Carney a du pain pour la planche pour atteindre les objectifs de l'OTAN


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Lorsque les représentants des pays de l'OTAN se réuniront à La Haye à la fin du mois prochain, ils devraient augmenter considérablement l'objectif de dépenses de défense de l'alliance pour ses membres, alors que le Canada n'atteint déjà pas la cible en place à l'heure actuelle.
Lors du dernier sommet de l'OTAN à Washington l'année dernière, les alliés se sont mobilisés pour critiquer le Canada, qui n'a pas atteint l'objectif de dépenses de défense de l'alliance de 2 % du PIB national.
Lorsque le premier ministre Mark Carney participera au sommet de l'OTAN le mois prochain, il sera probablement sous pression pour s'engager à atteindre un nouvel objectif de dépenses de défense de 5 % du PIB national.
«Nous sommes vraiment à part», a déclaré David Perry, président de l'Institut canadien des affaires mondiales. Il a ajouté que le Canada sera confronté à un «défi de taille» pour atteindre ce nouvel objectif.
Le président américain Donald Trump affirme depuis des mois qu'il souhaite voir les pays de l'OTAN augmenter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB.
Lundi, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a dit croire que les pays alliés s'entendront lors de la réunion du mois prochain sur un nouvel objectif de 5 %.
Les données annuelles de l'OTAN montrent que le Canada n'atteint toujours pas son engagement actuel; les dépenses de défense ne représentaient que 1,3 % du PIB en 2024. Le Canada n'a pas non plus atteint l'objectif de l'alliance en matière de dépenses d'équipement.
«La dernière fois que des statistiques ont été publiées, nous étions l'un des deux seuls pays à ne respecter aucun de ces engagements. Tous les autres en respectent au moins un, a souligné M. Perry. Nous sommes de plus en plus extraordinairement isolés, par notre retard sur tous les autres.»
Une «porte de sortie» pour Carney
Anessa Kimball, professeure de relations internationales à l'Université Laval, estime que le Canada devrait se préparer à faire valoir qu'il devient beaucoup plus difficile d'investir davantage dans l'armée en pleine guerre commerciale.
Mme Kimball a ajouté qu'Ottawa devrait exploiter les appels de M. Trump à une augmentation des dépenses militaires au sein de l'alliance pour dénoncer le programme tarifaire de Washington.
Anessa Kimball, autrice d'un livre sur le partage des responsabilités de défense entre les membres de l'OTAN, a également souligné que M. Carney pourrait avoir une excuse toute prête pour ne pas avoir atteint l'objectif de l'OTAN.
En tant que gouverneur de la Banque d'Angleterre, M. Carney était occupé au Royaume-Uni à gérer les retombées économiques du Brexit lorsque Justin Trudeau était au pouvoir à diriger les dépenses militaires du Canada.
«Si je pense que cela lui confère une crédibilité macroéconomique importante, cela lui offre aussi une porte de sortie. En gros, il peut dire: "Trudeau et le Parti libéral m'ont laissé dans une situation difficile et ils savaient qu'ils devaient faire cela"», a avancé la spécialiste.
«Carney ne pourrait pas faire pire en termes de persuasion que Trudeau. Trudeau s'est montré totalement peu convaincant l'année dernière», a-t-elle ajouté.
Peu de marge de manœuvre
Lors du sommet de l'OTAN de 2024 à Washington, après qu'une série de politiciens américains eurent critiqué le Canada pour son manquement à ses engagements, Justin Trudeau s'était engagé à atteindre l'objectif de 2 % d'ici 2032.
Son gouvernement avait suggéré que cela pourrait se faire en achetant jusqu'à 12 nouveaux sous-marins – un projet d'acquisition pour lequel aucune échéance n'a été fixée.
M. Trudeau avait alors déclaré que les dépenses de défense du Canada étaient basées sur ses besoins, «et non sur des objectifs nominaux qui facilitent les manchettes et les pratiques comptables, mais qui ne renforcent pas automatiquement notre sécurité».
Pendant la campagne électorale du printemps, M. Carney s'est engagé à atteindre 2 % d'ici 2030.
Mais selon M. Perry, le premier ministre Carney aura probablement très peu de marge de manœuvre à La Haye, même dans une salle remplie d'alliés qui savent qu'il est nouveau à ce poste.
«Je pense, injustement pour lui, qu'il n'y a probablement pas beaucoup de marge de manœuvre, a-t-il soutenu. Même s'il est tout nouveau, cet engagement pour le Canada ne l'est pas. Il date de plus de dix ans.»
Kyle Duggan, La Presse Canadienne