Des parents expulsés par la direction pour des «murmures»

Par Christopher Nardi
Le conseil d'administration (C.A.) du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) de Laval est au cœur d’une controverse après que le président ait mis fin à une séance prématurément en appelant la police parce que des participants avaient émis des «murmures» pendant la réunion.
La réunion a débuté à 19 h en la présence de plusieurs parents dans la foule. Plusieurs d’entre eux étaient présents afin d’assister à l’élection d’un nouveau membre du C.A., prévue au milieu de la rencontre.
Toutefois, le président du C.A., Jean-Louis Bédard, a proposé en début de séance que ce point soit reporté à la fin de la réunion et soit fait à huis clos, ce qui a provoqué quelques chuchotements chez les parents dans l’audience.
Selon un enregistrement dont L’Écho de Laval a obtenu une copie, un administrateur a immédiatement signalé au président qu’il avait entendu «des voix dans la salle qui dérangent». Toutefois, aucune parole n’est audible à l’enregistrement.
Le président a donc averti le parent que «la prochaine fois que ça surviendra, on va [vous] demander de sortir», ce à quoi le parent a acquiescé.
Toutefois, deux minutes plus tard, une administratrice a pointé du doigt le premier parent tout en déclarant qu’il dérangeait toujours l’assemblée. On entend toutefois clairement à l’enregistrement que c’est un autre parent qui a émis un murmure.
À ce moment, M. Bédard a demandé au parent de sortir, ce qu’il a refusé de faire calmement. Le président de l’assemblée a donc demandé au garde de sécurité posté dans la salle d’intervenir. Lorsque plusieurs parents sont restés immobiles, le C.A. a décidé d’ajourner la séance et de faire appel à la police. Ceux-ci ont évacué la salle, toujours dans le calme selon leurs propos.
Manigances et intimidation
Selon plusieurs parents témoins de la scène, le déroulement de la séance fut orchestré par les membres du C.A. pour qu’ils puissent couper court aux discussions publiques.
«Tout ça a été manigancé, ils nous ont tendu un piège, a déclaré Louis-Roger Carrier, président du comité des résidents de la résidence Louise-Vachon. On aurait échappé un crayon par terre ou on aurait cligné des yeux [au mauvais moment] et on était faits à l’os.»
Selon un des parents qui sont restés en place jusqu’à l’arrivée de la police, la direction du CRDITED a voulu intimider les membres en place en faisant appel à un garde de sécurité dans la salle ainsi que la police.
«C’était la troisième session qu’il y avait un garde de sécurité. C’est vraiment de l’intimidation, pourquoi est-ce qu’il était là s’il n’y avait jamais eu de problème auparavant», a demandé Michel Levert.
La direction se défend
Joint au téléphone, M. Bédard a raconté une version des faits très semblable à celle mentionnée plus haut.
Selon lui, deux membres du conseil ont signalé qu’ils ont été «dérangés» par des gens dans l’assistance à deux reprises. Il dit donc avoir demandé à la personne qui parlait de quitter la salle, ce qu’elle a refusé de faire. Après un certain moment, il a fait appel à la police de Laval.
Il a toutefois mentionné que, de sa position dans la salle, il ne «pouvait pas nécessairement entendre les commentaires des personnes», mais que ça semblait être «des commentaires entre eux» plutôt que dirigés vers les membres du conseil.
Questionné quant aux allégations que la situation était un piège tendu par le C.A. pour mettre fin prématurément à la réunion, M. Bédard s’est défendu :
«Si c’était arrangé, ce n’est pas compliqué, [les membres du public] n’avaient juste pas à faire de commentaires et je ne les aurais pas sortis.»
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