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Des chercheurs canadiens développent un test rapide pour la septicémie

durée 07h39
27 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Une équipe de chercheurs canadiens a mis au point un test qui, selon eux, permettrait de prédire rapidement si un patient va développer une septicémie, une affection potentiellement mortelle qui survient lorsque le système immunitaire réagit de manière dysfonctionnelle à une infection et commence à attaquer les organes et les tissus du corps.

La septicémie tue chaque année des milliers de personnes au Canada et près de 50 millions de personnes dans le monde, a déclaré la docteure Claudia dos Santos, auteure principale d'un article de recherche sur le test publié mardi dans la revue Nature Communications.

Traiter rapidement la septicémie est crucial pour la survie, a dit la docteure dos Santos, qui est clinicienne-chercheuse et médecin en soins intensifs à l'hôpital St. Michael's de Toronto.

«Un délai d'une heure dans le traitement de la septicémie peut augmenter la mortalité de près de 8 %», a-t-elle rappelé, soulignant qu'il est très important d'agir dans les six premières heures.

Le problème est qu'il n'existe actuellement aucun test unique permettant aux médecins de savoir quels patients atteints d'une infection ― qui peut aller de la COVID-19 à une infection bactérienne causée par une coupure ― développeront une septicémie, a-t-elle expliqué.

En effet, les symptômes de la septicémie sont « non spécifiques » et peuvent également être des symptômes de l'infection elle-même, notamment la fièvre, une fréquence respiratoire ou cardiaque élevée, une pression artérielle basse, un faible débit urinaire, un nombre anormal de globules blancs et la confusion.

Les médecins font donc appel à leur meilleur jugement clinique, mais celui-ci est basé sur une «supposition» de septicémie plutôt que sur un marqueur biologique clair, a déclaré la docteure dos Santos.

«Nous faisons tout ce que nous pouvons pendant les six premières heures d'or de la septicémie et nous croisons les doigts pour voir ce qui se passe. Cet article est motivé par le fait qu'il doit y avoir une meilleure façon de procéder», a-t-elle dit.

La docteure Dos Santos et ses collègues de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) et du Conseil national de recherches du Canada pensent l'avoir trouvée : un test sanguin qui pourrait prédire la probabilité qu'un patient développe une septicémie.

Robert Hancock, directeur du centre de recherche sur les maladies microbiennes et l'immunité de l'UBC, a dirigé une équipe qui a utilisé l'intelligence artificielle pour trouver les gènes qui se distinguaient chez les patients qui allaient développer une septicémie. Ils en ont trouvé six qu'ils ont appelés « Sepset ».

«L'idée est qu'en cas de septicémie, chacun de ces six gènes est plus fortement exprimé que lorsque les patients ne sont pas en état de septicémie, a expliqué le professeur Hancock. Ce phénomène se produit avant même qu'un diagnostic de septicémie ne soit posé.»

Les chercheurs ont examiné des échantillons de sang de 586 anciens patients et ont constaté que les niveaux de ces six gènes étaient plus élevés lorsque le système immunitaire des patients commençait à réagir de manière anormale.

Ils ont constaté qu'en cas de présence accrue de ces gènes, les patients étaient atteints de septicémie dans les 24 heures.

En testant les patients pour voir s'ils ont cette « signature » de six gènes, les médecins pourraient prendre des mesures immédiates pour traiter la septicémie, notamment en commençant à administrer des antibiotiques si une infection bactérienne est soupçonnée, en augmentant les fluides pour stabiliser la tension artérielle et en se préparant à transférer le patient aux soins intensifs s'il a besoin d'une assistance respiratoire ou d'autres mesures de soins intensifs, a dit la docteure dos Santos.

Toutes ces mesures peuvent être prises pendant que les médecins identifient l'infection initiale et la traitent avec des antibiotiques, des stéroïdes ou d'autres médicaments.

Les chercheurs souhaitaient également rendre le test de septicémie portable, afin qu'il puisse être apporté au chevet du patient dans le service des urgences ou utilisé dans les communautés isolées pour décider si un patient doit être transporté dans un hôpital urbain.

Le Conseil national de recherches du Canada a mis au point un petit appareil qui prélève moins de 50 microlitres de sang ― une ou deux gouttes ― et en extrait l'ARN pour détecter la quantité des six gènes caractéristiques.

Le «PowerBlade» a produit les résultats en moins de trois heures. Testé sur trente échantillons de sang de patients précédents, il a permis de prédire avec une précision de 92 % qui avait développé une septicémie, affirment les chercheurs.

Une des limites importantes de l'étude est que le test n'a pas encore été utilisé sur des patients en temps réel, selon l'article.

La docteure Dos Santos a indiqué qu'il s'agissait de la prochaine étape, sous la forme d'un essai clinique financé par les Instituts de recherche en santé du Canada. Elle espère que cet essai pourra commencer cette année.

«Nous allons tester le dispositif, le prototype, dans un environnement réel et démontrer que nous pouvons faire tout cela pour de vrai, a-t-elle déclaré. Ensuite, nous devrons déterminer, une fois que nous aurons obtenu ces résultats, en quoi cela change les résultats (pour les patients).»

Nicole Ireland, La Presse Canadienne