Objet : Lettre ouverte à Madame Louise Lortie, présidente de la commission scolaire de Laval et Monsieur Jean-François Rouleau, commissaire pour la circonscription de Ste-Rose.

Madame, Monsieur,

Lors de la soirée de financement "Vin et fromage" de la Fondation de l'École Le Baluchon du 17 avril 2015, à laquelle vous avez assisté comme représentant de la Commission scolaire de Laval, j'ai prononcé, à la demande du comité organisateur, un témoignage sur la place et l'importance qu'occupent les enseignants et les enseignantes de cette école et j'ai également rédigé, dans le même esprit, le mot de bienvenue du programme de la soirée.

Lors de cette allocution et dans le respect du mandat donné, j'ai fait le choix de ne pas vraiment me prononcer sur l'aspect politique des conditions de travail actuelles des enseignants, et surtout des négociations de leur convention collective.

Chacun de vous, présent comme représentant de la commission solaire, est venu me dire personnellement combien, en tant que parent, il a été touché par les paroles prononcées.

Vous avez tous deux salué ce témoignage sur la richesse humaine au Baluchon, la présence, l'engagement, le professionnalisme exceptionnels des enseignants de l'école Le Baluchon, et l'importance d'avoir une communauté forte pour que les enfants reçoivent l'appui nécessaire dans leurs apprentissages, qu'ils deviennent des citoyens responsables, autonomes et engagés.

À chacun de vous, comme parent m'adressant directement à un représentant de la commission scolaire, j'ai alors répondu qu'il était important de défendre ces enseignants et enseignantes, de s'assurer qu'ils reçoivent les ressources nécessaires et des conditions de travail adéquates.

Votre silence à cette invitation à les défendre a été très éloquent et très significatif. Oui, nous reconnaissons la richesse et l'apport des enseignants à la communauté et à la société québécoise, mais non nous ne pouvons pas les défendre politiquement.

En tant que parent et citoyenne, je vais préciser ici ma pensée. Je considère que les propositions faites aux enseignants et aux enseignantes, entres autres, d'augmenter leurs tâches sans compensation financière et de réduire l'accès aux ressources pédagogiques sont une insulte à leur intelligence, à leur générosité et à leur humanisme. De plus, ces propositions auront un impact direct sur l'apprentissage des élèves, sur les ressources déjà manquantes dans les écoles, et sur la réussite des élèves.

Ces propositions viennent sous-entendre la proposition suivante: vous en faites déjà beaucoup bénévolement, faites-en encore plus, toujours bénévolement !

Les enseignants et enseignantes posent actuellement des limites très claires de ce qu'ils sont capables de donner comme être humain dans le cadre de leur travail.

N'épuisons pas nos ressources humaines même si elles sont, pour le moment, renouvelables !

Une société où les relations entre les individus et les institutions sont encore basées sur la reconnaissance, la richesse individuelle et collective, le désir de développer des liens forts et harmonieux est, pour moi, le prolongement de la richesse humaine présente au sein de la communauté du Baluchon.

J'espère très sincèrement que vos choix humains et politiques iront en ce sens, que vos paroles et actes participeront à entretenir une société humainement riche, à donner aux enseignants et enseignantes et aux enfants des conditions de travail et d'apprentissage équilibrées (entre besoins et services).

Alors que le gouvernement libertarien qui dirige actuellement la société québécoise prône la liberté individuelle au détriment de la collectivité, je vous demande de soutenir formellement et officiellement les enseignants et enseignantes de votre commission scolaire afin que les revendications de leurs conditions de travail soient entendues et puissent non seulement contribuer à la richesse de notre société, mais également leur permettre de continuer à transmettre les valeurs essentielles d'une société en santé (le bien-être collectif, la liberté d'expression et la démocratie).

Bronja Hildgen

Parent à l'école alternative Le Baluchon