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Alexeï Navalny est «immortel», dit le réalisateur du documentaire sur l'opposant

durée 06h00
17 février 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Le réalisateur canadien d'un documentaire primé aux Oscars sur Alexeï Navalny a un message pour le président Vladimir Poutine alors que le leader de l'opposition russe est mort tandis qu'il purgeait une peine de prison dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique.

«Vous pensez peut-être avoir résolu un problème, mais Alexeï Navalny est immortel et le monde s'en vient», a déclaré vendredi Daniel Roher lors d'un appel vidéo depuis son domicile de Toronto.

Daniel Roher, dont le film «Navalny» a remporté l'Oscar du meilleur long métrage documentaire en 2023, s'est dit stupéfait par les informations faisant état de la mort de l'ennemi de premier plan de Poutine, même s'il l'avait anticipée.

«Je suis surpris de voir à quel point je suis sous le choc», a déclaré le cinéaste né à Toronto.

«Pour tous ceux qui ont suivi l'histoire d'Alexeï ou qui ont vu notre film, la possibilité de sa mort, de son assassinat, était très apparente et très présente. Tout de même, je ne croyais pas que cela arriverait, a-t-il confié.

«J'ai gardé espoir et optimisme que la fin de l'histoire de Navalny serait qu'il sorte de prison et qu'il soit capable d'une manière ou d'une autre de se présenter en Russie lors d'élections libres et équitables, de devenir président et de devenir l'un des grands dirigeants du 21e siècle.»

L'agence pénitentiaire russe a déclaré que M. Navalny, qui purgeait une peine de 19 ans, est décédé vendredi. Des alliés de M. Navalny ont affirmé qu'ils n'avaient pas de confirmation indépendante de sa mort.

Plusieurs dirigeants à travers le monde ont salué le courage du critique du Kremlin – qui a été largement reconnu pour ses enquêtes sur la corruption au sein de l'élite politique russe – et ont imputé la mort de M. Navalny à Poutine et à son régime.

Dans des commentaires diffusés vendredi matin sur les ondes de CBC au Manitoba, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que cette tragédie «rappelle au monde entier à quel point Poutine est un monstre».

Daniel Roher a fait écho aux sentiments de M. Trudeau.

«Poutine ne l'aurait pas assassiné si Navalny n'avait pas été en position de pouvoir et d'influence, et cela montre à quel point il a peur et à quel point il est petit», a déclaré le réalisateur.

«Navalny» est un documentaire inédit sur le leader de l'opposition russe et les événements entourant son empoisonnement en 2020 avec un agent neurotoxique Novitchok, qu'il a imputé au Kremlin.

Daniel Roher a indiqué qu'il avait initialement contacté M. Navalny en 2020 par l'intermédiaire du journaliste bulgare Christo Grozev, qui enquêtait à l'époque sur l'empoisonnement de l'opposant russe. Les deux sont allés à la rencontre de M. Navalny en Allemagne, où il était en convalescence. C'est là que Daniel Roher a présenté son argumentaire pour le documentaire.

«Je lui ai proposé une vision du futur où il est de retour en Russie, il est en prison, il a besoin d'une sorte de véhicule pour garder son nom dans la conscience mondiale. Et je pense qu'il a compris et apprécié ce discours. Nous avons commencé le tournage le lendemain», a-t-il relaté.

«Vous n’avez pas le droit d’abandonner»

Une scène du film où M. Navalny livre un message à ses partisans en cas de décès a été largement diffusée en ligne vendredi.

«J’ai quelque chose de très simple à vous dire: vous n’avez pas le droit d’abandonner», dit M. Navalny dans l'extrait en regardant la caméra.

Daniel Roher a affirmé qu'il était «très inconfortable» de demander à M. Navalny de parler de sa propre mortalité dans le film, mais ils savaient tous les deux que sa mort dans un avenir rapproché était une possibilité très réelle.

«Le caractère prophétique de cela devient très clair, a-t-il déclaré. Ce sont ses derniers mots et c'est son message au monde. J'ai certainement toujours espéré que ce ne soit pas nécessairement sa déclaration finale, mais c'est ce qu'est le film maintenant.»

Alex Nino Gheciu, La Presse Canadienne