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Hockey: le cerveau des grands amateurs réagit différemment

durée 10h00
21 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une partie du cerveau étroitement liée à l'implication émotionnelle s'active chez les grands amateurs de hockey lors des mises en jeu en zone offensive, ont constaté des chercheurs ontariens.

Ces amateurs, a expliqué le professeur Luke Potwarka, de l'Université de Waterloo, perçoivent apparemment que quelque chose d'important est possiblement sur le point de se produire, ce qui pourrait échapper à des amateurs moins intéressés.

«Il est parfois difficile pour les spectateurs de décrire avec précision, en temps réel, ce qu'ils ressentent dans ces situations, ou comment ils jugent et évaluent le match pendant qu'ils le regardent», a dit le professeur Potwarka.

«Nous avons donc vraiment voulu tester l'utilisation de données plus objectives pour saisir ces expériences, des mesures plus physiologiques, afin de voir si elles pouvaient nous donner un meilleur aperçu de la façon dont les gens traitent cognitivement les événements.»

Le professeur Potwarka et ses collègues ont demandé à vingt participants de regarder un match de hockey entre deux équipes britanniques obscures. Ils ont choisi ces équipes afin d'éviter tout parti-pris émotionnel de la part de leurs sujets, mais on a quand même demandé aux participants de choisir un club à encourager.

Les participants avaient été répartis en deux groupes, selon l'intérêt qu'ils disaient avoir pour le hockey ― un groupe d'amateurs tellement féroces qu'ils allaient jusqu'à organiser leur vie en fonction de l'horaire des matchs, et un autre groupe plus désintéressé.

Les chercheurs ont examiné leurs sujets, pendant le match, par imagerie spectroscopique proche infrarouge fonctionnelle, une technique non invasive qui consiste à mesurer de l'oxygénation d'une zone du cerveau afin d'en déduire l'activité.

Ils ont constaté qu'une zone liée à l'implication émotionnelle et à la pensée évaluative ― c'est-à-dire le processus mental que nous utilisons pour juger et interpréter ce qui se passe autour de nous ― s'activait lors des mises en jeu en zone offensive.

Étonnamment, aucune différence n'a été constatée entre les grands amateurs et les amateurs plus désintéressés lors d'occasions de marquer, possiblement parce que les deux groupes reconnaissaient l'importance de la situation.

«Même ceux qui ne s'intéressent pas à ce sport ou pour qui (le hockey) n'occupe pas une place centrale dans leur vie peuvent comprendre l'importance et la pertinence d'une occasion de marquer, car il s'agit de l'élément central (et le moins nuancé) du jeu», écrivent les auteurs dans Scientific Reports.

En revanche, poursuivent-ils, les mises en jeu nécessitent une compréhension plus approfondie de la stratégie du hockey, ce qui semble provoquer une implication cognitive plus intense de la part des passionnés de hockey. «Les amateurs très impliqués ont peut-être été plus sensibles aux nuances et aux possibilités associées à ces moments clés du match», disent les chercheurs.

Les auteurs de l'étude rapportent aussi que le cerveau des grands amateurs était plus actif pendant les premières minutes de chaque période que celui des amateurs plus désintéressés.

Ces résultats pourraient aider les diffuseurs, les spécialistes du marketing sportif et les créateurs de contenu à mieux comprendre ce qui motive les fans et à améliorer la présentation des événements sportifs en direct, croient les auteurs de l'étude.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne