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Des groupes de transport aérien et maritime demandent à Ottawa d'investir davantage

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1 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les compagnies aériennes et les expéditeurs maritimes ont demandé à Ottawa d'augmenter le financement en transport durable, afin de développer des chaînes d'approvisionnement vertes et de moderniser les infrastructures existantes.

Les crédits d'impôt, les prêts et les subventions sont essentiels pour aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à suivre le rythme des réseaux de transport des autres pays, selon deux groupes de transport qui se sont exprimés avant le dépôt du budget fédéral, prévu le 16 avril.

Les investisseurs et les fournisseurs potentiels ont besoin d'incitatifs pour commencer à produire du carburant d'aviation durable (SAF) – dont aucune goutte n'est produite au pays – pour s'adapter aux nouveaux programmes américains visant à réduire la pollution causée par les avions, a indiqué le Conseil national des lignes aériennes du Canada (CNLA). 

«Les compagnies aériennes ont envoyé des signaux de demande très clairs selon lesquelles elles achèteraient chaque goutte de SAF produite, et pourtant ce qui manque dans l'équation, c'est une sorte d'incitatif ou de soutien fédéral (ce qu'on retrouve dans) la plupart des autres pays occidentaux, y compris les États-Unis», a déclaré le président et chef de la direction du CNLA, Jeff Morrison, dans une entrevue.

Généralement dérivé d’huiles de cuisson usagées, de graisses animales ou de déchets organiques, le carburéacteur «vert» pourrait réduire les émissions de dioxyde de carbone de plus de 80 % par rapport au carburéacteur conventionnel.

Le gouvernement fédéral a comme objectif d'utiliser 10 % de SAF d’ici 2030. 

L'année dernière, il a promis d'investir 350 millions $ pour soutenir la décarbonation du secteur aérospatial, établissant un réseau national qui soutient des projets de recherche et de développement, comme des carburants alternatifs et la conception de nouveaux avions. Mais le projet n'offrait aucun des d'incitatifs de fabrication demandés par les transporteurs, soutien M. Morrison.

Les compagnies aériennes ont deux demandes principales qui, selon elles, favoriseront les usines de production de carburant et la production à long terme des producteurs : des crédits d’impôt à l’investissement remboursables au taux de 50 % pour les installations de production de SAF et un crédit d'impôt à la production sur un horizon de 10 ans – ce qui correspondrait aux incitatifs mis en place aux États-Unis. 

Les producteurs américains sont déjà éligibles à un crédit d'impôt pouvant aller jusqu'à 1,75 $ US par gallon (3,8 litres) en vertu de l'Inflation Reduction Act.

Demandes de la Chambre de commerce maritime

Entre-temps, la Chambre de commerce maritime affirme que de nouvelles sommes doivent être investies dans le Programme de corridors maritimes verts, lancé l'année dernière, et le Fonds national des corridors commerciaux, créé il y a sept ans.

L’électrification des ports, dont les équipements fonctionnent principalement aux combustibles fossiles, est un exemple de la manière dont l’argent pourrait être consacré à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Si de tels efforts ne sont pas entrepris, les expéditeurs pourraient préférer faire affaire avec les terminaux américains plutôt que canadiens, a prévenu le président et directeur général de la chambre, Bruce Burrows. Il a ajouté que les systèmes de convoyeurs à déchargement automatique des cargos sont «très gourmands en énergie».

«Ils consomment du carburant sur le navire. Ces systèmes disposent de générateurs et alimentent ensuite les bandes transporteuses», a-t-il indiqué dans une entrevue. 

«Électrifier tout cela en le branchant sur un réseau électrique sur la terre ferme, c'est comme si vous ameniez votre aspirateur sur le quai, puis que vous le branchez sur la prise de quelqu'un sur le rivage et que vous utilisez son électricité, a-t-il déclaré. Vous allez devoir payer pour cela, mais ce sera beaucoup plus efficace, rentable et sans GES.»

Le programme fédéral de corridors maritimes verts, de 165,4 millions $, a débuté en décembre. Il vise à appuyer l’adoption de technologies et d’infrastructures propres dans les ports et les terminaux; ainsi que le développement de navires fonctionnant à l'hydrogène vert ou à des biocarburants avancés.

Le gouvernement fédéral a également mis sur pied un programme de 4,6 milliards $ pour renforcer diverses infrastructures de transport. Le Fonds national des corridors commerciaux a été lancé en 2017 dans le but de renforcer le réseau routier, ferroviaire, aéroportuaire et portuaire du pays d'ici 2028. Les projets des gouvernements municipaux et provinciaux ainsi que ceux des entreprises privées vont de la rénovation de routine des rues à celle de terminaux portuaires valant plusieurs milliards de dollars.

Mais les compagnies aériennes et les expéditeurs veulent encore plus d'argent pour les projets d’amélioration des infrastructures, en partie pour pouvoir se mesurer au tsunami de financement accordé au sud de la frontière par l'entremise du projet d'infrastructure de 1200 milliards $ US de l'administration de Joe Biden.

Le Conseil national des lignes aériennes, qui représente quatre des plus grands transporteurs du pays, dont Air Canada et WestJet, espère que le gouvernement permettra aux aéroports de «réinvestir» le loyer qu'ils paient à Ottawa dans la modernisation des aéroports, en plus de les rendre éligibles aux programmes d'infrastructure.

Au cours de l'exercice 2022-2023, les aéroports ont remis 419 millions de dollars en loyer au fédéral, une augmentation de 42 % par rapport à neuf ans plus tôt, selon une étude de l'Institut économique de Montréal.

En conséquence, les infrastructures aéroportuaires manquent de compétitivité, surtout par rapport à celles des États-Unis – où les aéroports dépendent beaucoup plus directement du financement fédéral – a déclaré M. Morrison.

«Le gouvernement fédéral considère le transport aérien comme une vache à lait.»

Quant à la concurrence nautique, la Chambre de commerce maritime a appelé le gouvernement à repenser son nouveau programme national de certification des pilotes de navires qui, selon elle, sera coûteux, complexe et lourd de bureaucratie.

«Cela dissuadera en fin de compte nos pilotes d'obtenir une certification, a déploré M. Burrows. Les chargeurs craignent de devoir commencer à subventionner le coût d'obtention d'une licence pour attirer de futurs capitaines de bateau.»

Actuellement, quatre administrations de pilotage régionales supervisent le processus de certification.

La chambre espère également voir plus de financement pour le Fonds national du corridor commercial ainsi que pour l'Agence des services frontaliers du Canada afin d'augmenter la capacité de dédouanement sur les Grands Lacs. «Le personnel insuffisant... a pour effet net de restreindre le commerce et d'augmenter les coûts», a-t-elle mentionné.

Entreprises dans cette histoire : (TSX : AC)

Christopher Reynolds, La Presse Canadienne