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Catherine McKenna raconte ses nombreux déboires à titre de ministre fédérale

durée 10h07
13 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — L'ancienne ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, raconte que les agences fédérales de sécurité ont refusé de lui offrir une protection et même de lui montrer leur évaluation des risques qu'elle courait au moment où elle recevait des menaces et subissait du harcèlement en ligne et en personne.

Députée libérale d'Ottawa-Centre de 2015 à 2021, elle a été ministre de l'Environnement avant de s'occuper des Infrastructures.

Mme McKenna raconte avec plus détails son expérience sur la vie politique dans une nouvelle autobiographie intitulée «Run Like a Girl», qui paraîtra la semaine prochaine.

Elle mentionne notamment qu'au début, elle ne subissait des attaques que sur les réseaux sociaux. Mais ses employés et elle ont ensuite été victimes de harcèlement au travail ou même à l'extérieur de sa résidence, même si elle était accompagnée par ses enfants.

«Plusieurs de ces gazouillis étaient méchants, écrit-elle. Un populaire mème montrait une poupée Barbie être écrasée par une masse. Un autre affichait le message: 'Tick Tock, pute de Barbie'. Cela ne s'arrêtait pas là. Des messages menaçaient ma famille, décrivaient comment j'allais être agressée ou comment mes enfants attraperaient des maladies mortelles.»

Un homme bizarre s'est présenté à son domicile à Ottawa avant de prendre des autoportraits à l'extérieur. Il a ensuite publié les vidéos sur Internet, les présentant comme des trophées, ajoute Mme McKenna. Un camion l'a accompagnée alors qu'elle marchait avec ses enfants vers une salle de cinéma. Le conducteur l'a insultée tout en filmant ses réactions.

En août 2020, un homme s'est rendu à son bureau de comté. Il a insulté le personnel qui a rapporté l'incident à la GRC. Le corps policier n'a pas jugé bon de la rappeler.

Mme McKenna a ensuite contacté le Service de police d'Ottawa qui a lancé une enquête. Le lendemain, elle a demandé à son chef de cabinet d'appeler le cabinet du premier ministre pour demander une rencontre immédiate avec tous les responsables de la sécurité des élus.

«J'ai alors dit que je ne pouvais pas continuer. J'étais seule avec mes enfants et voilà qu'un type crie contre mon personnel de bureau et me cherche. Il était temps que les responsables de ma sécurité prennent cela au sérieux», narre-t-elle.Mais la réunion s'est finalement déroulée comme si «elle était absente». Les agences de sécurité se renvoyaient la balle. La GRC lui a dit qu'elle ne fournissait une protection que lorsqu'elle contestait un danger important.

«J'ai demandé le rapport d'évaluation des risques, mais on a refusé de me dévoiler sous prétexte d'habilitation de sécurité. J'ai dû rappeler aux agences que j'étais ministre et que ma cote de sécurité était supérieure. On m'a alors donné d'autres raisons pour ne pas le faire. J'étais furieuse. Je leur ai dit que s'il arrivait quelque chose à moi ou à ma famille, je les tiendrais tous responsables.

Un autre ministre, Harjit Sajjan, qu'on a souvent vu être entouré d'une forte escorte, n'a pu avoir accès à sa propre évaluation des risques, avance Mme McKeanna.

«Je suis quelqu'un qui tentait de faire son boulot. La seule raison de ces menaces, c'était que j'étais la ministre qui s'occupait de la lutte contre les changements climatiques», a souligné Mme McKenna au cours d'une entrevue à La Presse Canadienne.

La GRC n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Seuls le premier ministre et la gouverneure générale sont protégés 24 heures sur 25 par la GRC. Toutefois, au cours des récentes années, certains élus, comme la ministre Mélanie Joly, la députée conservatrice Melissa Lantsmann ou l'ancien chef du NPD, Jagmeet Singh, ont été vus accompagnés par une équipe de protection.

D'avril à décembre 2023, le budget de la GRC pour protéger les parlementaires, à l'exception du premier ministre, avait crû de 2,5 millions $, une augmentation de 40 % par rapport au budget prévu pour l'année entière.

Mme McKenna a déclaré à La Presse Canadienne qu'elle avait écrit son livre afin d'inspirer les jeunes femmes, même si certains de ses amis et de ses proches lui ont demandé après l'avoir lu pourquoi quiconque voudrait se lancer en politique.

«La sécurité des politiciens n'est pas acceptable. Si je parle de mes expériences, c'est que cela était dingue. On doit faire mieux. J'ai parlé à plusieurs femmes impliquées en politique sur le plan fédéral, provincial ou, local. Toutes reçoivent des menaces graves, pas seulement en ligne. Ce n'est pas acceptable. Je sais qu'une majorité de Canadiens ne considèrent pas cela comme acceptable.»

Nick Murray, La Presse Canadienne