Carney vante le ratio dette/PIB du Canada, mais des inconnues demeurent


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney a vanté mercredi la posture du Canada par rapport à ses alliés du G7 quant au ratio de la dette par rapport à la taille de l'économie, c'est-à-dire le produit intérieur brut (PIB). Or, les cibles d'Ottawa quant à cet indicateur clé demeurent inconnues.
«Encore une fois, c'est l'heure d'une leçon de fiscalité pour le leader de l'opposition officielle», a lancé M. Carney, en Chambre, à l'adresse du chef conservateur, Pierre Poilievre, qui le talonnait au sujet du directeur parlementaire du budget s'inquiétant de la trajectoire fiscale et économique du Canada.
Le chien de garde par intérim des finances publiques, Jason Jacques, a qualifié la situation d'intenable, après avoir évalué, dans un rapport publié la semaine dernière, que le ratio de la dette quant au PIB «ne devrait plus être sur une trajectoire descendante» à moyen terme.
M. Carney, qui répondait publiquement pour la première fois aux préoccupations de M. Jacques, a louangé les notes accordées au Canada par les agences de notation, affirmant aussi que le pays a «le plus bas déficit parmi le G7, le plus bas taux d'endettement du G7, le plus bas ratio dette/PIB parmi le G7».
Il a conclu que le Canada a ainsi «le plus grand potentiel parmi le G7» et a plaidé que les libéraux, de leur «côté de la Chambre», ont de l'«ambition».
Aucune cible de réduction du ratio de la dette quant au PIB, année après année, ne figure dans la plateforme électorale des libéraux. On y retrouve plutôt des objectifs à atteindre concernant le ratio du déficit quant au PIB.
Selon M. Jacques, l'indicateur qui n'est pas encore chiffré par le gouvernement Carney est «probablement (le) plus important ancrage fiscal» de «tout gouvernement». Il attend donc impatiemment plus de détail dans le budget 2025 qui sera finalement déposé au début novembre.
Étant donné que l'habituel exercice budgétaire a été repoussé, les plus récentes cibles de réduction du ratio dette/PIB publiées par le ministère des Finances remontent à décembre 2024, quand la mise à jour économique d'automne a été présentée dans la tourmente par l'ex-gouvernement de Justin Trudeau.
«Le ratio de la dette au PIB devrait baisser chaque année de la période de projection, passant de 41,9 % en 2024-2025 à 38,6 % en 2029-2030», projetait Ottawa à ce moment-là.
M. Jacques et son équipe estiment dorénavant que le taux en question devrait atteindre 43,3 % en 2026-2027, augmenter graduellement pendant les deux années suivantes pour ensuite stagner à 43,7 % de 2028-2029 à 2030-2031.
Au cours de la période des questions de mercredi, M. Carney n'a pas manqué de faire allusion à sa promesse d'équilibrer ce qu'il appelle le «budget opérationnel». Depuis la campagne électorale, le premier ministre insiste pour faire une distinction entre les «dépenses opérationnelles» du gouvernement qu’il promet de réduire et les investissements dans l’avenir qu’il souhaite faire fructifier.
Il a aussi rappelé le contexte des droits de douane américains qui affectent particulièrement des secteurs tels que ceux de l'acier, du bois d'œuvre et de l'automobile.
«C'est pourquoi nous devons bâtir ce pays afin qu'il soit fort. C'est pourquoi nous effectuons un contrôle des dépenses. C'est pourquoi nous allons dépenser moins pour investir plus», a-t-il dit.
M. Poilievre a quant à lui rappelé que l'ex-premier ministre Trudeau avait fait le pari, quand il a remporté le pouvoir en 2015, de faire des déficits afin de créer de la croissance.
Encore une fois, il a réitéré tout haut son impression que M. Carney est encore plus dépensier que son prédécesseur.
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne