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Deux grizzlis capturés en Colombie-Britannique, près du lieu d'une attaque

durée 20h50
24 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Les agents de conservation ont annoncé la capture de deux grizzlis à Bella Coola, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Des tests ADN sont en cours sur l'un d'eux afin de déterminer s'il est impliqué dans l'attaque survenue la semaine dernière contre un groupe d'élèves et d'enseignants.

Le Service de conservation de la Colombie-Britannique a indiqué que le second ours capturé a déjà été examiné et, comme aucun lien avec l'attaque n'est «concluant», il sera équipé d'un collier GPS et relâché dans un autre lieu.

Les agents comparent les preuves recueillies sur les lieux de l'attaque, à 700 kilomètres au nord-ouest de Vancouver, avec celles analysées sur les deux ours capturés lundi.

Le Service avait précédemment déclaré qu'une femelle grizzly et ses deux oursons seraient impliqués dans l'attaque de mercredi, qui a grièvement blessé un enseignant et trois élèves. La femelle pourrait également avoir été blessée.

L'inspecteur Kevin Van Damme, du Service de conservation, avait mentionné après la capture du premier ours lundi matin que la femelle et ses oursons représentaient toujours un danger pour le public.

Il a indiqué que les résidents devaient éviter le secteur de 4 Mile, où l'attaque a eu lieu, et qu'ils devaient rester chez eux et ne pas partir à la recherche des ours.

«La situation reste évolutive, les agents travaillant sans relâche pour capturer et identifier les ours impliqués», a-t-il expliqué.

Les habitants de Bella Coola ont précisé être confrontés à une recrudescence des rencontres avec des grizzlis dans leur communauté.

Bella Coola est connue pour ses cours d'eau salmonicoles, sa faune abondante, ses forêts anciennes et ses montagnes escarpées.

Corey Van Andel, un résident de la vallée depuis quatre ans, a constaté plusieurs effractions de maisons commises par des ours, ce qui ne se serait pas produit les années précédentes.

Il a ajouté que les ours semblent plus à l'aise dans les maisons et qu'il connaît deux personnes qui ont subi des effractions d'ours cette année, avant l'attaque qui a grièvement blessé un enseignant et trois élèves.

Le chef héréditaire de la nation Nuxalk, Noel Pootlass, a mentionné que sa nation vivait en harmonie avec les ours locaux depuis des générations, mais qu'un afflux d'ours étrangers s'était installé dans la vallée au cours des sept dernières années environ, en raison de l'exploitation forestière, des feux de forêt et de la sécheresse.

M. Pootlass a expliqué que la vallée abritait autrefois de nombreux ours noirs, mais que l'arrivée croissante de grizzlis les avait poussés à partir.

«Il en reste encore quelques-uns, mais moins qu'avant», a-t-il précisé.

Il a ajouté que la vallée représente un territoire idéal pour les ours et que les grizzlis qui y arrivent adoptent un comportement agressif pour s'approprier leur territoire: ils chargent les véhicules, s'introduisent dans les fumoirs à saumon et s'installent sous les maisons.

«Mon voisin du village avait un ours qui vivait sous sa véranda. C'est ce que font ces ours depuis sept ans, et ils sont devenus un problème, car ils n'ont plus peur des humains», a affirmé M. Pootlass.

Il est fréquent d'apercevoir des grizzlis dans le village, a raconté M. Pootlass. Il a même vu des familles avec deux, trois, voire quatre oursons, «presque aussi gros que leur mère», se promener en ville.

«Ils arpentent nos rues, juste à côté de la banque, juste à côté des magasins en plein jour, ils traversent les ruelles, ils pillent les arbres fruitiers et ils s'aventurent dans les jardins», a confié M. Pootlass.

Des baisses dans les statistiques

Les résidents ont peut-être constaté une augmentation récente de l'activité des ours à Bella Coola, mais les statistiques gouvernementales indiquent que, globalement, les rencontres avec les grizzlis sont demeurées stables ou ont légèrement diminué dans toute la province.

Les interactions avec les grizzlis atteignent généralement leur apogée en Colombie-Britannique en septembre et en octobre, et les statistiques pour ces mois n'ont pas encore été publiées cette année.

En 2024, on a dénombré 122 interventions, ce qui a entraîné l'abattage ou le déplacement de dix ours au cours de ces deux mois. De 2011 à 2023, on comptait en moyenne 133 interventions durant la même période, avec pour conséquence l'abattage ou le déplacement d'environ 16 grizzlis.

Les rapports d'août de cette année, les données les plus récentes disponibles, font état de 63 interventions. Ce chiffre est également en baisse par rapport à la moyenne de 74 interventions pour le mois d'août entre 2011 et 2024.

M. Pootlass a cependant indiqué que plusieurs incendies se sont déclarés cette année aux alentours du lac Anahim, et que la perte d'habitat a accru l'activité des ours dans des localités comme Bella Coola, au sud.

Samuel Schooner, chef élu de la nation Nuxalk, a déclaré lundi dans un communiqué que le travail des agents de conservation se poursuit et qu'ils demandent à tous de rester à l'écart du lieu de l'attaque et de faire preuve de vigilance.

M. Schooner comprend que le rétablissement sera long, mais qu'ils soutiendront les victimes et leurs familles de toutes les manières possibles.

«Ce sont nos héros, et nous avons hâte de les accueillir à nouveau parmi nous dès qu'ils pourront rentrer», a-t-il affirmé.

Nono Shen, La Presse Canadienne