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D'autres animaux sont morts à Marineland, ce qui a attiré l'attention de Doug Ford

durée 08h21
4 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

6 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Un autre béluga et un phoque commun sont morts à Marineland, et ces nouveaux décès ont attiré l'attention du premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a appris La Presse Canadienne.

La mort du béluga porte à 20 le nombre de cétacés — 19 bélugas et une orque — décédés depuis 2019 dans cette attraction touristique située à Niagara Falls, en Ontario.

Marineland n'a pas ouvert ses portes au public depuis l'été dernier et il n'y a eu aucune communication quant à une éventuelle ouverture cette année.

Les propriétaires tentent actuellement de vendre le parc, mais rien n'a encore été annoncé.

Selon deux sources de La Presse Canadienne, le décès du béluga est survenu après que des intrus se sont introduits dans le parc à la mi-août.

L'une des sources travaille à Marineland et l'autre pour le gouvernement ontarien. Toutes deux ont demandé à rester anonymes, car elles n'étaient pas autorisées à divulguer ces informations publiquement.

Toujours selon ces sources, les intrus se sont rendus à Friendship Cove, qui abrite les bélugas mâles du parc. Le groupe aurait provoqué une agitation chez les bélugas, ce qui a conduit plusieurs bélugas plus jeunes à attaquer un béluga plus âgé.

Ce dernier est mort quelques jours plus tard, malgré les efforts du personnel de Marineland pour le soigner.

On estime que 30 bélugas vivent encore à Marineland. Il s'agit des derniers cétacés captifs du pays.

«La situation ne s'améliore pas, elle empire», a prévenu Phil Demers, un ancien entraîneur de Marineland devenu un critique virulent du parc.

«Les animaux ne rajeunissent pas, ils vieillissent, ils tombent malades.»

Marineland n'a pas répondu aux multiples demandes de commentaires concernant la mort des animaux, l'état du parc et sa vente éventuelle. Le parc a toujours affirmé qu'il traitait ses animaux avec le plus grand soin.

Intervention de Ford?

M. Demers a un nouvel espoir que quelque chose sera fait pour aider les animaux restants après un récent appel téléphonique avec le premier ministre Ford.

Les deux hommes échangeaient des textos depuis plusieurs mois au sujet des décès à Marineland. Lorsque M. Demers a appris la mort d'un autre béluga, il a écrit à M. Ford.

Deux minutes plus tard, M. Ford l'appelait. Ils ont discuté pendant 25 minutes, alors que M. Ford rentrait à Toronto après avoir rendu visite au premier ministre Mark Carney à Ottawa.

Selon M. Demers, M. Ford l'a bombardé de questions sur les baleines, la manière dont elles sont déplacées et l'endroit où elles pourraient être relogées.

M. Ford a évoqué la possibilité de prendre le contrôle du parc afin d'aider les animaux. Il se demande s'il doit faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il délivre des permis d'exportation, a souligné M. Demers.

Ottawa a interdit la captivité des baleines et des dauphins en 2019, mais la loi prévoyait une exemption pour les animaux de Marineland. Cette loi interdit également l'importation et l'exportation de baleines et de dauphins, bien qu'il existe des exceptions pour la recherche scientifique ou si cela est fait dans «l’intérêt du bien-être» de l'animal, la décision étant laissée à la discrétion du ministre.

Pêches et Océans Canada affirme n'avoir délivré aucun permis d'exportation à Marineland pour transférer ses baleines ou ses dauphins à l'étranger, mais refuse de répondre aux questions concernant les demandes de permis.

En décembre dernier, Marineland a expédié neuf manchots de Magellan dans un fourgon de transport vers le zoo de Saint-Louis, selon les registres du ministère américain de l'Agriculture.

En plus des bélugas, quatre dauphins, quelques phoques et quelques otaries restent à Marineland, tout comme les ours et les cerfs du parc.

«Nous supplions le gouvernement d'intervenir et de sauver la situation», a affirmé M. Demers, qui a senti «à la fois un sentiment d'urgence et une grande empathie pour les animaux» lors de sa discussion avec M. Ford.

«Il m'a convaincu qu'il est un véritable amoureux des animaux et que son souci pour ces animaux est légitime, ce qui me redonne espoir. Je pense que nous allons voir des changements.»

