Interdiction du cellulaire: des écoles canadiennes constatent des effets positifs


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Par La Presse Canadienne, 2024
EDMONTON — Roha Akram, âgée de 16 ans, était sceptique lorsque les enseignants de Calgary ont annoncé l'interdiction des cellulaires lors de la première assemblée de l'année scolaire.
«Je me suis dit: "Personne ne va respecter ça"», s'est souvenue l'élève de 11e année à propos du changement en septembre.
«C'est dans la nature des adolescents. On n'aime pas les règles.»
Les enseignants ne voulaient pas voir de téléphones sur les bureaux ou dans les poches, a ajouté Roha Akram. «Ils voulaient qu'ils soient dans le sac à dos, dans le casier, dans la voiture.»
Elle a expliqué que l'interdiction avait été bénéfique pour certains élèves, qui avaient simplement besoin d'un rappel pour se concentrer en classe, surtout lorsque les enseignants parlent. Mais certains ont eu des difficultés.
Un enseignant a confisqué le téléphone d'un garçon qui y tenait beaucoup, a-t-elle raconté. «Il a commencé à faire des bêtises. Il demandait à tout le monde: "Je peux utiliser ton téléphone? Je peux utiliser ton téléphone? J'ai besoin d'aller sur Instagram."»
«J'ai constaté que les téléphones devenaient une sorte de dépendance.»
Des effets positifs
Alors que l'année scolaire se termine ce mois-ci, les ministères de l'Éducation du Canada affirment que l'interdiction des téléphones cellulaires a eu des effets globalement positifs.
Ils affirment que cela a appris aux élèves à ne pas développer d'attachements malsains à leur téléphone et à se concentrer sur les leçons en classe.
L'automne dernier, la plupart des provinces ont adopté des politiques visant à limiter l'utilisation des téléphones cellulaires dans les écoles, à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays.
Avant l'interdiction au Manitoba, la ministre de l'Éducation, Tracy Schmidt, a déclaré qu'une bibliothécaire scolaire s'était plainte auprès d'elle que les élèves étaient trop silencieux assis autour des piles de livres.
«Les élèves arrivaient en groupe, s'asseyaient à une table ensemble, sortaient leurs téléphones cellulaires et ils s'asseyaient tous là. On aurait entendu une mouche voler», a mentionné Mme Schmidt.
L'interdiction des téléphones cellulaires a redonné le goût du bavardage et de la socialisation entre les élèves, a-t-elle ajouté.
«Ils viennent toujours avec leurs groupes d'amis, mais maintenant, ils sont assis, ils discutent, ils rient. Ils peuvent même jouer à un jeu de société. (La bibliothécaire) était extrêmement reconnaissante envers la province d'avoir pris cette mesure.»
Un meilleur environnement d'apprentissage
Le ministère de l'Éducation de l'Ontario a affirmé que les parents et les enseignants estiment que l'interdiction a créé un meilleur environnement d'apprentissage.
«Alors que nous terminons la première année complète de mise en œuvre, nous continuerons de recueillir des commentaires pour comprendre comment la politique a fonctionné en pratique, où elle a été efficace et où un soutien supplémentaire pourrait être nécessaire», a souligné la porte-parole Emma Testani.
En Nouvelle-Écosse, le personnel scolaire a été surpris par la facilité avec laquelle la nouvelle directive a été mise en œuvre, selon Alex Burke, porte-parole en matière d'éducation.
«Bien que tous les élèves n'aiment pas laisser leurs appareils hors de la salle de classe, les avantages de limiter l'utilisation du téléphone cellulaire sont généralement reconnus et la possibilité de l'ignorer est appréciée», a ajouté M. Burke.
Le Conseil scolaire public d'Edmonton, la plus grande division scolaire de l'Alberta, dit n'avoir constaté aucun problème majeur.
«Les écoles ont eu la flexibilité de déterminer la meilleure façon de mettre en œuvre l'interdiction, qu'il s'agisse d'introduire de nouvelles pratiques ou d'ajuster les pratiques actuelles», a déclaré la porte-parole Kim Smith.
De nouvelles techniques sournoises
Selon Rona Akram, l'interdiction ne signifie pas que les élèves n'utilisent plus du tout le cellulaire: certains sont simplement devenus plus sournois.
Un élève a utilisé un manuel pour cacher son téléphone pendant que les professeurs parlaient, a-t-elle raconté.
«Il regarde des vidéos YouTube pendant tout le cours.»
Rona Akram a indiqué qu'elle utilisait aussi occasionnellement son téléphone pendant les heures de travail en classe – ses AirPods dans les oreilles, sous son hijab – pour écouter de la musique.
Lorsque les professeurs confisquent leurs téléphones, ils sont généralement remis à la fin du cours ou à la fin de la journée scolaire, a-t-elle ajouté.
Rona Akram a expliqué comprendre pourquoi l'interdiction pourrait être nécessaire pour la génération Z et les élèves ayant un attachement malsain à leur téléphone.
«Nous sommes nés à l'époque où les iPad et les iPhone étaient inventés (…) nous avons donc grandi avec des écrans.»
Elle ne croit pas que les professeurs seront plus stricts avec l'interdiction l'année prochaine.
Fakiha Baig, La Presse Canadienne