Cancer, vol, incendies : le long calvaire de Joey

Par Claude-André Mayrand
En l’espace de quelques semaines, Joey (nom fictif) a vécu deux incendies, subi un vol et reçu un diagnostic de cancer. À bout de ressources, l’homme tente de retrouver une vie normale entre ses problèmes de santé et la paperasserie que lui impose son statut de réfugié au pays.
Le 20 novembre dernier, Joey s’est fait réveiller en pleine nuit, alors qu’il dormait paisiblement dans sa chambre avec sa femme et sa fille de 5 ans, récemment arrivées d’Haïti pour le visiter.
Des poubelles avaient pris feu sur le balcon de l’appartement qu’il louait au 5336 boulevard Lévesque Est, à Saint-Vincent-de-Paul, chassant la famille du lit.
«C’était pénible pour moi, ma famille venait à peine d’arriver. On se retrouvait dehors en sous-vêtements, pieds nus, on venait de perdre toutes nos affaires et nous n’étions pas assurés», confie-t-il.
Sa famille et lui ont été pris en charge par Urgences sociales de la Ville de Laval pendant trois jours, avant de déménager dans un nouveau logement.
Avec l’aide de la Croix-Rouge, la famille avait pu se procurer de nouveaux vêtements et des chaussures.
Alors qu’il s’installait dans son nouvel appartement, Joey s’est fait voler le peu d’items qu’il lui restait.
Aidé par des amis, il recommence tout à nouveau et réinstalle sa famille dans le même logement où il venait de se faire voler, au 82, boulevard Léger.
Dans la nuit du 5 au 6 janvier, un feu éclate chez son voisin d’en dessous au terme d’une longue chicane dont il avait été témoin. C’est lui qui a contacté le 9-1-1.
«On a été obligés de quitter rapidement notre appartement en pleine nuit, encore une fois, sans souliers, raconte l’homme d’origine haïtienne.
On a perdu plusieurs biens en raison de la fumée, et le logement est demeuré ouvert et au froid pendant plusieurs jours, ce qui a abîmé nos avoirs.»
Le meilleur réconfort
Originaire de Port-au-Prince, Joey est arrivé au Canada comme réfugié en novembre 2008.
Tous ces déboires surviennent pendant qu’il devait vivre les moments les plus heureux de sa vie, soit l’arrivée de sa femme et de sa fille, qu’il n’avait encore jamais vue, ayant fui Haïti pendant la grossesse de sa conjointe.
«Le seul bien-être que j’ai présentement, c’est d’enfin voir ma fille et pouvoir la serrer dans mes bras», explique le Lavallois qui tente de leur faire obtenir un statut de réfugiées.
Joey a fui son pays natal à la hâte, en 2008, au cœur de tensions entre son peuple et l’ambassade américaine, où il travaillait comme agent de sécurité.
«L’ambassade américaine était considérée comme des malfaiteurs. Quand [Jean-Bertrand] Aristide a été renversé, ses partisans pensaient que c’était à cause des magouilles des Américains, raconte-t-il. Ils accusaient les Haïtiens qui travaillaient à l’ambassade de donner des informations aux Américains et j’ai dû fuir car je commençais à recevoir des menaces.»
Cancer à 40 ans
Sans le sou et incapable de travailler en raison de son cancer du poumon, il réside présentement chez un ami, à Chomedey.
«Ce n’est pas facile pour moi de vivre toutes ces situations en même temps, exprime celui qui occupait un emploi de manutentionnaire. Je suis en congé de travail pour me reposer, et je n’arrive pas à le faire.»
Joey devra subir une opération en mars pour son cancer, qui lui cause bien des problèmes.
Son statut de réfugié lui impose de passer par plusieurs étapes de la bureaucratie médicale afin de prouver qu’il a droit aux soins de santé de la Régie de l’assurance-maladie du Québec.
Il se bat aussi toujours pour devenir résident permanent d’ordre humanitaire du pays.
Il a bien hâte de voir la lumière au bout du tunnel.
«Ce sont les moments les plus difficiles de ma vie. Je vais sortir de ces épreuves plus fort. Quand tu tombes, tu dois apprendre à te relever», conclut-il, sa fille collée près de lui.
Le 30 janvier, Joey a signé un bail pour un nouveau logement, duquel il prendra possession sous peu.
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