Le bureau de M. Ford a confirmé que cet appel a eu lieu. Il a rappelé que l'Ontario dispose des lois les plus strictes du pays en matière de bien-être animal «afin de tenir les mauvais acteurs responsables».

«Nous effectuons des inspections régulières à Marineland, avec plus de 200 inspections au cours des trois dernières années, et nous sommes en contact permanent avec eux pour nous assurer qu'ils respectent les normes de soins prévues par la loi provinciale sur le bien-être des animaux», a soutenu le bureau de M. Ford par écrit.

«Problème complexe»

Selon une source gouvernementale de haut rang, la province souhaite que les baleines et les dauphins soient déplacés, mais indique qu'il s'agit d'un «problème complexe». Le nom de ce responsable n'est pas divulgué afin qu'il puisse s'exprimer librement sur les questions internes du gouvernement.

Les services de protection des animaux ont le pouvoir de saisir les animaux, mais il n'y a nulle part où héberger temporairement un béluga, et encore moins plus d'une vingtaine, a expliqué cette source.

La province a réuni une équipe d'experts en mammifères marins, selon qui les bélugas ne peuvent pas être relâchés dans la nature.

Il ne reste donc que les parcs marins situés à l'étranger comme options possibles, notamment Chimelong Ocean Kingdom, en Chine, un parc relativement récent dans un secteur en plein essor.

«Le premier ministre est très intéressé par l'aide aux baleines et aux dauphins de Marineland et nous étudions actuellement d'autres options pour y parvenir», a déclaré la source.

Les lois fédérales compliquent les choses et le déplacement des animaux comporte des risques, a soulevé la source. Trois des cinq bélugas vendus par Marineland et expédiés au Mystic Aquarium dans le Connecticut en 2021 sont morts, dont deux au cours de la première année suivant leur transfert. Mystic a fait savoir que les deux premiers décès étaient dus à des conditions préexistantes datant de leur séjour à Marineland.

La semaine où les baleines ont été déplacées, la Direction des services relatifs au bien-être des animaux a affirmé que tous les mammifères marins de Marineland étaient en détresse en raison de la mauvaise qualité de l'eau. Dans des documents judiciaires, Marineland a nié que ses animaux étaient en détresse et a plaidé que les décès n'étaient pas liés aux problèmes d'eau.

Au cours de l'été 2023, un journaliste et un photographe de La Presse Canadienne ont visité Marineland. À ce moment, il y avait 37 bélugas dans le parc, selon le personnel.

Peu après la visite, Marineland a interdit au journaliste l'accès à sa propriété. Depuis lors, la province a confirmé la mort de sept autres bélugas.

Quel avenir?

L'année dernière, Marineland n'a ouvert que pendant deux mois, à un prix considérablement réduit, les attractions et la plupart des animaux étant interdits au public. Historiquement, Marineland était ouvert de la mi-mai à l'Action de grâce, attirant des millions de visiteurs chaque année.

Aujourd'hui, le parc vend ses attractions et a divisé sa propriété afin de financer le transfert de ses animaux.

Le gouvernement provincial s'implique fortement dans Marineland depuis janvier 2020, date à laquelle il a pris le relais de la Société ontarienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux dans l'application des lois sur la cruauté envers les animaux.

Depuis 2020, 33 ordonnances ont été transmises au parc, selon Brent Ross, porte-parole du ministère du Solliciteur général. La grande majorité d'entre elles ont été respectées, mais quatre ordonnances de longue date restent en vigueur.

Ces ordonnances portent principalement sur la qualité de l'eau, l'entretien et la réparation du système d'alimentation en eau, la tenue de registres appropriés pour les bélugas et les dauphins, ainsi que l'état des enclos et le niveau d'enrichissement pour les dauphins, les phoques et les otaries.

Cela n'est pas suffisant, de l'avis de Wayne Gates, qui est le député néo-démocrate à l'Assemblée législative provinciale représentant Niagara Falls.

«Ne rien faire est inacceptable, quel que soit le niveau de gouvernement, a tranché M. Gates. Cette situation doit être réglée, et elle doit l'être avant que d'autres animaux ne meurent.»

Il a appelé le gouvernement fédéral à intervenir et la province à divulguer les conclusions de ses inspections.

En coulisses, l'activité bat son plein. Des agents de sécurité surveillent le parc, des clôtures verrouillées entourent les bassins et la scène emblématique du King Waldorf Stadium a été démantelée.

Liam Casey, La Presse Canadienne