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La communauté sikhe en C.-B. craint pour sa sécurité après l'assassinat de Nijjar

durée 22h21
18 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

SURREY — Pour Harkirat Kaur, la relation qu'elle entretenait avec le leader de la communauté sikhe Hardeep Singh Nijjar s'apparentait à celle entre d'«un père et sa fille».

La militante sikhe de 19 ans avait d'abord été soulagée d'entendre le premier ministre Justin Trudeau déclarer au Parlement lundi que des renseignements « crédibles » liaient le gouvernement indien à la mort par balle de M. Nijjar, qui soutenait une patrie sikhe indépendante dans la province indienne du Pendjab.

Ce soulagement a été de courte durée et s'est rapidement transformé en ressentiment en raison des longs mois qui s'étaient écoulés depuis l'assassinat du dirigeant dans le stationnement de la gurdwara dont il était président.

«Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ? Pourquoi a-t-il fallu que quelqu’un soit tué pour que nous soyons un peu conscients de ce qui se passe ?» a demandé la jeune femme.

Comme elle, d'autres membres de la communauté sikhe de la Colombie-Britannique réclament des mesures pour se sentir davantage en sécurité.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, fait également partie de ceux qui expriment leurs inquiétudes. Il a déclaré lundi qu'il avait reçu un breffage de l'agence d'espionnage canadienne au sujet de «l'assassinat» de M. Nijjar et qu'il était «profondément troublé» par ce qu'il y avait appris.

Il a appelé le gouvernement fédéral à partager toutes les informations liées à l'ingérence étrangère continue et aux « menaces du crime organisé transnational ».

«Les Canadiens de tout le pays doivent être protégés contre l'ingérence des gouvernements étrangers, notamment contre les menaces ou les atteintes physiques, ce qui comprend le meurtre, a-t-il déclaré. Notre démocratie en dépend.»

Accords problématiques

M. Nijjar a été abattu alors qu'il était assis dans sa camionnette le 18 juin, lors de ce que la police considère comme une attaque ciblée. Il organisait un référendum non officiel en Inde pour un État sikh indépendant au moment de son décès.

Moninder Singh, porte-parole du Conseil Gurdwara sikh de la Colombie-Britannique, estime qu'une enquête publique sur l'ingérence indienne au Canada «doit avoir lieu immédiatement».

S'exprimant lors d'une conférence de presse et d'un entretien ultérieur au gurdwara de Surrey, M. Singh a soutenu que le partage de renseignements avec l'Inde mettait en danger les militants sikhs au Canada.

En 2018, un cadre de coopération en matière d'activités antiterroristes a été établi entre le Canada et l'Inde. Il engage les deux parties à coopérer dans les domaines financiers, judiciaires et policiers, y compris «au niveau opérationnel».

M. Singh a déclaré que « ces accords de partage de renseignements avec nous ont toujours été problématiques ».

« Ils ont toujours mis les militants sikhs en danger. Nous ne savons pas quel type d'informations est partagé. Nous ne savons pas quel type de surveillance est exercé sur les réseaux sociaux », a dénoncé M. Singh.

Il a ajouté que des rassemblements auraient lieu devant les missions diplomatiques indiennes le 25 septembre.

L'équipe d'enquête sur les homicides de la Colombie-Britannique n'a pas répondu aux demandes pour commenter ce dossier.

Nono Shen, La Presse Canadienne