Au CISSS de Laval
Salaire et garantie de travail des préposés aux bénéficiaires: « de la poudre aux yeux »

Par Inès Lombardo, Journaliste
Le porte-parole du syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS Laval, Jean-François Houle, confirme que la promesse du gouvernement de garantie de travail et de salaire à 26$ de l'heure du gouvernement aux préposés aux bénéficiaires entrés en formation le 15 juin est de la « poudre aux yeux ».
Au début de sa carrière, un préposé aux bénéficiaires (PAB) gagne environ 20,50 $, sans les primes. Fin mai, pour recruter 10 000 PAB, le gouvernement Legault a proposé un salaire de 26$ aux PAB volontaires pour démarrer une formation accélérée de trois mois. Le but est de renflouer les rangs d'un corps de métier sous-valorisé et à bout de souffle après la pandémie.
Des conditions inconnues des «nouveaux»
« On demande un calcul clair, explique Jean-François Houle. D'où viennent ces 26$ ? D'après nous, ce "salaire" n'en est pas un, car il correspondrait à un salaire auquel toutes les primes auraient été ajoutées. Ce n'est donc pas un revenu réel, car encore faut-il toucher ces primes ! »
Les primes sont temporaires, notamment celle liée à la COVID-19, dans un contexte où la crise dans les CHSLD s'atténue lentement, mais sûrement.
« Les travailleurs des CHSLD peuvent recevoir la prime de 8% par heure travaillée dans les zones touchées durement par le virus, rappelle le porte-parole. Il y a aussi la prime de 2%, celle des nuits et des soirs, les bénéfices marginaux... En les additionnant toutes, là oui, nous atteignons les 26$ environ. Les nouveaux PAB ne savaient pas que ce 26$ était soumis à ces conditions. »
Débouché incertain
Le deuxième souci relevé par Jean-François Houle est l'absence de garantie de travail à la suite de la formation accélérée de trois mois aux nouveaux PAB.
En effet, le gouvernement Legault avait misé, lors de son appel à 10 000 PAB fin mai, sur un débouché certain dans la majorité des cas. Mais le syndicat des travailleurs et travailleuses du CISSS de Laval pointe une autre réalité : « Il n'y aura pas forcément d'heure pour eux », soutient-on. Les affectations des anciens devrait avoir une priorité.
« On ne peut pas dire aux travailleuses ou travailleurs plus anciens qui figurent sur la liste de rappel que leurs heures seront attribuées aux nouveaux préposés alors qu'ils attendent d'être affectés... Il y a eu de la désinformation », précise Jean-François Houle.
Ce dernier craint le départ des plus anciens PAB, qui serait une catastrophe pour le CISSS.
Les demandes du syndicat visent en premier lieu une augmentation du salaire de base de 5$ sur trois ans. Selon ses membres, si le gouvernement l'accorde, les PAB auront un salaire qui frôleront les 26$, sans prime. De fait, l'annonce serait respectée. Cette demande implique une négociation au niveau national.
Un réhaussement des temps complets sur le plancher est le deuxième but. Ce serait une manière d'intégrer les PAB par ordre d'ancienneté en priorité.
En guise de réponse, le CISSS de Laval a annoncé la création d'environ 100 postes à temps complets, sans toutefois préciser la structure de cette nouvelle. Pour Jean-François Houle, il serait impensable que de plus anciens PAB ne soient pas pris en compte à temps complet.
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