté vers la maladie, ce qui expliquerait, selon lui, le changement de type de saule dans les phases 2 et 3 de l’écran antibruit.
Citoyens frustrés
En plus de réduire l’efficacité de l’écran antibruit, la mort de ces arbres enlaidit la rue et présente un gaspillage déplorable d’argent, indiquent plusieurs résidents de la rue.
«Pour moi, un gros mur de ciment aurait été mieux que ça, déclare Luce Mélançon. Si [l’écran végétal] avait été beau, ça aurait été super, mais amoché ainsi, ça l’air du diable.»
«Le mur, il est correct, mais c’est les arbres devant qui ne vont pas bien. Il y a même des années où les employés de la Ville lancent la neige directement sur les arbres, martèle André Legault. J’aimais ça au début, mais maintenant c’est rendu ridicule.»
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