Carney se rend en Europe pour discuter de sécurité et de défense avec l’UE et l’OTAN


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney partira pour l’Europe ce dimanche pour des sommets consécutifs où il devrait prendre d’importants engagements en matière de sécurité et de défense.
M. Carney sera accompagné de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, du ministre de la Défense, David McGuinty, et du secrétaire d’État à l’approvisionnement en matière de défense, Stephen Chairh, lors des sommets de l’UE et de l’OTAN, où les achats militaires et la diversification des chaînes d’approvisionnement seront au cœur des priorités.
Les réunions internationales ont lieu alors que le Canada cherche à réduire sa dépendance aux marchés de la défense envers les États-Unis en raison des relations tendues au sujet des tarifs douaniers et sur la suggestion répétée du président Donald Trump de faire du Canada un État américain.
M. Carney se rendra d’abord à Bruxelles, en Belgique, et commencera par une visite du cimetière militaire d’Anvers Schoonselhof où reposent 348 soldats canadiens.
Il rencontrera également le premier ministre belge, Bart De Wever, le président du Conseil européen, António Costa, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Lors du sommet entre l'Union européenne (UE) et le Canada, les ministres Anand et McGuinty devraient signer un accord de sécurité et de défense avec l’UE dans ce qu’un responsable européen a décrit vendredi comme étant l’un des accords les plus ambitieux que l’Europe ait jamais signés avec un pays tiers.
L’accord ouvrira la porte à la participation du Canada dans l’initiative ReArm Europe, permettant au Canada d’accéder à un programme de prêt de 150 milliards d’euros pour les achats de défense, appelé Security Action for Europe
Une fois que l’accord d’approvisionnement sera en place, le Canada devra négocier un accord bilatéral avec la Commission européenne pour entamer des discussions avec les États membres sur les possibilités d’approvisionnement, a-t-il été précisé lors d'une séance d’information officielle de l’UE vendredi.
Une séance d’information officielle samedi pour les journalistes canadiens sur le sommet a permis d'apprendre que l’accord initial permettra la participation du Canada à certains projets d’approvisionnement conjoints. Toutefois, un deuxième accord sera nécessaire pour permettre aux entreprises canadiennes de soumissionner.
Lors du sommet UE-Canada, les dirigeants devraient également publier une déclaration commune pour souligner leur volonté de continuer à exercer des pressions sur la Russie, y compris par le biais de nouvelles sanctions, et appeler à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
Après Bruxelles, le premier ministre Carney se rendra à La Haye, aux Pays-Bas, pour le sommet des dirigeants de l’OTAN mardi et mercredi.
M. Carney y rencontrera le roi des Pays-Bas et plus tard les dirigeants des nations nordiques pour discuter de la sécurité arctique et transatlantique.
Au sommet de l’OTAN, le premier ministre canadien participera à des réunions bilatérales avec d’autres dirigeants. L’ordre du jour du sommet comprend un dîner organisé par le roi et la reine des Pays-Bas et une réunion de deux heures et demie du Conseil de l’Atlantique Nord.
Les alliés de l’OTAN devraient débattre d’un plan visant à augmenter les dépenses de défense des membres de l’alliance à 5 % du PIB national. Les données de l’OTAN montrent qu’en 2024, aucun de ses 32 membres n’a dépensé autant.
Le représentant du gouvernement canadien qui a informé les journalistes sur le contexte a, pour sa part, indiqué que l’objectif de dépenses et son calendrier sont encore à discuter, bien que certains alliés ont indiqué qu’ils préféreraient un délai de sept ans tandis que d’autres préfèrent une décennie.
Le Canada n’a pas atteint un seuil de dépenses de défense de 5 % depuis les années 1950 et n’a pas atteint la barre des 2 % depuis la fin des années 1980.
Selon l'estimation de l'OTAN des dépenses comptabilisées pour atteindre l’objectif, le Canada a dépensé 41 milliards $ en 2024 pour la défense, soit 1,37 % de son PIB. C’est plus du double de ce qu’il a dépensé en 2014, lorsque l’objectif de 2 % a été fixé pour la première fois; cette année-là, le Canada a consacré 20,1 milliards $, soit 1,01 % de son PIB consacré à la défense.
En 2014, seulement trois membres de l’OTAN ont atteint la cible de 2 %, soit les États-Unis, le Royaume-Uni et la Grèce. En 2025, tous les membres devraient atteindre cette cible.
Tout accord visant à adopter un nouveau critère de dépenses devra être ratifié par les 32 États membres de l’OTAN.
L’ancien ambassadeur canadien auprès de l’OTAN, Kerry Buck, a déclaré à La Presse canadienne que le programme condensé est probablement destiné à «éviter les divisions publiques entre alliés», décrivant le président Trump comme un «moteur d’incertitude».
«L’environnement de la sécurité nationale a vraiment, vraiment changé», a affirmé M. Buck, ajoutant que les alliés d’à côté de la Russie font face aux plus grandes menaces. «Il y a un risque élevé que les États-Unis sapent l’OTAN à un moment où tous les alliés sont de plus en plus vulnérables», a-t-il ajouté.
Donald Trump a suggéré que les États-Unis pourraient abandonner leur engagement de défense mutuelle envers l’alliance si les pays membres n’augmentent pas leurs dépenses en matière de défense.
«Tout ce que nous pouvons faire pour traverser ce sommet de l’OTAN avec peu de dissensions publiques entre les États-Unis et d’autres alliés sur quoi que ce soit, et satisfaire à la demande très ancienne des États-Unis de rééquilibrer les dépenses de défense, ce sera bon pour le Canada parce que l’OTAN est bonne pour le Canada», a déclaré l’ancien ambassadeur canadien.
Mark Carney a déjà effectué deux voyages en Europe cette année — le premier à Londres et à Paris pour rencontrer des alliés européens et le deuxième à Rome pour assister à la messe inaugurale du pape Léon XIV.
Catherine Morrison, La Presse Canadienne