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Un manque de 15 000 travailleurs au cours des 10 prochaines années

Pénurie de main-d’œuvre dans la construction : la situation est "alarmante" d'après l’ACQ

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30 octobre 2019
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Par Salle des nouvelles

Quelques semaines après avoir dévoilé les résultats d’une étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) démontrant le manque de près de 20 000 travailleurs dans l’industrie de la construction, l'Association de la construction du Québec (ACQ) a présenté hier le portrait de la situation pour la Grande région de Montréal.

Selon l’étude de RCGT, il manquera en moyenne près de 15 000 travailleurs au cours des 10 prochaines années dans la région métropolitaine pour répondre à la demande.

Un nombre d'heures record à prévoir pour les 10 prochaines années

Malgré la menace d’un ralentissement de l’économie mondiale, l’étude de RCGT démontre que les heures travaillées au Québec, particulièrement dans le Grand Montréal, demeureront au-dessus des seuils historiques de 2011-2012, et ce, pour les 10 prochaines années. Ces niveaux records d’heures travaillées continueront de mettre une pression énorme sur les entreprises de construction.

Selon l’économiste de l’ACQ, Jean-Philippe Cliche, « nous observerons un ralentissement dans le secteur résidentiel, mais dans le secteur institutionnel-commercial et industriel, que représente l’ACQ, le nombre d’heures travaillées demeurera au-dessus des seuils historiques de la région, et ce, notamment grâce aux investissements gouvernementaux ».

En effet, le pic de demande de main-d’œuvre en heures serait atteint en 2028, avec 111 868 990 heures travaillées au total dans cette région dans les quatre secteurs de construction (génie civil et voirie; industriel; institutionnel-commercial et résidentiel) contre 109 568 772 heures en 2019 et 102 858 319 en 2022. Le grand creux serait certes observé, toujours d'après les mêmes prévisions, dans le secteur résidentiel avec 11 445 297 heures en 2028, contre 18 173 802 en 2019. Mais le secteur où le nombre augmentera le plus en heures sera l'institutionnel-commercial avec 72 257 244 heures en 2028.

Sachant qu'en 2019, il manquait plus de 20 000 travailleurs sur les chantiers dans la région du Grand Montréal.

Un manque à gagner de près de 14 000 travailleurs en 2023, selon l'ACQ

Lorsque l’on compare les moyennes d’heures travaillées des 10 dernières années, on remarque qu’il y aura un manque à gagner important de travailleurs pour les années à venir. En 2019, l’ACQ estime qu’il aurait fallu environ 20 000 travailleurs de plus pour arriver à des moyennes d’heures travaillées dites « normales ».

L’ACQ croit qu’il y aura toujours un manque à gagner de près de 14 000 travailleurs en 2023, alors qu’en 2028, ce sont plus de 17 000 travailleurs de plus qui seront nécessaires à l’industrie pour arriver à des moyennes travaillées dites « normales », et ce, si les tendances observées en matière de recrutement de la main-d’œuvre ne changent pas dans le futur.

« En effectuant une moyenne des 10 prochaines années, ce sont près de 15 000 travailleurs de plus dont l’industrie aurait besoin dans la région du Grand Montréal pour répondre à la demande. Dans la grande région métropolitaine, ce sont presque tous les métiers de la construction qui souffrent d’un manque de main-d’œuvre », observe l’économiste de l’ACQ.

Parmi les métiers les plus sollicités, on note des besoins importants pour les métiers suivants : calorifugeur, chaudronnier, ferrailleur, mécanicien d’ascenseur, mécanicien de chantier,  opérateur d’équipement lourd, peintre, poseur de revêtement souple, soudeur et grutier.

Les conséquences d’une industrie qui roule à plein rendement

Un an après avoir tiré la sonnette d’alarme, l’ACQ explique que la situation est maintenant plus problématique que jamais et que les entrepreneurs en construction vivent difficilement avec les conséquences de cette pénurie.

Selon un sondage de la Commission de la construction du Québec (CCQ) datant du mois d’août 2019, les entrepreneurs en construction sont unanimes : seulement 1 % d’entre eux croient que les difficultés à embaucher sont moins intenses que dans les 12 derniers mois. Dans le même sondage, 77 % affirment ne pas avoir été en mesure de pourvoir tous leurs postes de compagnons, 67 % leurs postes d’apprentis et 72 % leurs postes d’occupation.

Or, les conséquences sont majeures : les entrepreneurs affirment que leur entreprise est moins rentable ou concurrentielle (62 %), ils refusent des contrats (61 %), travaillent plus d’heures eux-mêmes (60 %), alors que plus de la moitié d’entre eux affichent des retards dans la livraison de leurs contrats (58 %). Pour faire face à la pénurie, ils reportent ou étalent des contrats (55 %) ou embauchent et forment des travailleurs moins expérimentés (44 %).

En ce sens, l’ACQ invite le gouvernement Legault à s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction en priorité puisque des investissements importants sont prévus en matière d’infrastructures gouvernementales, notamment dans les infrastructures scolaires.

Un virage technologique, une solution incontournable

Selon l’ACQ, un virage technologique de grande envergure est une solution incontournable à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction. En fait, l’ACQ fonde beaucoup d’espoir sur l’utilisation des technologies et des nouvelles techniques de production, car elle permettrait non seulement d’améliorer la productivité en chantier, mais elle permettrait aussi d’atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre.

À cet égard, elle invite les différents paliers de gouvernement à se pencher rapidement sur des solutions pour aider les entreprises, notamment les entreprises de cinq employés et moins, à procéder à un virage technologique important au cours des prochaines années.

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