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«À Laval, les délais d’attente sont déraisonnables»

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19 août 2014
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Par Claude-André Mayrand
LAVAL - 

Dans les coulisses des répartiteurs d’Urgences-santé, le territoire lavallois est carrément devenu une blague à répétition bien triste, selon deux téléphonistes rencontrés par L’Écho de Laval.

Les deux répartiteurs, qui ont préféré commenter le dossier des premiers répondants sous le couvert de l’anonymat, croient que le service est incontournable pour la Ville.

«Les urgences sont établies selon un code prioritaire qui est associé à un délai d’intervention maximal. À Laval, les urgences vitales ne reçoivent pas une réponse médicale d’urgence dans les délais prévus au protocole», affirme l’un d’eux, qui affirme que souvent, il n’y a même pas d’ambulance sur le territoire lavallois.

«C’est devenu un running gag (sic). On reçoit un appel de Saint-François et on espère que ça ne soit pas trop grave, car on sait que ça va être long. On aurait envie de leur dire de commencer à prier», ajoute sa collègue.

Pour une urgence qualifiée de vitale, le protocole exige une intervention des paramédics sur les lieux dans un maximum de neuf minutes, et idéalement entre cinq et neuf minutes. Selon les deux répartiteurs rencontrés, il est fréquent que le temps d’attente pour les urgences lavalloises dépasse les 20 minutes.

«J’ai souvent eu des 20, 22, 25 minutes d’urgences vitales à Laval. On reste au téléphone jusqu’à ce que les secours arrivent. On guide la personne qui a appelé, on la dirige, on l’aide, expliquent-ils. À Montréal, ça ne prend souvent que quelques minutes. Les premiers répondants prennent la relève, puis les paramédics ensuite. À Laval, on aide la personne pendant le premier cinq minutes, on fait tout ce qu’on peut selon le protocole et nos expériences personnelles, et on passe ensuite 15 minutes à offrir des mots rassurants vides du genre ’’les paramédics s’en viennent’’.»

Près du 0 %

Emmanuel Stavrakakis, qui pousse depuis quelques années pour faire avancer l’implantation d’un service de premiers répondants à Laval, estime que les chances de survie des Lavallois en situation d’urgence vitale «frôlent le 0 %».

Les deux répartiteurs d’Urgences-santé abondent dans le même sens.

«Statistiquement parlant, l’arrêt cardiaque dit que chaque minute qui passe, tu perds 10 % des chances de survie. Dix minutes, c’est 0 %», explique l’un d’eux.

«Pour les autres municipalités qui ont un service de premiers répondants, le protocole est prévu pour qu’on puisse donner des directives, affecter une ambulance et accompagner au téléphone le temps que les secours arrivent. Pour 90% des cas, c’est respecté à Montréal. À Laval, c’est souvent de l’improvisation. On finit par manquer de vocabulaire pour remplir le temps d’attente. On est entraînés à gérer le stress, mais souvent à Laval, ça dégénère. Il nous faut souvent travailler sur la personne qui appelle et qui est en train de freaker (sic). Pendant ce temps, ce sont des soins qui ne sont pas prodigués», ajoute sa collègue.

Une nécessité

Selon eux, il faut implanter un service de premiers répondants à Laval pour donner une chance équitable à un citoyen du centre-ville de Montréal et à un de Sainte-Rose ou de Saint-François.

Invités à réagir aux propos de Marc Demers, qui se dit satisfait du service ambulancier à Laval, ils croient qu’il devrait mieux analyser le dossier.

«Qu’il vienne faire un tour à la centrale pour voir la situation. Il ne veut pas voir la réalité en pleine face. S’il est satisfait de ce qui se passe actuellement, il y a des questions à se poser», croit un des deux employés d’Urgences-santé.

La situation est telle que ce sont eux qui déterminent si un citoyen a des chances de survie ou non.

«On donne toujours la chance à celui qui est plus proche de l’ambulance disponible et qui peut être sauvé. Un arrêt cardiaque de 23 minutes de déplacement [temps estimé calculé selon le trafic et la conduite d’urgence], c’est presque impossible à sauver», ajoute le répartiteur.

Sauver plus de vies

L’efficacité des premiers répondants avait été prouvée la veille de l’entretien avec L’Écho de Laval, selon eux.

«Hier [le 13 août], nous avons eu deux appels dans l’ouest de l’île de Montréal. D’abord, un inconscient en priorité 0 [le code le plus urgent] à Sainte-Anne-de-Bellevue. L’ambulance la plus proche était à 25 minutes des lieux. Cinq minutes plus tard, on reçoit un appel d’arrêt cardiaque à Beaconsfield. Un véhicule disponible était aussi à 25 minutes, mais le premier était déjà en route. Les premiers répondants de l’ouest de l’île étaient déjà sur le cas de l’inconscient pour le stabiliser, et la première ambulance appelée s’est dirigée vers Beaconsfield. Le service de premiers répondants nous a permis de sauver deux personnes. C’est efficace pour nous, mais surtout aussi pour les citoyens.»

Urgences-Santé s’occupe des services ambulanciers pour l’île de Laval et l’île de Montréal.

À Montréal, les pompiers s’occupent du service pour toutes les municipalités, à l’exception de Côte-Saint-Luc, qui possède son propre service bénévole.

«À Laval, les gens qui ont besoin de secours urgents doivent s’attendre à face à une attente déraisonnable et les citoyens devraient être ouverts à un moyen d’améliorer cela, quel qu’il soit», concluent les deux répartiteurs en commentant le projet d’Emmanuel Stavrakakis.

 

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