Des chercheurs canadiens résolvent le mystère de la maladie des étoiles de mer


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Par La Presse Canadienne, 2025
Une équipe dirigée par des chercheurs de la Colombie-Britannique a résolu le mystère d'une terrible maladie qui a décimé des milliards d'étoiles de mer le long de la côte Pacifique de l'Amérique du Nord, plus de dix ans après leur disparition.
Melanie Prentice, auteure principale d'une nouvelle étude, se souvient d'un moment où elle n'y croyait pas vraiment lorsque les chercheurs ont découvert une souche bactérienne abondante chez les étoiles de mer malades et absente chez les étoiles de mer saines.
«Ma première réaction a été de me dire: 'OK, j'ai fait une erreur'», a-t-elle déclaré.
Melanie Prentice a expliqué que l'équipe avait passé des mois à tenter de réfuter leurs conclusions, confirmant finalement avoir déchiffré le code de la maladie.
Ils ont découvert que la bactérie Vibrio pectenicida est une cause évidente de la maladie des étoiles de mer.
«C'est une question à laquelle les chercheurs tentent de répondre depuis environ 12 ans, nous sommes donc plus que ravis», a indiqué Mme Prentice, chercheuse associée à l'Institut Hakai et au département des sciences de la Terre, de l'océan et de l'atmosphère de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC).
L'article détaillant le projet de recherche de quatre ans et ses conclusions a été publié en ligne lundi dans la revue «Nature Ecology & Evolution».
Alyssa Gehman, qui a contribué au lancement du projet en 2021, a qualifié la maladie d'«effroyable», provoquant l'apparition de lésions chez les étoiles de mer, la perte de leurs bras et leur «disparition en bouillie» environ une semaine ou deux après l'exposition à l'agent pathogène.
Elle a été particulièrement mortelle pour les étoiles de mer tournesol, tuant environ six milliards de ces étoiles de mer pouvant développer 24 bras et atteindre une envergure d'un mètre.
Les étoiles de mer géantes sont désormais considérées comme fonctionnellement éteintes dans une grande partie de leur ancienne aire de répartition au large des côtes continentales des États-Unis, avec des pertes dépassant 87 % dans les «refuges du Nord» où elles persistent, selon l'étude.
Un pilier de l'écosystème
Cet effondrement a eu des conséquences en cascade, notamment la disparition massive de forêts de varech importantes sur les plans écologique, culturel et économique.
«Je pense que nous n'avions pas vraiment pris conscience de leur importance avant de les perdre», a déploré Mme Prentice, décrivant les étoiles de mer tournesol oranges, violettes ou brunes comme une espèce «clé de voûte» ayant un impact considérable sur leur écosystème.
Les étoiles de mer géantes sont des prédateurs de premier plan, inspirant la peur aux autres invertébrés.
«Presque tout ce qui vit au sol sous l'eau fuit à leur arrivée», a souligné Mme Gehman, écologiste spécialisée dans les maladies marines à l'Institut Hakai et professeure adjointe à l'Institut des océans et des pêches de l'UBC.
Elles contrôlent les populations d'oursins, assurant ainsi la santé des forêts de varech qui fournissent habitat et nourriture à de nombreuses autres espèces.
La dévastation des étoiles de mer tournesol a provoqué un «changement total de l'écosystème», a décrit Melanie Prentice, transformant des forêts de varech riches en biodiversité en «terribles déserts d'oursins».
La bactérie responsable de la maladie du dépérissement des étoiles de mer était restée insaisissable pendant plus de dix ans, depuis que des étoiles de mer ont été observées pour la première fois en 2013, mourant en grand nombre. Cette même bactérie est connue pour attaquer les larves de pétoncles.
Cette découverte permet aux chercheurs de se concentrer sur des questions plus profondes, notamment le rôle possible du réchauffement des océans et la possibilité d'élever des étoiles de mer en captivité pour favoriser la résistance aux maladies et accélérer le rétablissement, a soutenu Alyssa Gehman.
La maladie semble désormais saisonnière, avec des épidémies survenant pendant les mois les plus chauds, ce qui suggère que la température pourrait être un facteur, a-t-elle ajouté. Elle mènera bientôt des expériences de température pour approfondir ses recherches.
Ces résultats pourraient aider les chercheurs à comprendre où les étoiles de mer pourraient être confrontées aux changements climatiques à l'avenir.
Melanie Prentice a indiqué qu'il existe des populations «restantes» d'étoiles de mer tournesol le long de la côte de la Colombie-Britannique, et qu'il est «très possible» que certaines d'entre elles soient plus résistantes à la maladie débilitante.
Elle a ajouté que la découverte et l'élevage sélectif d'étoiles de mer plus résistantes à la maladie pourraient produire des «super» étoiles de mer destinées à être réintroduites dans la nature.
«Cela ressemble parfois à de la science-fiction, mais des travaux sont en cours», a-t-elle conclu.
Brenna Owen, La Presse Canadienne