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La Colombie-Britannique pourrait réglementer la cueillette de champignons sauvages

durée 09h28
9 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par The Canadian Press, 2024

La Colombie-Britannique n'exclut pas de réglementer la cueillette de champignons sauvages après qu'une Première Nation eut dénoncé le nombre croissant de cueilleurs qui empiétaient sur ses terres. Un cas de violence physique et d'intimidation aurait même été rapporté.

La réflexion gouvernementale survient après que la Première Nation Skwlax te Secwepemculecw eut indiqué qu'un grand nombre de morilles poussaient dans les secteurs dévastés par des incendies de forêt à Lower East Adams Lake et à Bush Creek, l'année dernière. Ces endroits attirent désormais de nombreux cueilleurs qui exercent de nouvelles pressions sur l'écosystème fragile de la terre.

«C'est ce qu'ils laissent derrière eux qui constitue le problème, la dévastation, les dégâts qu'ils causent en abattant des arbres, a expliqué le chef James Tomma. Nous assistons à la mort non souhaitée d'une faune vulnérable qui subit actuellement beaucoup de stress.»

Dans une déclaration écrite, le ministère des Forêts de la Colombie-Britannique a mentionné qu'il continuait à surveiller la situation et qu'il pourrait «prendre des mesures à l'avenir, si les circonstances indiqu[aient] qu'un changement est nécessaire».

«La cueillette des champignons est une activité partagée par de nombreuses personnes en Colombie-Britannique et il n'y a aucune exigence de permis pour le moment, rappelle le communiqué. Nous sommes profondément préoccupés, et chacun devrait être conscient et respectueux des territoires des Premières Nations. En ce moment, nous travaillons avec la Nation Skwlāx pour surveiller toute activité susceptible d'avoir un impact négatif sur l'environnement.»

Les mycologues ont déclaré que le moment était peut-être venu pour la Colombie-Britannique d'examiner les changements possibles dans la réglementation, étant donné l'augmentation possible du nombre et de l'intensité des incendies de forêt et de la tendance des morilles à prospérer sur les terres l'année suivant un incendie.

«La province a déjà été aux prises avec ce problème auparavant, et en fin de compte — à deux reprises, dont je suis au courant, dont une dans laquelle j'ai été très impliqué — elle a renoncé à toute forme de réglementation des cueilleurs ou des acheteurs», a déclaré un écologiste forestier de la Colombie-Britannique, Andy MacKinnon.

«À mon avis, le système ne fonctionne pas trop mal. Mais si nous nous retrouvons actuellement dans des situations comme celle des morilles dans [l'Intérieur sud de Colombie-Britannique], il est peut-être temps de réexaminer cette question.»

M. MacKinnon a précisé que les morilles prospèrent sur les terres fraîchement brûlées pour un certain nombre de raisons, notamment un meilleur accès à la lumière du soleil comparé à un couvert forestier, un réchauffement du sol et des nutriments présents dans les cendres laissées sur place.

Cela signifie que davantage de conflits concernant la cueillette des morilles pourraient survenir à mesure que le nombre d'incendies de forêt en Colombie-Britannique augmente, créant davantage de terres où différentes parties se précipitent pour récolter les champignons dans un environnement non réglementé.

La saison des incendies de forêt record de l'année dernière en Colombie-Britannique a mené à la destruction de 28 400 kilomètres carrés de terres par les incendies, en plus de dizaines de milliers de personnes forcées d'évacuer leur maison et des centaines de maisons et de structures perdues.

Le Service d'incendie de la Colombie-Britannique a déclaré que les conditions de sécheresse dans certaines parties de la province ont amplifié le risque de «feux dormants» qui couvent sous terre au cours de l'hiver et qui pourraient réapparaître au printemps et en été, avec plus de 100 incendies de ce type répertoriés en janvier.

L’un de ces incendies dormants est l’incendie incontrôlable de Patry Creek, qui s’étend sur 673 kilomètres carrés au nord de Fort Nelson, le plus grand incendie de forêt en Colombie-Britannique en date de samedi.

«Le changement climatique devrait entraîner des climats chauds et secs en été et créer des conditions propices à des incendies de forêt plus explosifs, a averti M. MacKinnon. Nous pouvons donc nous attendre, si nous obtenons l'augmentation prévue du nombre, de la superficie couverte et de l'intensité des incendies de forêt, à une explosion correspondante des morilles de feu.»

La collaboration est de mise

Le chef James Tomma a expliqué que ces événements se sont déjà produits pour Skwlax te Secwepemculecw, lorsque des résidents qui sont déjà préoccupés par la reconstruction de leurs maisons après les incendies de forêt de l'année dernière ont vu un nombre croissant de cueilleurs de morilles se promener sur le territoire.

Il a déclaré qu'un cas impliquait même «un individu (qui) estimait que c'était son droit» d'être sur la terre de la Première Nation, et que ce conflit avait mené à «des violences physiques et des intimidations». M. Tomma a refusé de fournir d'autres détails, affirmant que l'affaire a été rapportée à la police.

«C'est l'un des cas qui a incité à réfléchir à la question de savoir si nous devions prendre des mesures positives ici, a déclaré M. Tomma. Nous avons décidé qu'il fallait que cela cesse, mais que personne d'autre n'agissait. J'ai des surveillants qui vont là-bas maintenant, essayant de ne pas être conflictuels, mais demandant aux gens d'être au moins respectueux.»

James Tomma a ajouté que les surveillants sont présents non seulement pour protéger les terres fraîchement brûlées, mais aussi pour les cueilleurs de champignons eux-mêmes, car le terrain peut être dangereux et de nombreux cueilleurs sont des «aventuriers de fin de semaine» qui risquent de se blesser.

Il a précisé que les cueilleurs pourraient être tenus d'obtenir la permission des autorités de la Première Nation avant d'entrer sur les terres et de cueillir des morilles. En attendant, il compte collaborer avec la province pour assurer la sécurité des personnes et la protection de l'environnement.

«Nous en sommes encore à la phase fondamentale, où nous essayons de construire cette relation de travail qui, espérons-le, durera au-delà de notre vie, a indiqué M. Tomma. En tant que gardiens traditionnels du territoire, nous aimerions avoir la responsabilité des bassins hydrographiques qui font partie de notre territoire traditionnel.»

En ligne, le prix des morilles sauvages canadiennes fraîches est affiché à environ 30 $ la livre.

Chuck Chiang, La Presse Canadienne