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Charles III a mis l'accent sur les Autochtones dans sa relation avec le Canada

durée 16h13
7 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

Chadwick Cowie se dit prudemment optimiste quant aux relations du roi Charles III avec les peuples autochtones du Canada, après avoir rencontré le nouveau monarque lors d’une réception en plein air en juillet dernier, en Écosse.

M. Cowie, qui avait été invité à y assister en tant que membre d'une délégation de la nation Michi Saagiig Nishnaabeg — ou Mississauga —, en Ontario, a déclaré que pendant que 8000 invités espéraient parler avec le roi, Charles a passé 15 minutes des deux heures de l'événement à discuter avec les Autochtones canadiens présents. 

Et c'était là les 15 premières minutes qu'une délégation politique de sa nation avait avec la Couronne depuis 1860, souligne M. Cowie, qui est également professeur de sciences politiques à l'Université de Toronto.

Le roi Charles a parlé notamment des incendies de forêt au Canada et de la situation dans les communautés autochtones, a-t-il dit. Cette courte discussion a montré selon lui que Charles, qui termine sa première année sur le trône, a une «volonté d'écouter» les peuples autochtones, qui s'efforcent actuellement de renforcer la relation «de nation à nation» officialisée dans des traités signés il y a quelques siècles.

M. Cowie a raconté que la délégation lui avait offert une ceinture wampum, semblable à celle présentée lors de la conclusion du «Traité de Niagara» de 1764, considéré comme un moment fondateur entre les Premières Nations et la Couronne britannique, qui a réaffirmé leurs relations pacifiques.

Charles est monté sur le trône il y a un an, le 8 septembre 2022, après le décès de sa mère, âgée de 96 ans; la reine Élisabeth II avait régné pendant plus de 70 ans.

Au cours des mois qui ont suivi son couronnement officiel, le 6 mai dernier, les experts affirment que le monarque a choisi de rester discret et de se concentrer sur des questions plus proches de lui, plutôt que sur des pays plus éloignés du Commonwealth, comme le Canada. 

Pour l'instant, du moins, il semble que les groupes canadiens qui souhaitent rencontrer le roi devront aller à Londres.

«La première visite officielle de sa majesté au Canada en tant que roi du Canada n'a pas encore été déterminée», a écrit mercredi le ministère fédéral du Patrimoine.

Assurer la continuité

Carolyn Harris, une commentatrice torontoise de la monarchie, croit que Charles semble mettre l'accent sur le temps passé au Royaume-Uni au cours de sa première année, car il cherche à procurer un sentiment de «continuité» après le décès de sa mère.

Même si la princesse Anne et le prince Edward, duc d'Édimbourg, ont récemment visité le Canada, Mme Harris croit qu'il y a de fortes chances qu'il y ait moins de visites royales à l'avenir, étant donné la préférence de Charles pour un groupe plus restreint de membres de la famille qui mènent des activités officielles et les exigences de son propre ordre du jour, très chargé.

Les sondages ont montré que les Canadiens sont largement indifférents à Charles III et que leur attachement à la famille royale diminue.

Étant donné que de nombreux Canadiens consacrent déjà peu de temps à réfléchir à la monarchie, il est possible que «si les membres de la famille royale ne sont pas physiquement présents au Canada, encore moins de temps sera consacré à discuter et à débattre du rôle de la monarchie au Canada», estime Mme Harris.

Nathan Tidridge, auteur d'un livre sur la monarchie constitutionnelle du Canada et vice-président de l'Institut pour l'étude de la Couronne au Canada, souligne que le niveau d'implication de la monarchie au Canada est dicté par Ottawa. 

«Ce n'est pas comme si (Charles) pouvait simplement sauter dans un avion et débarquer au Canada, a déclaré M. Tidridge. Notre monarchie constitutionnelle ne le permettrait pas.»

Il estime toutefois que la décision de Charles de demander une rencontre avec la délégation autochtone lors de la réception en plein air, en juillet, montre qu'il souhaite s'engager le plus possible avec le Canada, surtout en matière de réconciliation.

Le 4 mai dernier, Charles avait aussi choisi de rencontrer une délégation de dirigeants autochtones canadiens à Londres, seulement deux jours avant son couronnement. On y a discuté de réconciliation et de la nécessité de bâtir une relation solide entre les Premières Nations et la Couronne.

Plus récemment, Charles a publié une déclaration disant que lui et son épouse, la reine Camilla, avaient «appris avec beaucoup d'inquiétude» la déclaration d'état d'urgence dû aux incendies de forêt en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest.

M. Tidridge pense que le programme de voyage du roi reprendra en 2024 et comprendrait éventuellement une tournée canadienne.

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne