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Des groupes exhortent Ottawa à en faire davantage pour le conflit au Soudan

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8 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le Canada n'a pas encore réuni une seule famille avec des proches qui tentent de fuir le conflit au Soudan et des groupes de la diaspora exigent que le gouvernement fédéral en fasse davantage pour mettre fin à une guerre civile qui dure depuis un an.

Les combats qui ont éclaté en avril dernier entre des milices de ce pays du nord-est de l'Afrique ont forcé au moins 8,5 millions de personnes à fuir — ce que les Nations unies considèrent comme la plus grande crise de déplacement interne dans le monde.

Et jusqu'à présent, le Canada n'a pas fait grand-chose pour l'arrêter, selon Imad Satti, directeur de l'Association des communautés soudanaises canadiennes, établie à Edmonton.

«Nous n'avons rien fait, nous avons simplement exprimé notre inquiétude, ce qui ne résout aucun problème, a-t-il souligné. Il n'y a pas assez de pression de la part du comité international, y compris du Canada, pour mettre fin à cette guerre.»

Le Soudan est aux prises avec une «situation catastrophique» et est au bord d'une famine d'origine humaine, a déclaré le mois dernier Edem Wosornu, porte-parole de l'ONU, au Conseil de sécurité.

«Des informations font état de charniers, de viols collectifs, d'attaques aveugles et choquantes dans des zones densément peuplées et de bien d'autres horreurs, a-t-elle déploré. Nous laissons tomber le peuple soudanais.»

Le Canada a exprimé son inquiétude quant à la situation sécuritaire au printemps dernier et a transporté ses citoyens par avion. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s'est rendue au Kenya pour soutenir les pays voisins dans leurs efforts pour la paix.

Mais depuis, le Canada a évité de sanctionner les chefs de guerre ou de dénoncer publiquement les pays qui ont contribué à alimenter le conflit. M. Satti veut que le Canada fasse les deux — et même qu'il interpelle l'ONU pour qu'elle intervienne dans l'espoir de rétablir l'ordre.

Le Canada s'est plutôt concentré sur l'aide humanitaire, en réservant l'été dernier 165 millions $ au Soudan et aux pays voisins accueillant des réfugiés.

Programme de réunification critiqué

Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a annoncé à la fin de l'année dernière un programme de réunification familiale afin de permettre aux personnes fuyant le Soudan de rejoindre leur famille au Canada avec les moyens de leur apporter un soutien financier.

Les familles affirment cependant que le programme exige des formalités administratives impossibles à rassembler dans une zone de guerre et que les parrains doivent disposer de 18 100 $ en espèces plus un revenu annuel minimum de 51 128 $ pour parrainer une famille de quatre personnes.

M. Satti, dont l'organisation représente des groupes soudanais à travers le Canada, a relaté que certaines personnes avaient de l'argent liquide inutilisé sur un compte bancaire pendant qu'elles essayaient d'aider leurs proches à remplir leurs formalités administratives. D’autres, a-t-il expliqué, envoient de l’argent pour aider leurs proches à rester en vie, épuisant ainsi leurs économies.

Ottawa a modifié le programme pour permettre le contrôle biométrique, comme la prise d'empreintes digitales, après l'acceptation des demandes des personnes, mais selon M. Satti, il est toujours coûteux et souvent dangereux d'atteindre l'un des pays voisins du Soudan pour visiter un consulat canadien.

Le programme a commencé à accepter les candidatures le 27 février et Ottawa a déclaré qu'en date du 25 mars, il avait reçu 680 candidatures impliquant environ 1500 personnes qui satisfont aux critères de traitement.

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n'a pas précisé combien de demandes le ministère avait reçues qui n'avaient pas encore passé les «contrôles d'exhaustivité» et a ajouté qu'il n'avait encore approuvé aucune demande.

Le ministre Miller a dit que le programme, qui acceptera jusqu'à 3250 candidatures, avait été conçu avec des groupes de la diaspora soudanaise, et qu'il est ouvert à des améliorations. Il ne s'attend pas non plus à ce que quiconque arrive au Canada de sitôt.

«Nous envisageons d'accueillir les Soudanais fuyant la guerre à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine, a-t-il indiqué le 27 mars. Il est très important de parler de ce qui est devenu une guerre oubliée pour beaucoup d'entre nous.»

Dylan Robertson, La Presse Canadienne