Des sénateurs américains sont préoccupés par les relations avec le Canada

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Par La Presse Canadienne, 2025
HALIFAX — Les droits de douane imposés au Canada par le président américain Donald Trump ont indéniablement causé des difficultés économiques au pays, mais un sénateur américain du Maine se dit davantage préoccupé par les réactions des Canadiens à titre personnel.
«Comme tous les voisins, il y aura toujours des problèmes, et nous nous disputons au sujet du bois d'œuvre résineux depuis aussi longtemps que je me souvienne», a déclaré Angus King lors d'une conférence internationale sur la sécurité à Halifax, samedi.
«Mais le problème de fond est la rupture culturelle; l'impression que les Canadiens ne considèrent pas les Américains comme leurs amis et voisins, mais comme des adversaires.»
Le Forum d’Halifax sur la sécurité internationale, qui s'est ouvert vendredi, a attiré plus de 300 délégués du monde entier, dont des politiciens, des universitaires, des représentants gouvernementaux, des chefs militaires et des représentants d'organisations non gouvernementales.
Le thème de la conférence de cette année est la démocratie, mais les questions relatives aux relations canado-américaines ont suscité un vif débat samedi matin lorsque M. King et trois autres politiciens américains ont été invités à s'exprimer sur la place de leur pays dans le monde.
M. King, l'un des deux seuls sénateurs indépendants américains, a fait valoir que la persistance des tensions entre Canadiens et Américains est particulièrement préoccupante dans un État frontalier du Nouveau-Brunswick et du Québec.
«Venant d'un État où les gens traversent la frontière pour se faire couper les cheveux… c'est un triste jour. Si cela avait une quelconque utilité, ce serait une chose. Mais les États-Unis n'ont tiré aucun avantage de l'imposition de ces droits de douane ridicules.»
En réponse, le sénateur républicain Thom Tillis a rappelé à l'auditoire que le Canada et les États-Unis font partie d'une grande famille de pays démocratiques ayant une longue histoire de différends commerciaux.
«Je sais que si nous étions menacés, nous nous entraiderions», a dit le sénateur de Caroline du Nord, connu pour son franc-parler.
Toutefois, M. Tillis a rapidement enchaîné sur une critique acerbe de ce qu'il a qualifié de manquement du Canada à ses obligations financières envers l'OTAN, affirmant qu'Ottawa doit encore plus de 300 milliards $ à l'alliance militaire.
«Tous les premiers ministres ont dit la même chose: “On va s’en occuper”, et ils ne l’ont jamais fait», a affirmé M. Tillis.
«Certains regardent les États-Unis de haut à cause du système de santé. Par contre, nous avons toujours respecté nos engagements financiers en matière de défense commune depuis la création de l’OTAN.»
L’ancienne députée démocrate californienne Jane Harman a fait remarquer que le Canada s’était récemment engagé à augmenter ses dépenses de défense. En juin, le premier ministre Mark Carney a annoncé un plan visant à accroître ces dépenses de 9 milliards $ d’ici mars prochain, portant ainsi les dépenses de défense à 2 % du PIB canadien.
M. Tillis a raillé cette promesse: «C’est bien beau, mais pourrait-on aussi rattraper les 20 années de déficit de financement ?»
Le sénateur républicain Kevin Cramer, représentant du Dakota du Nord, a soutenu que M. King avait raison de souligner la «rupture culturelle» entre les deux pays.
«Il y a des tensions», a-t-il dit plus tard lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces tensions ont entraîné une baisse du nombre de Canadiens voyageant aux États-Unis pour le plaisir.
«Dans le Dakota du Nord, cela se traduit notamment par le magasinage dans les centres commerciaux et les séjours à l'hôtel… Ces chiffres sont en baisse parce que les gens sont mécontents.»
M. Kramer s'est toutefois dit optimiste quant à la possibilité de trouver une solution, malgré la récente décision de M. Trump d'imposer de nouveaux droits de douane aux entreprises canadiennes.
«Notre relation avec les Canadiens est très personnelle, a-t-il affirmé. La meilleure façon de régler ce problème est de reprendre les négociations et de trouver une solution à ce qui nous divise sur le plan commercial… Les citoyens des deux pays aspirent à renouer des liens étroits.»
Michael MacDonald, La Presse Canadienne