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Des contaminants des mines de charbon retrouvés sur le manteau neigeux en Alberta

durée 21h25
19 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par The Canadian Press, 2024

Des produits chimiques cancérigènes sont rejetés à proximité des mines de charbon du sud de la Colombie-Britannique à des concentrations qui rivalisent avec celles situées à proximité des mines de sables bitumineux, dévoile une nouvelle étude.

L'article, publié dans la revue «Environmental Science and Technology», est le résultat d'une recherche menée par des scientifiques du gouvernement de l'Alberta et de l'Université de l'Alberta.

Le manteau neigeux autour de quatre mines de charbon dans la vallée de l'Elk, en Colombie-Britannique a été étudié. Les chercheurs ont pris des échantillons à 23 endroits situés à différentes distances des mines en 2022 et 2023 en faisant fondre de la neige au sol et en analysant les résultats.

«Dans un manteau neigeux hivernal, vous capturez tout ce qui se dépose tant que ce manteau neigeux est au sol», a expliqué Kira Holland, chercheuse de troisième cycle à l'Université de l'Alberta. «Cela constitue un registre incroyable pour une saison.»

Lors de son analyse, la neige fondue s'est révélée riche en composés aromatiques polycycliques (CAC), une classe de produits chimiques étroitement associée aux combustibles fossiles. Ces composés sont considérés comme provoquant le cancer et endommageant le foie et le système immunitaire.

Leur répartition dans le manteau neigeux allait de pair avec la configuration des vents, avec les échantillons prélevés plus près d'une mine donnant des niveaux plus élevés, leur composition correspondait à celle trouvée dans le charbon de la vallée de l'Elk.

«Nous avons constaté que le manteau neigeux présentait des CAC particulièrement élevés», a soulevé Mme Holland, en expliquant que le modèle de dépôts fait montre d'une concentration très élevée à proximité de ces sites miniers, qui diminue avec la distance.

L'ampleur des concentrations dévoilée

Les lignes directrices environnementales de l'Alberta concernant les CAC dans les rivières et les lacs varient entre 0,015 microgramme et 5,8 microgrammes par litre d'eau, selon dle produit chimique dont il est question.

Un des endroits où un échantillon a été collecté a enregistré 100 microgrammes par litre. Six autres présentaient au moins dix microgrammes et sept, au moins un microgramme.

Ces échantillons sont dans la même proportion que ceux trouvés à proximité des mines de sables bitumineux dans le nord de l'Alberta, a expliqué Kira Holland.

«L'ampleur des dépôts est similaire.»

L’étude a également examiné la distance que pourraient parcourir les produits chimiques. En utilisant la modélisation du bassin atmosphérique, l'analyse suggère que les CAC pourraient se déplacer sur plus de 100 kilomètres à l'est jusqu'en Alberta, bien qu'elle ne précise pas quelle pourrait être l'ampleur de ces concentrations.

Les résultats devraient encourager davantage de recherches sur l’impact de ces produits chimiques sur la santé et l’environnement, a indiqué la chercheuse.

«Les CAC n'affectent pas seulement l'environnement. Ils affectent les communautés... qui sont constamment exposées à la poussière de charbon. Il n'y a eu aucune étude de surveillance de la santé communautaire dans la vallée de l'Elk.»

Une étude qui tombe à point

L'étude fait écho aux conclusions précédentes auxquelles est arrivé Colin Cooke, chercheur au ministère de l'Environnement et des Aires protégées, qui a également participé à cette recherche.

En novembre, M. Cooke a publié une étude, sans lien avec la dernière, révélant que la poussière de charbon avait contaminé un lac alpin situé à proximité de mines de charbon.

La nouvelle étude intervient alors que le régulateur de l'énergie de l'Alberta se prépare aux audiences sur les demandes de Northback Holdings pour l'exploration du charbon à Grassy Mountain, dans le sud-ouest de l'Alberta, près de la vallée de l'Elk. Le régulateur se penche actuellement sur le niveau de participation qui devrait être accordé aux intervenants, en fonction de la manière dont ils sont directement et négativement affectés.

L'un des intervenants en attente d'une décision est le groupe Pekisko, composé d'éleveurs locaux. Ils ont produit un rapport de modélisation qui s'aligne également sur le nouveau document et qui montre les impacts de l'extraction de charbon bien au-delà du voisinage immédiat de la mine, jusque dans les pâturages.

Laura Laing, qui exploite un ranch dans la région, mais n'est pas membre de Pekisko, a déclaré que le nombre croissant de recherches suggère que le régulateur devrait élargir son cercle.

«Les impacts du charbon affectent tous les Albertains, a-t-elle écrit dans un courriel. Une société charbonnière australienne n'a pas le droit de dire que nous ne sommes pas affectés par ses intentions d'explorer et de développer une mine de charbon à Grassy Mountain.»

Bob Weber, La Presse Canadienne