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Incendies de forêt: une situation rare, mais pas exceptionnelle

durée 13h49
5 juin 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Les incendies de forêt qui sévissent un peu partout au Québec ne sont pas les plus importants que la province ait connus, souligne Yves Bergeron, professeur et chercheur à l'Institut de recherche sur les forêts de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

«On n'est pas dans des situations jamais vues dans le passé. En 1922, ce sont 6500 kilomètres carrés qui ont brûlé au Québec, et environ 5500 l'année suivante, relate-t-il. Mais on ne répertoriait pas les feux dans le Nord.»

Selon le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie et aménagement forestier, le 20e siècle a été plus humide que ses deux prédécesseurs; ce faisant, il y a eu moins d'incendies de forêt. 

Une tendance qui pourrait changer dans l'avenir, craint-il. «Au 20e siècle, les précipitations avaient suffisamment augmenté pour compenser l'augmentation de la température, explique M. Bergeron. Ce qu'on prédit, avec les changements climatiques dans l'est du Canada, c'est qu'on va revenir à des conditions très sèches, comme on a eu aux 18e et 19e siècles et qui étaient plus propices aux feux. Mais selon nos simulations, les précipitations ne suffiront plus.»

Si on ne peut attribuer aux changements climatiques l'origine d'un incendie de forêt bien précis, on ne peut nier leur rôle dans le réchauffement des saisons et l'impact de celui-ci sur l'environnement et l'agriculture, souligne aussi Angelica Alberti-Dufour, porte-parole d'Ouranos, consortium sur les changements climatiques.

«Avec les changements climatiques, on observe un raccourcissement de la période hivernale et par le fait même, un printemps hâtif, explique-t-elle. Les températures printanières augmentent elles aussi. En raison des changements climatiques, on s'attend à ce que des épisodes de plus grande chaleur accompagnés de plusieurs jours sans précipitations soient plus fréquents.»

Le temps chaud et très sec observé depuis quelques semaines contraste avec les précipitations abondantes survenues au début du mois de mai et qui ont été à l'origine d'importantes crues des eaux, relève Jean-François Bégin, météorologue chez Environnement Canada.

«Rappelons-nous il y a un mois, on souhaitait une période sans précipitations pour permettre au niveau d'eau des rivières de redescendre, relate-t-il. Mais là, c'est l'inverse. On a eu du beau temps et de la chaleur, ça a été ensoleillé et ça a favorisé l'assèchement de la végétation.»

Une canicule pas exceptionnelle

Si la canicule observée entre le 31 mai et le 2 juin derniers semblait précoce, elle n'était toutefois pas la plus hâtive, souligne le météorologue, qui rappelle que les premières journées où le mercure grimpe au-delà de 30 degrés ont généralement lieu au début de ce mois-ci.

Il s'agit en effet de la cinquième canicule la plus hâtive comptabilisée. Parmi les quatre précédentes, notons des périodes de chaleur survenues dans la deuxième moitié de mai en 1962, en 1977 et en 1978. 

Le record a toutefois été battu l'an dernier, avec une canicule enregistrée du 12 au 14 mai. «C'est donc dire que de vivre une canicule à la fin du mois de mai n'est pas du jamais-vu, ce n'est pas si hors du commun, mais si chaque année à venir s'inscrit dans le top 5 des canicules les plus hâtives, là on pourrait parler d'une tendance lourde», explique M. Bégin.

Heureusement, l'Est-du-Québec et la Côte-Nord devraient recevoir des précipitations au cours des prochaines heures ou d'ici mardi, ce qui devrait aider les pompiers dans leur combat contre les incendies, ajoute le météorologue.

Le nord-ouest de la province n'aura pas cette chance, alors que le beau temps sera là pour rester, sans précipitations significatives attendues.

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Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne