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CHU Sainte-Justine: nouvelle approche à l'hypothermie thérapeutique

durée 07h19
2 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une nouvelle approche développée par une équipe du CHU Sainte-Justine permet de déterminer beaucoup plus rapidement ce qui attend les bébés traités par hypothermie thérapeutique.

Les chercheurs ont constaté que l'utilisation de deux technologies complémentaires, soit un électroencéphalogramme et un système de neuromonitoring optique, permet d'évaluer dès le deuxième jour, avec précision, la gravité des lésions cérébrales des bébés, et ce, directement au chevet.

L'approche précédente consistait à attendre la fin de l'hypothermie thérapeutique, après cinq jours, pour procéder à une imagerie par résonance magnétique, ce qui impliquait de déplacer le nouveau-né fragile hors des soins intensifs.

L'hypothermie thérapeutique est la seule approche ayant démontré son efficacité pour limiter les dommages neurologiques subis par les bébés qui manquent d'oxygène à la naissance, une condition médicale appelée encéphalopathie hypoxique ischémique.

«L'hypothermie thérapeutique diminue la température du corps du bébé et ralentit l'activité du cerveau pour réduire les chances qu'il y ait d'autres dommages, a expliqué la docteure Elana Pinchefsky. Des études ont montré que ça réduit le risque de mort et de difficultés développementales à long terme.»

L'hypothermie thérapeutique est une pratique courante qui est utilisée dans tous les grands hôpitaux, a pour sa part souligné le professeur Mathieu Dehaes.

La plupart des paramètres qui l'encadrent découlent toutefois d'études qui ont été réalisées sur des animaux, «et il est donc très important de réaliser des études cliniques sur des bébés», a-t-il dit.

«On voulait en arriver à un pronostic sur le développement du bébé à court terme, a précisé le professeur Dehaes. On voulait être capables de surveiller la santé cérébrale du bébé qui est traité, pour pouvoir dire qui aura un risque plus élevé d'avoir des séquelles après la thérapie.»

Les paramètres rapportés dans l'étude, a-t-il complété, permettent de prédire la présence ou non de lésions cérébrales lorsque le bébé subira sa résonance magnétique après l'hypothermie thérapeutique.

En ce moment, a dit la docteure Pinchefsky, il est très difficile de départager les cas «légers» des cas «modérés», et c'est en présence des cas modérés qu'il est le plus problématique d'expliquer aux parents ce qui les attend.

L'étude éclaircit en partie cette incertitude en permettant aux médecins de mieux saisir ce qui se passe avec leur petit patient, a-t-elle expliqué.

«Trois jours ou cinq jours, ça peut paraître court, mais c'est très long pour les parents, a dit la docteure Pinchefsky. On va pouvoir leur donner plus d'information et ça va être très utile pour guider les discussions avec les familles.»

Le but, a-t-elle ajouté, est d'optimiser la façon dont ces données de surveillance sont utilisées afin de mieux évaluer ces bébés, «mais aussi de fournir de meilleures informations pronostiques aux parents au chevet pendant tout ce processus».

«Maintenant, on doit comprendre comment présenter ces données et comment les utiliser au chevet», a-t-elle complété.

Le but de l'étude, a dit le professeur Dehaes, était de mieux comprendre les interactions entre l'activité électrique mesurée avec l'électroencéphalogramme et l'activité vasculaire et métabolique mesurée par le neuromonitoring.

Tout cela s'inscrit dans le cadre plus large de la médecine de précision, a poursuivi le professeur Dehaes, puisque ces données pourraient par exemple permettre de déterminer si un bébé a besoin d'une hypothermie thérapeutique plus longue, ou plus courte, pour obtenir un pronostic optimal.

«D'après moi, c'est un des impacts les plus importants de l'étude, a-t-il assuré. Ça va probablement nous permettre de mieux comprendre les trajectoires de ces enfants-là, puis justement, s'ils ont besoin de soins supplémentaires ou pas, donc vraiment pour optimiser la trajectoire clinique des enfants.»

Les travaux ont notamment été réalisés par l'ancienne stagiaire postdoctorale Rasheda Arman Chowdhury et par les docteurs Anne Monique Nuyt, Ramy El-Jalbout et Ala Barca, qui est décédée précocement durant la réalisation de ce projet de recherche. Les conclusions ont été publiées par le journal Scientific Reports.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne