Aucune preuve étayant une mystérieuse maladie cérébrale au Nouveau-Brunswick


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
FREDERICTON — Aucune preuve ne vient étayer les allégations d'une mystérieuse maladie cérébrale au Nouveau-Brunswick, selon une nouvelle étude qui suggère que les médias pourraient avoir contribué à alimenter les craintes des patients.
Publiée mercredi dans la revue JAMA Neurology, l'étude a examiné les cas de 25 patients évalués dans deux hôpitaux du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario et a révélé que leurs symptômes pouvaient être liés à plusieurs affections neurodégénératives et non neurodégénératives connues.
«Des inquiétudes infondées selon lesquelles une mystérieuse maladie potentiellement mortelle, possiblement induite par une toxine environnementale, serait à l'origine des symptômes neurologiques des patients ont été amplifiées dans les médias traditionnels et sociaux», indique l'étude.
Près de 400 habitants du Nouveau-Brunswick, principalement dans la Péninsule acadienne et la région de Moncton, ont signalé des symptômes de ce que le ministère de la Santé de la province a appelé un «syndrome neurologique de cause inconnue». Leurs symptômes comprenaient des troubles de la mémoire, des problèmes d'équilibre, des changements de comportement, des spasmes musculaires et des accès de douleur intense.
Sous l'ancien gouvernement progressiste-conservateur, en 2022, le ministère de la Santé a déclaré qu'une équipe de six neurologues et d'autres experts de la santé n'avait trouvé aucune preuve de l'existence d'un groupe de cas après avoir examiné 48 patients, dont 46 adressés par un seul neurologue. Mais lorsque la liste des patients présentant des symptômes a atteint près de 400, les libéraux, qui ont remporté les élections provinciales de l'année dernière, ont promis de rouvrir l'enquête.
L'étude du JAMA, menée par des auteurs affiliés à l'Université de Toronto, au Réseau de santé Horizon du Nouveau-Brunswick et à d'autres institutions canadiennes, semble corroborer les recherches initiales menées sous le gouvernement conservateur. Les données de l'étude ont été recueillies entre novembre 2023 et mars 2025 et comprenaient les dossiers médicaux initiaux et les suivis, ainsi que des données démographiques et des rapports d'autopsie, lorsqu'ils étaient disponibles.
L'étude indique que des affections bien connues, telles qu'un traumatisme crânien et un cancer métastatique, ont été identifiées chez les 25 patients, évalués au Réseau de santé Horizon du Nouveau-Brunswick et au Réseau universitaire de santé de l'Ontario. De plus, il existe des «preuves solides» contre une exposition à une toxine environnementale. L'état de certains patients est «complexe» et justifie un deuxième avis, selon l'étude. «Cependant, il semble que peu de patients aient sollicité ce type d'avis.»
La réputation de cette maladie comme une «mystérieuse maladie cérébrale» peut être attribuée à plusieurs facteurs, tels qu'une perte de confiance dans les institutions de santé publique après la pandémie de COVID-19 et une désinformation généralisée, selon l'étude.
«La désinformation concernant ce groupe a proliféré dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux, non seulement de la part de groupes prévisibles et facilement identifiables qui instrumentalisent la crise à leur avantage, comme les opposants à la vaccination, mais aussi de ceux qui amplifient sans le savoir un diagnostic erroné posé par leur médecin», précise l'étude.
Les données ont montré que les patients pourraient souffrir d'autres affections neurologiques diagnostiquables et pourraient potentiellement bénéficier d'un traitement multidisciplinaire, selon l'étude. Elle a également noté que «certains patients» ayant sollicité un deuxième avis ont rejeté le diagnostic, préférant croire qu'ils souffraient d'une maladie neurologique inconnue.
«Des stratégies de communication claires et transparentes sont nécessaires pour signaler les réévaluations indispensables, écrivent les auteurs de l'étude. L'éducation, le réconfort et le soutien en santé mentale devraient également être prioritaires pour les patients et les familles profondément touchés par les allégations selon lesquelles une maladie mystérieuse potentiellement mortelle continue de les affecter.»
Le rapport de 2022 du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick attribuait certains des symptômes à d'autres maladies, notamment la maladie d'Alzheimer, la démence, la maladie de Parkinson, la schizophrénie paranoïaque, la fatigue chronique, le trouble anxieux grave et le cancer.
Le médecin hygiéniste en chef de la province, le Dr Yves Léger, a déclaré en mars que son bureau examinerait 222 dossiers auprès de l'Agence de la santé publique du Canada concernant cette maladie et que les résultats pourraient être attendus d'ici la fin mai.
Hina Alam, La Presse Canadienne