En France, François Legault rencontre des entrepreneurs québécois


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Par La Presse Canadienne, 2024
PARIS — En mission en France, le premier ministre François Legault a rencontré vendredi plusieurs entrepreneurs québécoises, qui cherchent tant bien que mal de nouveaux débouchés afin de remplacer le marché américain.
En effet, la «tempête Trump», comme le dit le premier ministre, fait mal au Québec, en raison des droits de douane sur de nombreux produits canadiens, dont l'aluminium et l'acier.
Des entreprises abandonnent les États-Unis, d’autres veulent supplanter leurs concurrentes américaines, tandis que d’autres encore font des alliances avec des entreprises françaises, a constaté La Presse Canadienne.
Le Canada et le Québec se tournent vers l’Union européenne qui, avec son vaste marché, fait miroiter de juteux contrats dans plusieurs domaines, notamment en défense: les membres de l’UE prévoient 800 milliards $ en dépenses militaires dans les prochaines années.
À Paris pour quatre jours, M. Legault s’est aventuré au VivaTech, un immense salon destiné aux «jeunes pousses» spécialisées en technologie et en intelligence artificielle.
Au pavillon du Canada, les entrepreneurs et gestionnaires se pressaient pour lui parler et pour se faire prendre en photo à ses côtés.
«Avez-vous pensé à la défense?» conseille-t-il à un des entrepreneurs.
Il y a beaucoup d’intelligence artificielle en défense», a-t-il plaidé.
Le chef du gouvernement est accueilli comme une vedette, ce qui semble lui faire plaisir, après les derniers mois difficiles pour le gouvernement.
Andrée Laforge, la présidente de Kara, une entreprise de Québec spécialisée dans l'analytique de ressources humaines, a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui.
«On essaie d'éviter le marché américain», a-t-elle déclaré dans une entrevue avec La Presse Canadienne, en expliquant les raisons de sa participation.
«On s'est dit pourquoi ne pas profiter de VivaTech pour explorer (le marché de) la France», a-t-elle indiqué, tout en évoquant aussi les défis qui la confrontent.
«Je pense que ça va être long, les Français sont un peu frileux, quand on parle de ressources humaines et de données confidentielles. Mais je pense qu'on peut y arriver. La réputation du Québec, et du Canada, est quand même bonne.»
Cybersécurité
Dans le domaine de la cybersécurité, Cyberdefense.ai se targue même de supplanter ses rivales américaines et israéliennes, reconnues pourtant comme des leaders.
«On n’a jamais pensé que des produits canadiens pouvaient être supérieurs à ces groupes, or ça s’est fait, a fait valoir le grand patron de l’entreprise, Michel Bourque, au cours d’une entrevue. Lors de tests, nous sommes supérieurs.»
Son entreprise a bâti son expertise à partir du scandale des fuites de données informatiques chez Desjardins. M. Bourque a signé jeudi son premier contrat en Allemagne, un pays qui est confronté aux attaques informatiques d’États hostiles.
«On est en train de marier la performance à la rigueur allemande», a-t-il résumé.
Legault dans l’armement
Plus tard en après-midi, à Versailles, en banlieue de Paris, M. Legault pose sur le bord d'une lagune au côté d’un énorme véhicule blindé noir, conçu pour servir autant aux militaires qu’à la police.
C’est le BlackWolf, construit par Cambli à Saint-Jean-sur-Richelieu, et qui sert notamment sur les champs de bataille en Ukraine.
Il a été mis à l’essai avec succès lors des Jeux olympiques de Paris et maintenant, Cambli s’allie à la française Soframe pour décrocher des appels d’offres du gouvernement français.
Ils ont obtenu aussi un contrat d’Ottawa pour 1000 plateformes destinées à des véhicules multifonctions. Le montant n’a pas été précisé: «des dizaines de millions $ sur trois ans», se contente-t-on d’indiquer.
«Les pays veulent être plus indépendants des États-Unis» en matière de défense, a résumé M. Legault, aux côtés des dirigeants des deux entreprises mariées.
Le premier ministre a évoqué les «budgets astronomiques» annoncés en Europe dans le secteur militaire, mais le patron de Soframe, Alexis Mabile, a soulevé des réserves.
«Pour l’instant, cela ne ruisselle pas encore sur les PME, mais sur les grands groupes», a-t-il déploré.
En mêlée de presse, M. Legault s’est toutefois montré confiant que les milliards de dollars se rendront aux PME. Il a fait savoir qu’il avait demandé à Ottawa de fractionner les contrats pour que de plus petites entreprises puissent soumissionner.
Martin Cousineau, de Cambli, s’est également montré confiant. «Ce n’est qu’un début», a-t-il assuré.
Parlant de grands groupes, le premier ministre du Québec a d'ailleurs terminé sa journée chez Dassault, un géant industriel qui vend notamment des avions de combat.
Il a effectué une visite du campus technologique de Dassault Systèmes, qui conçoit notamment des logiciels, des solutions en 3D, etc.
Lundi, M. Legault participera au Salon du Bourget, le grand rendez-vous international des constructeurs aéronautiques.
Patrice Bergeron, La Presse Canadienne