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La citoyenneté numérique pourrait être intégrée comme contenu obligatoire à l'école

durée 04h30
30 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Dans le but de mieux encadrer les jeunes à l'ère du numérique, les membres de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes interpellent le gouvernement pour que la citoyenneté numérique devienne un contenu obligatoire dans le parcours scolaire.

Il s'agit de la recommandation 23 du rapport de la commission, qui a été déposé jeudi à l'Assemblée nationale. On sollicite le gouvernement du Québec afin qu'il mette à jour le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ), le Cadre de référence de la compétence numérique et la Politique d’évaluation des apprentissages pour «tracer clairement la voie à suivre» pour les enseignants et les autres intervenants du milieu scolaire. On demande aussi au gouvernement d'évaluer l'occasion d'instaurer la compétence numérique comme contenu obligatoire, en attendant son intégration complète dans les programmes du PFEQ.

Il existe déjà certaines notions numériques qui sont incluses dans le cours de culture et citoyenneté québécoise, indique Annie Primeau, vice-présidente à la vie pédagogique pour la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

«Ce qu'on comprend à la suite du rapport, c'est qu'il y a un souhait de modification plus profonde du PFEQ. Cela dit, lorsqu'on parle de modifier le programme de formation québécoise, il faut que le personnel enseignant fasse partie de ces changements», soutient Mme Primeau, et surtout, que les modifications ne soient pas imposées.

Mme Primeau affirme que les contenus du PFEQ sont déjà saturés. «Il n'y a déjà plus de place», lance-t-elle. Ce qui l'amène à poser une ultime question: «qu'est-ce qu'on va enlever pour pouvoir intégrer ça?»

«Parce que ça aussi, il faut y penser, poursuit-elle. Le programme est déjà plein. Il y a déjà plein de personnes enseignantes qui disent ''je n'arrive pas à tout passer''.»

Mme Primeau rappelle que par le passé, l'imposition de notion obligatoire a «écrasé d'autres choses». Elle cite le cas des cours d'éducation à la sexualité qui ont été «saupoudrés» sur l'ensemble des matières avant de s'ajouter officiellement dans le programme. «Donc, il faut prendre le temps de s'asseoir et de réfléchir sur ce qu'on va enlever pour garder notre équilibre et garder en même temps ce souhait de vouloir actualiser la formation donnée aux jeunes à l'ère de 2025», détaille Mme Pirmeau.

La Dre Karine Josée Igartua, psychiatre et membre du conseil d'administration de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), espère que le gouvernement ira de l'avant avec la recommandation 23.

Elle aimerait qu'on approfondisse avec les jeunes ce que c'est que la cyberintimidation, le sextage, et qu'on leur apprenne à reconnaître les fausses informations et les images générées par l'intelligence artificielle. «Ça fait partie de ce qu'on doit montrer à nos jeunes et j'étais très contente de voir qu'il y avait une recommandation dans ce sens-là. C'est d'ailleurs une des recommandations que la Fédération des médecins spécialistes du Québec avait faites», indique-t-elle.

Ne pas échapper la prochaine génération

La FAE met en garde qu'il ne faut pas que les enseignants soient les seuls à s'occuper de l'encadrement des réseaux sociaux. «C'est un changement social, tout ne peut pas reposer que sur les épaules du milieu de l'éducation, prévient Mme Primeau. On le voit aussi dans le rapport. Il y a un souhait de responsabilités partagées, notamment certains éléments qui relèvent peut-être plus du communautaire ou encore des services sociaux.» Il faudrait par exemple augmenter le nombre de psychologues pour traiter certaines problématiques qui sont vécues par des jeunes en lien avec la cyberintimidation.

Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec, aimerait voir un «partenariat entre l'école et la maison». Elle voit positivement l'idée d'intégrer les compétences numériques dans les programmes scolaires. «C'est important de l'enseigner à nos enfants, dit-elle. C'est important à la maison, mais ce n'est pas tous les parents qui connaissent assez ça ou qui sont suffisamment bien outillés pour bien éduquer leurs enfants face à ça.»

Puisqu'il y a tout un pan de la socialisation qui se fait en ligne, Mme Laviolette croit qu'il est incontournable de l'enseigner aussi à l'école.

On retrouve sur les réseaux sociaux plusieurs dérives. «Les gens ont oublié qu'ils s'adressaient à quelqu'un quand ils parlent. Ils se vident le cœur, ils disent ce qu'ils ont à dire, ils oublient qu'il y a quelqu'un derrière, soulève Mme Laviolette. Donc, il faut apprendre les codes sociaux, comme le civisme de la vie de tous les jours, et ça se transpose dans la vie numérique parce que ça fait partie de notre réalité maintenant.»

La Dre Igartua abonde dans le même sens. «Le cellulaire est arrivé sans que les parents et les adultes et les profs autour comprennent un petit peu c'était quoi les impacts. Maintenant, on sait c'est quoi les impacts, et j'aimerais ça qu'on n'échappe pas la prochaine génération», conclut-elle.

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Katrine Desautels, La Presse Canadienne