Il y a cinq ans survenait le tremblement de terre de Port-au-Prince
Le 12 janvier 2010 restera à jamais marqué pour des millions d’Haïtiens. Un séisme frappait la capitale Port-au-Prince emmenant dans la mort 230 000 personnes, faisant 300 000 autres blessés et créant, du même coup, 1,5 million de sans-abris.
Parmi les rescapés, Cécilia Laurent, âgée de 114 ans à l’époque, que sa famille a pu ramener en sol canadien. La dame, toujours vivante, réside à Laval. À son arrivée sur l’île Jésus, L’Écho de Laval s’était entretenu avec la centenaire qui nous avait parlé avec émotion de ce drame et de son adaptation au Québec.
En ce jour de commémoration de cette tragédie, dont les impacts sont toujours présents aujourd’hui, L’Écho publie, à nouveau, cette rencontre marquante.
Après avoir tout perdu dans le puissant tremblement de terre qui a dévasté Port-au-Prince en janvier dernier, Cécilia Laurent, une Haïtienne de 114 ans venue s’installer à Laval avec son petit-fils, est en passe de devenir la future doyenne de la municipalité, mais également de tout le Canada.
C’est avec un rire contagieux que Cécilia Laurent, née le 31 janvier 1896, entreprend sa nouvelle vie à Laval, aux côtés de son petit-fils, Ronald Cherry.
M. Cherry, Lavallois d’origine haïtienne qui vit sur la Promenade des îles depuis plusieurs années, a réussi à faire venir sa grand-mère au pays grâce au nouveau programme de parrainage du gouvernement.
« Je suis triste de quitter mon pays, mais très heureuse d’avoir retrouvé mon petit-fils », a expliqué la dame, tout en racontant qu’il ne reste que quelques débris de sa maison de Port-au-Prince.
Miracle
Cécilia Laurent a d’ailleurs eu beaucoup de chance, selon son petit-fils. Vu son âge avancé, c’est presque un miracle que cette femme ait survécu à une pareille catastrophe.
« Nous pensions que c’était la fin. Ce n’est pas facile à son âge de se déplacer. Je ne sais pas comment elle a fait. C’est miraculeux que je puisse la serrer à nouveau dans mes bras », a-t-il affirmé, qualifiant sa grand-mère « d’enfant de dieu ».
Le sourire aux lèvres, la dame de 114 ans, qui se déplace avec une canne, croit qu’elle pourra vivre et chanter encore bien des années avant de quitter ce monde.
« J’ai eu peur de mourir, mais j’ai survécu alors que tout le monde mourrait près de moi. Si je suis encore là, c’est que je vais vivre encore bien des années », a raconté Mme Laurent, expliquant que sa longue vie lui en aura fait voir de toutes les couleurs.
Sa fille, Violette Princivil-Jean-violette, qui l’accompagne depuis Port-au-Prince, croit qu’ « il n’y a pas de femme plus grande que Cécilia ».
« Nous n’avons plus rien. Plus d’argent, plus de maison, mais elle garde le sourire. Ce n’est pas facile de vivre tous ces changements et de s’adapter à une nouvelle vie. Imaginez à 114 ans », a mentionné Violette, soulignant la force de sa mère.
Embrassant et serrant dans ses bras chaque personne venue lui souhaiter la bienvenue, Cécilia Laurent remercie le Canada pour cet accueil si chaleureux.
« Merci Canada. Merci de m’avoir sauvée », a-t-elle chantonné, soulignant que c’est grâce à Raymonde Folco si elle a pu venir si rapidement au Canada.
La députée libérale de Laval-Les Iles a en effet donné un sérieux coup de main à M. Cherry dans ses démarches de parrainage.
Adaptation
Si Mme Laurent éprouve des difficultés à s’adapter au climat québécois, il n’est pas question pour son petit-fils qu’elle retourne en Haïti.
M. Cherry a d’ailleurs déjà fait une demande pour que sa grand-mère obtienne la citoyenneté canadienne.
« Ce serait injuste de la retourner en Haïti. C’est très éprouvant de faire le voyage à son âge. Mon plus grand désir serait qu’elle reste ici avec nous », a mentionné M. Cherry, expliquant que sa grand-mère est en bonne santé et qu’il compte bien s’en occuper.
Si sa demande est acceptée, Cécilia Laurent deviendra donc, à 114 ans, la personne la plus âgée de Laval, mais également au pays, la doyenne au Canada étant âgée de 109 ans.