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La diaspora sud-asiatique du Canada sur les nerfs face à l'escalade des tensions

durée 20h11
7 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

La communauté sud-asiatique du Canada est sur les nerfs, après l'éclatement du conflit entre l'Inde et le Pakistan, marqué par des frappes de missiles qui ont fait 31 morts dans des zones administrées par le Pakistan.

La Fondation hindoue canadienne indique dans un communiqué publié sur son site internet que ses membres «risquent d'être exposés à des risques accrus» compte tenu des tensions sur le sous-continent indien. L'organisme a d'ailleurs publié des directives pour «assurer la sécurité» et «renforcer les liens communautaires».

Ces directives suggèrent notamment aux Canadiens hindous de se familiariser avec les lois sur la «discrimination religieuse et ethnique», ainsi que d'éviter toute «provocation, en particulier de la part de groupes extrémistes».

Par ailleurs, un Canadien d'origine pakistanaise appelle au calme la diaspora sud-asiatique au Canada, qualifiant la situation de «très sombre» et soulignant que de nombreux Canadiens ont de la famille dans la région touchée par le conflit.

Muhammad Kashif Naseer, un habitant de Regina, affirme que la communauté sud-asiatique locale est «très unie», mais craint que les émotions suscitées par le conflit indo-pakistanais ne se propagent aux communautés de la diaspora canadienne.

Le Canada n'avait pas publié de déclaration concernant les tirs de missiles indiens sur le Pakistan plus tôt dans la journée, mais Ottawa a mis à jour son avis aux voyageurs pour la région mercredi, avertissant les Canadiens se trouvant dans la zone touchée d'«être vigilants et prêts à se confiner».

«Les tensions pourraient s'intensifier et la situation pourrait se détériorer rapidement», peut-on lire dans l'avis d'Affaires mondiales Canada.

Les tensions entre l'Inde et le Pakistan se sont intensifiées depuis l'attaque du 22 avril au Cachemire sous administration indienne, où des hommes armés ont tué 26 personnes, pour la plupart des touristes hindous indiens.

Les responsables indiens ont accusé le Pakistan d'avoir soutenu les hommes armés — une accusation démentie par Islamabad — et New Delhi a indiqué que les dernières frappes de missiles étaient des représailles au massacre d'avril.

Le lendemain de l'attentat d'avril, le haut-commissariat du Canada à New Delhi a publié une déclaration qui ne mentionnait pas l'Inde, suscitant les critiques des nationalistes indiens.

«Le Canada présente ses plus sincères condoléances aux victimes des attentats terroristes au Jammu-et-Cachemire, pouvait-on lire dans la déclaration du 23 avril. Nous saluons également les nombreux actes de bravoure qui ont sauvé des vies innocentes. Cet acte insensé et horrible ne saurait être justifié.»

La Fondation hindoue canadienne n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires, mais affirme dans sa déclaration qu'elle s'engage à «favoriser un Canada sûr et inclusif où les Canadiens hindous peuvent s'épanouir sans crainte, tout en promouvant la solidarité avec toutes les communautés pour lutter contre l'extrémisme».

«Les Canadiens hindous font partie intégrante du tissu multiculturel du Canada et y contribuent sur les plans économique, culturel et social, peut-on lire dans la déclaration. En restant unie, informée et proactive, la communauté peut traverser cette période difficile avec force et dignité.»

L'attentat d'avril a eu lieu dans la partie du Cachemire contrôlée par l'Inde, mais revendiquée par le Pakistan.

«Nous sommes tous inquiets, car nos familles, nos communautés et nos proches sont là-bas, explique Naseer. Évidemment, personne ne souhaite que la situation s'aggrave.»

M. Naseer affirme que les dirigeants de la communauté sud-asiatique au Canada devraient collaborer pour éviter que les tensions en Asie ne se manifestent négativement dans la société canadienne.

«Je ne suis pas du genre à laisser cela affecter mes relations avec mes amis indiens, dit-il. Mais je suis sûr qu'il y aura des gens politiquement engagés qui pourraient avoir des opinions différentes des deux côtés. Je m'attends cependant à ce qu'ils fassent preuve d'un peu de retenue canadienne.»

«Je dirai qu'être Canadien et pourquoi nous choisissons de venir au Canada, c'est pour échapper à ce genre de choses (...) je m'attends à ce qu'il n'y ait pas de troubles entre les communautés», a-t-il ajouté.

— Avec des informations de Dylan Robertson à Ottawa et de l'Associated Press

Chuck Chiang, La Presse Canadienne