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L'homme accusé d'espionnage aurait été mécontent chez Hydro-Québec

durée 18h50
6 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Un ancien chercheur d'Hydro-Québec, accusé d'espionnage économique, a déclaré jeudi qu'il postulait à des postes universitaires en Chine par précaution, car il était insatisfait de son travail à Hydro-Québec.

Yuesheng Wang, 38 ans, a maintenu lors de son contre-interrogatoire qu'il n'y avait rien de répréhensible dans son désir de retourner en Chine. Il a expliqué que cela était lié au refus d'Hydro-Québec de prolonger son visa de travail de plus d'un an et à son expérience à l'institut vers 2017 et 2018.

«À cette époque, je me disais que si je n'étais pas heureux à Hydro-Québec, retourner en Chine comme professeur titulaire était une des solutions possibles», a témoigné Wang.

La Couronne a soutenu que Wang, alors qu'il travaillait à Hydro-Québec, avait envoyé sa candidature à des universités chinoises dans le cadre du programme des Mille Talents, un outil de recrutement utilisé par le gouvernement chinois pour inciter les scientifiques formés à l'étranger à revenir travailler en Chine.

La Couronne allègue que Wang a utilisé des recherches exclusives d'Hydro-Québec sans autorisation, mais il affirme n'avoir divulgué aucun secret d'État.

Wang a déclaré avoir joint à ses demandes d'emploi des documents justificatifs destinés à donner «une idée générale, mais non des détails, de mes activités».

Il a ajouté que ces documents visaient également à promouvoir un emploi au sein de l'institut lié à Hydro-Québec, mais ne contenaient aucun secret d'entreprise.

Wang a indiqué avoir pris connaissance du programme de recrutement de talents vers 2017 ou 2018 et que celui-ci n'avait pas influencé sa décision de chercher un emploi à l'étranger.

Wang a postulé à quatre reprises auprès d'universités chinoises, mais ses candidatures ont été refusées. Il a témoigné que les documents complémentaires préparés pour accompagner ces demandes n'ont jamais été envoyés.

L'un des documents contenait un graphique tiré d'une demande de brevet d'Hydro-Québec, mais Wang l'a jugé insignifiant en soi.

Wang a soutenu qu'aucune donnée sensible relative aux brevets ni aucune information confidentielle n'était incluse. Il a admis avoir utilisé un ordinateur d'Hydro-Québec pour certains travaux liés à la demande, mais a affirmé qu'on ne lui avait jamais interdit de l'utiliser à des fins personnelles. Wang a déclaré que les universités chinoises lui offraient des opportunités uniques, notamment un poste de professeur titulaire assorti de ressources et de financements de recherche considérables.

«Si l’on m’offrait un poste de professeur titulaire, ce serait un honneur pour un jeune chercheur», a-t-il affirmé.

M. Wang a plaidé non coupable d’espionnage économique en vertu de la Loi sur la sécurité de l’information du Canada et de quatre autres chefs d’accusation déposés en 2022 et 2024 en vertu du Code criminel: utilisation frauduleuse d’un ordinateur, abus de confiance, actes préparatoires accomplis pour le compte d’une entité étrangère et communication de ses intentions à cette entité — la République populaire de Chine.

La Couronne a indiqué qu’une autre accusation d’obtention frauduleuse d’un secret commercial avait été retirée l’an dernier.

Wang a expliqué au tribunal avoir postulé à des emplois postdoctoraux dans plusieurs pays hors de Chine.

Il avait notamment postulé au Qatar, au Japon, au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il ne se souvenait pas avoir postulé en Chine.

«Je voulais aller à l’étranger pour découvrir le monde», a-t-il conclu. Dans la plupart de ces endroits, le travail se déroulait principalement en anglais, mais le niveau de compétence requis pour la recherche était moins élevé que celui exigé pour l'enseignement.

Wang a témoigné qu'il croyait avoir échoué à la plupart de ses candidatures en raison de sa maîtrise insuffisante de l'anglais.

Il a également expliqué les difficultés qu'il a rencontrées à Hydro-Québec en raison de la barrière linguistique.

Wang a déclaré n'avoir reçu aucune explication de ses supérieurs avant sa suspension en août 2022 et son congédiement en novembre de la même année.

Les responsables d'Hydro-Québec ont lancé une enquête interne concernant une publication scientifique de Wang, rendue publique en mai 2022. La société a porté l'affaire à la GRC, qui l'a arrêté deux semaines après son congédiement.

Le procès de Wang se poursuit vendredi avec le contre-interrogatoire de la Couronne.

Le procès devrait se terminer cette semaine devant le juge Jean-Philippe Marcoux, au palais de justice de Longueuil, au Québec, les plaidoiries finales devant être soumises par écrit.

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne