Des groupes sikhs exhortent Ottawa à ne pas inviter le premier ministre indien au G7


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Des organisations sikhes exhortent Ottawa à rompre avec une tradition quinquennale en n'invitant pas le premier ministre indien, Narendra Modi, au sommet du G7.
Le Canada accueillera le sommet des dirigeants du G7 le mois prochain à Kananaskis, en Alberta. Les dirigeants de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et des États-Unis devraient y assister, ainsi que le président de la Commission européenne.
Mais Ottawa est resté muet sur les dirigeants invités en dehors de ce noyau de démocraties libérales partageant les mêmes idées.
Le haut-commissariat sud-africain a expliqué à La Presse Canadienne que le Canada avait invité le président Cyril Ramaphosa à assister au sommet. M. Ramaphosa, qui accueillera le sommet du G20 en novembre à Johannesburg, n'a pas confirmé sa présence.
Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a annoncé le 4 mai que le Canada l'avait invité au sommet et qu'il y assisterait.
Ottawa a également invité le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à participer à cette réunion et il a confirmé cette semaine sa présence.
Narendra Modi a été invité à tous les sommets des dirigeants du G7 depuis 2019. De plus, le Canada et l'Inde ont récemment évoqué un possible dégel de leurs relations après des mois de tensions.
Mais la Fédération sikhe, basée à Toronto, a déclaré cette semaine que le Canada devrait suspendre toute invitation «tant que l'Inde ne coopérera pas substantiellement aux enquêtes criminelles menées au Canada».
Elle pointe du doigt les allégations du Canada selon lesquelles New Delhi aurait joué un rôle dans l'assassinat d'un militant sikh près de Vancouver en 2023, ainsi que dans de nombreux autres crimes violents.
La Fédération sikhe et l'Organisation mondiale des sikhs ont exprimé leurs inquiétudes quant à la volonté des libéraux fédéraux de resserrer leurs liens avec l'Inde.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a expliqué récemment avoir eu une «discussion productive» avec son homologue indien le 25 mai sur «l'approfondissement de notre coopération économique et la promotion de priorités communes».
Les groupes sikhs soutiennent que cela suggère que le gouvernement fédéral privilégie les préoccupations économiques aux droits de la personne.
Les libéraux avaient initialement placé l'Inde au cœur de leur stratégie indopacifique fin 2022, la décrivant comme une nation démocratique dotée d'un fort potentiel commercial. Tout a changé après l'assassinat du militant sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique, en juin 2023.
Des mois plus tard, le gouvernement a accusé l'Inde d'être impliquée dans sa mort. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) affirme détenir des preuves que New Delhi est à l'origine de nombreux crimes visant les Canadiens d'origine sikhe.
L'Inde affirme que le Canada favorise un mouvement séparatiste qui réclame la création d'un territoire sikh – le Khalistan – à partir de l'Inde, et qualifie cela de violation de sa souveraineté. Ottawa soutient depuis longtemps qu'il autorise la liberté d'expression qui n'appelle pas à la violence.
Le premier ministre Mark Carney a expliqué pendant la campagne électorale qu'il souhaitait poursuivre les échanges commerciaux avec l'Inde. Il a affirmé que l'Inde pourrait jouer un rôle clé dans la fin des guerres commerciales si elle faisait preuve de «respect mutuel» compte tenu des «tensions dans cette relation que nous n'avons pas causées». Le haut-commissariat de l'Inde a transmis une demande d'entrevue sur les relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères du pays à New Delhi.
Affaires mondiales Canada n'a pas divulgué les noms de tous les dirigeants invités par Ottawa au sommet du G7 le mois prochain. La porte-parole du ministère, Camie Lamarche, a indiqué que les noms seraient «communiqués en temps voulu».
La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a indiqué cette semaine que le Canada l'avait invitée près de deux semaines auparavant, mais qu'elle n'avait pas encore décidé si elle participerait.
Depuis les élections fédérales du 28 avril, le bureau de M. Carney a publié les comptes rendus des discussions avec ses homologues des pays du G7, ainsi qu'avec l'Australie, l'Ukraine, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Danemark, l'Espagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Norvège et la Jordanie.
Ces dernières années, les hôtes du G7 ont invité quatre nations invitées ou plus. Le Canada en avait invité une douzaine lors de son dernier sommet en 2018, dont Haïti, les Seychelles, la Norvège et l'Argentine.
Dylan Robertson, La Presse Canadienne