Une découverte montréalaise élucide l'épuisement des cellules immunitaires

Par La Presse Canadienne
Des chercheurs montréalais ont mis le doigt sur un facteur qui explique pourquoi les cellules immunitaires chargées de combattre les infections chroniques et même le cancer finissent par s'épuiser et perdre de leur efficacité.
Cet «épuisement» limite notamment l'impact que peut avoir l'immunothérapie, qui compte pourtant parmi les développements les plus prometteurs de la dernière décennie dans la lutte contre le cancer.
«(Les cellules T CD8+) sont des cellules tueuses qui sont assez importantes pendant des infections chroniques et qui jouent aussi un rôle important contre certains cancers, et on voulait savoir comment elles sont régulées», a expliqué l'auteure principale de l'étude, la professeure Simona Stäger, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).
En présence d'une infection chronique, a-t-on expliqué par voie de communiqué, le métabolisme des lymphocytes T s'épuise; les cellules produisent moins de cytokines (des messagers chimiques essentiels à la réponse immunitaire); et leurs «centrales énergétiques» (les mitochondries) fonctionnent moins bien.
«Ces cellules sont constamment stimulées quand il y a une infection chronique, a dit la professeure Stäger. Il y a une sorte d'inflammation chronique qui se forme, (...) toutes les cellules sont au même endroit pour combattre le virus, et elles finissent par s'épuiser.»
La professeure Stäger et ses collègues du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS et de l’Université McGill ont maintenant découvert que le facteur de transcription IRF-5 serait capable de préserver l’énergie et la vitalité des lymphocytes T en agissant directement sur leur métabolisme.
IRF-5, a précisé la professeure Stäger, aide les cellules T à garder leur énergie et leur capacité à combattre, même en situation de stress prolongé. En revanche, l'absence d'IRF-5 contribue à augmenter l'épuisement des cellules.
«Le processus d'épuisement est très complexe, a-t-elle expliqué. Les cellules finissent par mourir parce qu'elles doivent constamment combattre. Et tout ça est graduel.»
Les chercheurs espèrent que ces travaux contribueront à mieux comprendre comment moduler le métabolisme cellulaire afin de soutenir et renforcer la réponse immunitaire lors d’infections chroniques ou de cancers.
«Lors de travaux futurs, on aimerait voir si on peut moduler l'expression de IRF-5 pour empêcher la cellule de s'épuiser, a dit la professeure Stäger. Enlever complètement le processus d'épuisement pourrait être dangereux, mais on voudrait au moins le ralentir.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique EMBO Journal.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne