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Accès aux soins en anglais: «une situation qui nous préoccupe», dit le PLQ

durée 17h13
9 août 2024
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le Parti libéral (PLQ) se dit préoccupé par une directive gouvernementale qui sème l'inquiétude sur l'accès aux soins de santé en anglais.

Alors que plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer vigoureusement la directive, le président du PLQ, Rafael P. Ferraro, a réagi de façon modérée, tandis que le président de la Commission politique du PLQ, André Pratte, a été plus critique en y voyant «un exemple patent de l'approche tatillonne et déshumanisante».

La directive précise dans quelles circonstances le personnel de la santé peut offrir des services dans une langue autre que le français, «langue officielle et commune au Québec».

Des membres de la communauté anglophone ont exprimé leur colère et deux députés libéraux fédéraux leurs craintes.

Le PLQ, qui historiquement défend la communauté anglophone et a toujours fait élire de nombreux députés dans l'ouest de l'île de Montréal, est pour sa part resté prudent.

«Il semble que ça a causé toutes sortes d'enjeux au sein de cette communauté, il y a des préoccupations qui sont tout à fait légitimes», a constaté Rafael P. Ferraro, en entrevue avec La Presse Canadienne.

«C'est une situation qui nous préoccupe (...). Manifestement, il y a des difficultés d'application, je ne sais pas, ou peut-être une mauvaise interprétation.»

Il a affirmé que les personnes ont le droit de recevoir des services de santé «en français ou en anglais s'il s'agit de leur première langue».

M. Ferraro a accordé le bénéfice du doute au gouvernement sur le droit de recevoir des services dans sa langue.

«Je crois que c'est même une préoccupation de la part du gouvernement qui a fait des déclarations en ce sens.»

De fait, vendredi, trois ministres du gouvernement Legault ont tenu à mettre les pendules à l’heure, en publiant une lettre, en anglais et destinée aux médias anglophones, dans laquelle ils réaffirment le droit de toute personne d’expression anglaise de recevoir des soins de santé et des services sociaux en anglais.

Un «profond malaise», selon André Pratte

Le président de la Commission politique du PLQ, André Pratte, soutient pour sa part que des dispositions de la directive suscitent «un profond malaise».

Dans un long texte publié dans le réseau social X, anciennement Twitter, il conclut qu'en vertu de cette directive, le droit d'être servi dans une autre langue que le français est «noyé dans une foule d'autres considérations que le personnel du réseau aura bien du mal à démêler».

Il déplore notamment que la directive ne rende pas obligatoire l'usage d'une autre langue dans les situations où la santé du patient est en jeu, mais le «permet» plutôt.

Selon le document, une langue autre que le français ne peut être utilisée dans les milieux de soins de santé que lorsque «la santé, la sécurité publique ou les principes de justice naturelle l’exigent», y compris en cas d’urgence.

«La directive est un exemple patent de l'approche tatillonne et déshumanisante» de la réforme de la Charte de la langue française du gouvernement Legault, a tranché M. Pratte à la fin de son commentaire.

Rappelons que cette loi exige que les agences gouvernementales, y compris les services de santé, communiquent avec le public en français, sauf dans certaines situations.

La directive stipule également que les membres de la communauté anglophone historique du Québec doivent fournir un certificat prouvant leur admissibilité à fréquenter l’école anglaise de la province s’ils souhaitent recevoir tous les services médicaux exclusivement en anglais.

La directive comprend un certain nombre d’exemples de situations dans lesquelles l’anglais ou une autre langue peut être utilisé. Dans l’un d’eux, une jeune fille de 14 ans souhaite avorter et est accompagnée par une personne qui ne parle pas français. Dans ce cas, des instructions pour les soins de suivi peuvent être données à la personne de soutien dans sa langue.

Dans un autre exemple, un garçon de 10 ans a besoin de soins médicaux d’urgence. Dans ce cas, les professionnels de la santé sont autorisés à demander le consentement de son père anglophone en anglais.

De plus, les immigrants dans la province ne peuvent recevoir des soins de santé dans une langue autre que le français que pendant les six premiers mois après leur arrivée.

Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a insisté sur le fait que son gouvernement n’impose pas de barrières aux personnes qui souhaitent recevoir des soins de santé en anglais. Il a précisé que la directive exige uniquement que les communications administratives soient en français, et non toutes les formes de soins.

À l’époque, le premier ministre François Legault avait insisté sur le fait que l’accès aux soins de santé ne serait pas affecté par la nouvelle loi.

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne