IRCM: une protéine pourrait freiner les métastases du cancer du sein


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Une équipe de l'Institut de recherches cliniques de Montréal a identifié une protéine qui pourrait jouer un rôle dans la propagation des cellules du cancer du sein à travers l'organisme.
On pourrait donc envisager de cibler cette protéine pour freiner l'apparition de métastases, croient les chercheurs.
«Une chose commune à tous les cancers du sein, c'est que quand la maladie progresse au stade métastatique, c'est à ce moment-là qu'il commence à y avoir des dangers pour la santé des patientes et leur survie à travers le temps, a dit le professeur Jean-François Côté. C'est pour ça que notre programme de recherche s'intéresse beaucoup à comprendre les métastases.»
Ces travaux, a-t-il ajouté, ont mené à une «série de découvertes» pour comprendre comment les cellules cancéreuses sont capables de quitter la tumeur primaire, d'envahir les vaisseaux sanguins ou les vaisseaux lymphatiques, puis d'aller coloniser des organes secondaires comme le poumon.
Une fois la tumeur primaire retirée, a expliqué le professeur Côté, qui est aussi le président et le directeur scientifique de l'IRCM, le «mal est déjà un peu fait» puisqu'il y a déjà des cellules qui se sont disséminées à travers le corps et qui sont entrées dans un état appelé de «dormance tumorale».
Si certaines de ces cellules peuvent rester en dormance pendant dix ou vingt ans, d'autres pourront se réveiller après seulement quelques mois.
La plus récente découverte du professeur Côté et de son équipe porte sur une protéine appelée PIK3C3, qui semble essentielle à la survie de ces cellules capables de demeurer inactives pendant de longues périodes.
«On cherchait à comprendre un petit peu quels sont les éléments de vulnérabilité pour les cellules qui sont allées se cacher dans des organes secondaires, a-t-il expliqué. Quels sont les gènes qui sont essentiels pour qu'elles survivent? Est-ce qu'on pourrait commencer à éliminer ces cellules-là qui se sont disséminées à travers le corps?»
Des expériences menées en laboratoire ont tout d'abord démontré que des cellules cancéreuses peinent à survivre lorsqu'on inhibe le PIK3C3 avec des médicaments ou une approche génétique. Des tests sur des souris ont ensuite révélé que ces médicaments peuvent aussi éliminer ces cellules dans les poumons des petites bêtes.
«On pense qu'on a montré un exemple d'un gène qui est vraiment requis, dans les modèles qu'on a testés en laboratoire du moins, pour la survie des cellules dans des sites secondaires», a résumé le professeur Côté.
Ce gène pourrait devenir une cible thérapeutique au cours des prochaines années, croit-il. On pourrait par exemple envisager, un jour, de traiter une femme soignée pour un cancer du sein pour réduire au minimum le risque de métastases.
«On pourrait faire une deuxième vague de traitements qui pourrait vraiment changer la qualité de vie puis la survie des patientes», a prédit le professeur Côté.
On estime qu'une femme sur quatre qui est atteinte d'un cancer du sein présentera éventuellement une récidive de la maladie.
L'auteur principal de cette étude publiée par le journal Cancer Research est le docteur Islam E. Elkholi, lui aussi de l'IRCM.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne