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Édition génomique: avancées pour de l'avoine mieux adaptée au climat canadien

durée 13h59
15 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Des chercheurs de l'Université McGill ont réussi à modifier de l'ADN d'avoine avec une technologie d'édition génomique, une première mondiale. Ces modifications ouvrent la voie à des cultures mieux adaptées au climat canadien, soutiennent-ils.

Le professeur Jaswinder Singh, responsable de l’étude, affirme que ces avancées permettent entre autres d’ajuster le temps de floraison des graines, ce qui permettrait d’augmenter ici la production de cette céréale originaire d’Europe.

Il explique que la fenêtre de temps pour cultiver de l’avoine ici est relativement petite et qu’il y a généralement des pertes de production associées à une neige précoce. Parallèlement, du temps trop chaud mène aussi à des pertes, soutient-il.

Les chercheurs ont utilisé la méthode d’édition du génome CRISPR-Cas9. Contrairement à certains OGM, cette technique n’introduit pas d’ADN étranger, préférant modifier le code génétique directement.

«C’est la même plante qui est utilisée par différentes techniques, par exemple, pour atténuer l’effet d’un gène ou même le couper de l’ADN. On est donc toujours dans le même ADN de la même espèce de la même plante», résume Salah Zoghlami, directeur des affaires agronomiques au sein des Producteurs de grains du Québec.

Les OGM sont plutôt utilisés pour tirer avantage d'autres organismes, «par exemple, amener un gène de résistance à une maladie d’une culture comme le maïs pour l’introduire dans de l’avoine», précise-t-il.

Arrivé en 2012, CRISPR-Cas9 permet d’isoler une partie d’une séquence génomique et de «l’extraire» pour la remplacer par une nouvelle, ajustée selon les besoins de la chose. Le professeur Singh explique que, de cette manière, seule la partie visée du gène change, ce qui permet d’être plus rapide, plus précis et rend impossible toute modification imprévue sur le reste du génome.

Depuis 2023, les aliments modifiés de cette manière ne nécessitent plus d’évaluation des risques pas le gouvernement, du moment qu’aucun ADN étranger ne soit utilisé. Les produits modifiés n’ont pas non plus à être identifiés lorsqu’ils entrent sur le marché.

«Cela a vraiment motivé les chercheurs qui travaillent sur cette technologie (…) et, en 2024, il y a eu de premiers tests de blé modifié dans des champs au Canada», souligne Mehtab Sign, doctorant et auteur principal de l’article.

Produire ici

L’avoine est une culture importante au pays, avec près de 3 millions d'acres ensemencés, selon Statistique Canada. Intégrer ces avancées technologiques à l’avoine aiderait l’économie canadienne et les exportations, selon le professeur Singh

«Ça peut aider à donner à ces cultures une meilleure performance agronomique, que ce soit du rendement ou une résistance à des maladies, plus de résilience aux changements climatiques», explique pour sa part M. Zoghlami.

Ce dernier soutient d’ailleurs que le climat est une des raisons qui expliquent que la production d’avoine est en chute au Québec depuis cinq ans, les producteurs préférant le maïs ou le soya, qui ont une meilleure faculté d’adaptation.

Près de 80 % des cultures de la province sont dédiées à ces deux cultures, laissant environ 52 000 acres à l’avoine québécois, affirme-t-il. L’essentiel de la production d’avoine canadien est concentré dans les Prairies.

Une majorité de l’avoine produite au pays est exportée. Le Canada est même le premier exportateur mondial d’avoine de haute qualité, selon l’organisme agricole Cereals Canada. Il estime que l’industrie rapportait en 2022 près de 4,2 milliards $ et ajoute qu'environ 81 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis.

Le Canada, se réjouit le professeur Singh, est un leader en termes de réglementation sur l’édition génomique, ce qui permettra aux agriculteurs du pays de profiter facilement de l’avoine modifiée lorsque des modèles adaptés au climat d’ici seront développés.

Alexis Drapeau-Bordage, La Presse Canadienne